Québec le samedi – semaine du 17 janvier 2022

La lune de miel entre Bruno Marchand et les citoyens de Québec semble bel et bien terminée, alors que le dossier du nickel continue d’échauffer les esprits au centre-ville. Le maire a aussi eu à essuyer des critiques à propos du déneigement, et une nouvelle bataille judiciaire est lancée à l’agglomération. 

Tout l’automne, Bruno Marchand a répété qu’un « nouveau leadership » pour assurer la « relance post-pandémie » était nécessaire. Quelques mois plus tard, on ne parvient pas même à entrevoir le bout de la pandémie, et plusieurs questionnent ouvertement le leadership du nouveau maire. Moins de cent jours après son élection, M. Marchand en est déjà à essayer d’éteindre, ou du moins de contenir, les petits feux qui fragilisent son administration. 

Nickel

Le principal foyer d’incendie, ces jours-ci, est sans contredit le dossier du nickel. La décision du maire d’organiser un comité plénier pour donner la parole aux experts et aux scientifiques, pour ensuite prendre une décision basée « sur la science et sur les faits », a paru maladroite à plusieurs observateurs, dont Karine Gagnon, Mylène Moisan et David Lemelin

En outre, le chef de l’opposition, Claude Villeneuve, a critiqué sévèrement la voie qu’a décidé de suivre M. Marchand, sous prétexte que la révision de la norme de nickel n’étant pas un projet de la ville, ce ne serait pas à la ville d’organiser des consultations à ce sujet, mais plutôt au gouvernement du Québec. 

Vue aérienne sur le port de Québec
Photo : Philippe Moussette

Mais Bruno Marchand a tenu son bout, allant même jusqu’à accuser ses adversaires d’essayer de se faire du capital politique en exploitant la grogne des citoyens dans ce dossier, ce qui a aussi semblé quelque peu maladroit. 

Si plusieurs voient dans les actions du maire une forme de grenouillage manquant à la fois de grâce et de subtilité, l’accuser de « ménager le gouvernement de la CAQ » semble toutefois encore prématuré. On peut en effet imaginer au moins trois explications possibles de la conduite du maire dans ce dossier.

Par le passé, et son élection en témoigne, Bruno Marchand a démontré une capacité étonnante à écarter ce qui semble à tout le monde le plus urgent pour se concentrer sur les objectifs qu’il cherche à atteindre à plus long terme. Il n’est donc pas impossible que la stratégie du maire de donner la parole aux experts soit en fait une façon de donner du poids à une éventuelle opposition de la ville à la révision de la norme de nickel. 

Si en effet, après avoir entendu tous les « avis éclairés », les élus en viennent à la décision unanime de demander au gouvernement le maintien de la norme actuelle, M. Marchand aura gagné ce qui est peut-être son pari : la recommandation de la Ville pèsera alors plus lourd dans la balance, et la conduite de ses adversaires politiques semblera bel et bien être telle qu’il nous la décrit. 

Un second scénario, moins bienveillant pour le maire celui-là, est semblable au premier dans ses effets. On peut aisément voir comment le fait de se ranger derrière la population après toutes ces consultations serait une façon pour M. Marchand de se justifier devant la CAQ, et de s’opposer au changement de la norme en disant au gouvernement : « désolé, j’ai tout essayé, mais je suis minoritaire. »

En tout cas, il reste difficile de voir comment ces jeux politiques conduisent à des résultats heureux pour le maire. Il faut se rendre à l’évidence, le mal est peut-être déjà fait. 

On peut enfin envisager un troisième scénario, lequel dresse un portrait plus sombre de notre maire. Bruno Marchand pourrait donner son appui à la révision de la norme du nickel, malgré un conseil municipal divisé, – car on voit mal comment le parti de M. Villeneuve pourrait faire un virage à 180 degrés sur la question. Ce faisant, il s’aliènerait certainement une large part des citoyens du centre-ville, et ses promesses d’écouter plus et d’écouter mieux les citoyens se révèleraient alors de bien tristes farces pour s’attirer quelques centaines de votes.

Déneigement

Les critiques du déneigement reviennent au même rythme ou à peu près que les bordées de neige. L’opposition demande que l’administration fasse moins d’expérimentation, et obtienne ainsi « plus de résultats ».

Rue enneigée 3e Avenue Québec
La 3e Avenue enneigée.

Selon Claude Villeneuve, les sorties du maire à propos du déneigement mettent inutilement de la pression sur les employés de la Ville qui en sont responsables. Mais encore faut-il rappeler que les expérimentations du nouveau maire visent à améliorer le service de la ville qui suscite le plus d’insatisfaction.

Bataille judiciaire

Les tribunaux sont encore appelés à trancher au sujet des quote-parts. Les villes défusionnées ont déjà eu gain de cause en ce qui concerne les années passées, car elles avaient été surfacturées depuis 2008 par la Ville de Québec. Maintenant, le litige concerne l’avenir, et les élus de l’Ancienne-Lorette et de Saint-Augustin considèrent que Québec leur en demande trop. L’arrivée de M. Marchand au pouvoir avait suscité de l’enthousiasme chez ses homologues des autres villes. La situation a été de courte durée, puisque quelques semaines plus tard seulement, les maires des villes défusionnées se plaignent que malgré le changement d’administration, c’est du pareil au même. 

Pénurie de main-d’œuvre

À la séance du conseil municipal lundi dernier, les chefs des trois principaux partis municipaux ont échangé à propos de l’un des principaux problèmes que nous auront à affronter au cours des prochaines années, à savoir la pénurie de main-d’œuvre

La situation démographique de la ville de Québec la rend particulièrement vulnérable : le vieillissement de la population fait en sorte qu’il commence à manquer de gens pour travailler, et qu’il y en aura vraisemblablement de moins en moins au cours des prochaines années. 

En campagne électorale, le maire mentionnait qu’une piste de solution à ce problème est le « retour des sages » sur le marché du travail. Il s’agit d’une bonne solution, si l’on est en mesure de la mettre en œuvre, mais qui ne peut être efficace qu’à court terme. 

Dans une intervention au conseil de ville, le chef de l’opposition, Claude Villeneuve, a fait un constat lucide mais difficile : il faut se préparer, et préparer les entrepreneurs, à trouver des façons de maintenir leurs activités, mais avec moins de ressources.  

À surveiller

  • L’état des lieux à propos du projet de tramway se tiendra dans les prochains jours, les 25 et 26 janvier.
  • On attend toujours de connaître les responsabilités qui seront impartis aux différents élus de l’opposition officielle, pour donner la réplique aux membres du comité exécutif. Rappelons aussi que le parti changera de nom sous peu, et qu’il redéfinira ses orientations pour les prochaines années.

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