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Inégalités sociales et leadership inégal

White BirchL'édifice de la White Birch. Photo : Jean Cazes/Monquartier.quebec

La ségrégation spatiale entre la Haute et la Basse-Ville de Québec est bien documentée, tout comme les inégalités qui en découlent.

Par Karim Chahine

Depuis le début du XIXe siècle, il existe des disparités de toutes sortes entre les différents quartiers de la Ville de Québec séparés par le coteau St-Geneviève et le Cap-Diamant. Dans ce cas-ci, les dénominations de Haute et Basse-Ville facilitent la distinction entre les chanceux et ceux qui le sont moins…

Inégaux jusque dans la mort

En 2018, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale publiait un rapport intitulé Les inégalités sociales de santé dans Basse-Ville et Limoilou–Vanier. Regard spécifique sur 18 indicateurs

Le constat des experts de la santé publique est sans appel : la Basse-Ville et Limoilou–Vanier sont perdants sur 15 de ces 18 indicateurs. L’espérance de vie se trouve à être la synthèse et le paroxysme de ces inégalités. Alors que dans la Haute-Ville et dans Sillery l’espérance de vie est respectivement de 84,7 et 84,3 ans, elle est de 79,7 ans dans Limoilou–Vanier et de 76,5 ans dans la Basse-ville. 

Certains diront que c’est parce que dans ces deux quartiers, la proportion de fumeur est plus élevée, mais comment peut-on isoler cette variable alors que, dans le cas de Limoilou­–Vanier, une bonne partie du quartier est bordée de deux liens autoroutiers et qu’à environ un ou deux kilomètres à vol d’oiseau, on retrouve un incinérateur, une zone portuaire et ferroviaire et une usine de pâtes et papiers? 

Le rapport du CIUSSS se conclut par le constat que « bien que (…) des situations de vulnérabilité existent partout (…), l’ampleur des inégalités observées (…) est particulièrement préoccupante ».

Une mauvaise pièce de théâtre

Depuis le début de cette saga, j’ai l’impression d’assister à une bien mauvaise tragédie. Tout commence à la mi-décembre. Le gouvernement du Québec rend alors public le projet de règlement à l’effet d’augmenter les normes de nickel libéré dans l’air. Le tout est rendu public tout juste avant 18h, soit une heure avant la conférence de presse la plus attendue du premier ministre depuis 2 ou 3 mois et portant sur les consignes sanitaires pour le congé des fêtes.

À partir de la publication du projet de règlement, la population a 60 jours pour participer à des consultations sur le sujet. Malgré l’ajout des 15 jours supplémentaires, le choix de la date du dévoilement du projet de règlement n’est pas anodin. Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques repousse le moment où il aura à répondre aux questions des oppositions durant, notamment, la période de questions. De plus, cela ne tient pas compte des restrictions sanitaires qui rendent beaucoup plus difficile la mobilisation. Disons simplement que les citoyens et citoyennes n’ont pas les mêmes moyens que les lobbyistes de la minière Glencore. 

On peut presque imaginer une des fins possibles de cette triste pièce. Le gouvernement, sans doute sans trop de résistance de la part du maire de Québec, va faire atterrir cette modification règlementaire avec « l’aval » de la science. On va s’en tenir à analyser l’augmentation en vase clos. En somme, on peut douter du fait qu’on tiendra compte du contexte environnemental déjà saturé de la Basse-Ville et de Limoilou–Vanier et des inégalités structurelles amplement documentées par rapport aux autres quartiers. On s’en tiendra à conclure que le danger de ces particules dans l’air demeure, en langage technocrate, « acceptable ». Ce sont encore les bénéficiaires du statu quo comme le Port de Québec et les minières qui vont tirer profit de la « complexité » de la science.

Le leadership de la tête d’affiche

En attendant ce fameux comité plénier du 3 février prochain, on doit se contenter d’un maire qui manque cruellement de pugnacité. À la lumière des inégalités existantes, on s’attend à ce que les élus luttent activement et sans ambiguïté contre celles-ci. On s’attend aussi à ce que les décideurs publics soient des vecteurs de changement assumant, de par l’influence qu’ils ont, un certain sens de l’initiative. Certains enjeux l’exigent, car la ligne entre l’atermoiement et la réflexion est parfois mince.

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