Québec le samedi – 29 janvier 2022

Point de presse tramwayMaude Mercier-Larouche et Bruno Marchand. Capture d'écran : Gabriel Côté.

Une éclipse partielle est passée sur le monde municipal cette semaine, l’état des lieux du projet de tramway ayant monopolisé toute l’attention.

C’était un exercice modeste dans ses prétentions, qui ne se voulait qu’une mise à jour de l’état d’avancement du projet. Qualifié de « nouveau départ » par le maire, l’état des lieux a plutôt donné l’impression d’un relais qui s’est finalement passé d’une administration à l’autre, après moult hésitations de notre nouveau porteur de dossier. 

Certains ont noté que la réalité rattrape Bruno Marchand. En prenant connaissance du dossier du tramway, le maire a dû faire une croix sur certains de ses engagements qui avaient le plus frappé l’imaginaire en campagne électorale. La Ville ne parviendra donc pas à sauver de 60 à 70% des arbres le long du tracé du tramway, la plateforme ne sera ni réduite, ni éliminée, et la technologie préconisée pour l’alimentation électrique demeure celles des fils aériens.

Photo : Ville de Québec

Mince consolation pour ceux qui cultivaient de grandes attentes, M. Marchand s’est engagé à replanter 30 000 arbres, et le grand patron du bureau de projet, Daniel Genest, a promis d’aller « à chaque coin de rue » pour répondre aux interrogations des citoyens. 

Le projet étant de moins en moins populaire, le maire de Québec a pris sur lui de « jouer le rôle d’un capitaine rassembleur » et de convaincre les citoyens de la vieille-capitale que le « statu quo n’est pas une option ». Il dit d’ailleurs s’être fixé un « objectif ambitieux », dépassant de loin la barre des 50% d’appuis, mais il refuse de préciser son objectif de peur de devoir continuellement rendre des comptes à ce sujet. 

Quant à l’opposition officielle, elle a passé une belle semaine. Claude Villeneuve était content de pouvoir dire que « de bons choix ont été faits », et il semblait prêt à soutenir le maire sur toute la ligne ou presque dans le tumulte qui l’attend certainement. L’enjeu des redevances, que M. Marchand veut encore instaurer le long du tracé du tramway, sera un point de tension sur la scène municipale dans les prochaines semaines. 

Certains comprennent mal l’entêtement du maire à aller de l’avant avec cette mesure – cela donne un peu l’impression de quelqu’un qui tient mordicus à ses engagements électoraux (alors même qu’il a affirmé le contraire à diverses reprises cette semaine) – qui n’est nullement nécessaire et qui n’emporte pas immédiatement la conviction. 

Si M. Marchand a bien fait valoir, en campagne électorale et depuis, qu’une redevance est selon lui une question de justice, car les propriétaires qui se bâtiront le long du tracé profiteront, à long terme, du passage du tramway devant chez eux et qu’il est en conséquence naturel qu’ils paient leur juste part, le maire n’a jamais répondu à l’objection selon laquelle les promoteurs refileront la facture de la redevance aux locataires, et en conséquence que cette mesure est un frein notamment à la construction de logements sociaux. 

Minoritaire, il apparaît peu probable que la redevance soit adoptée. Il n’en demeure pas moins que cette mesure risque de se trouver au centre du débat à l’Hôtel de Ville, pour quelques temps du moins. 

Nickel

Dans la journée de vendredi, la Ville a annoncé la liste de ceux qui interviendront au comité plénier sur le nickel le 3 février prochain. La liste comprend un sous-ministre au ministère de l’environnement, une professeure de l’Université Laval, la Ville de Québec, le Conseil régional de l’environnement de la région de la Capitale-Nationale, l’Ordre des chimistes du Québec, l’Initiative citoyenne de vigilance du Port, des conseils de quartier et Glencore. 

En point de presse ce même jour, le maire de Québec a dit qu’il ne s’agit pas d’un exercice factice, mais bien de quelque chose en quoi il « croit profondément ». Puis, interrogé à propos du fait que Montréal a le pouvoir de déterminer ses propres normes environnementales, M. Marchand n’a pas exclu de revendiquer ce même pouvoir pour la Ville de Québec.

Jackie Smith
La conseillère municipale du district de Limoilou, Jackie Smith. Photo : Gabriel Côté

Ce n’était toujours pas suffisant aux yeux de la conseillère municipale de Limoilou, Jackie Smith, qui continue de presser le maire de prendre position. « Avec son comité plénier, Bruno Marchand fait perdre du temps aux citoyens et aux citoyennes qui se mobilisent bénévolement contre la hausse de la norme sur le nickel. Ils ont déjà organisé une assemblée et Bruno Marchand va leur faire tout répéter parce que lui et son équipe n’étaient pas présents, c’est une insulte pour les citoyens. Nous devrions déjà toutes et tous être unis contre cette hausse, tout le monde attend après Marchand », a-t-elle déclaré.

Incinérateur

Déjà inquiets en raison des débats brûlants à propos de la norme de nickel, les citoyens de la basse-ville apprenaient jeudi que l’incinérateur émet des substances toxiques dans l’air, des dioxines et furanes, à raison de quatre fois la norme environnementale, en raison d’un problème avec le four 4. 

Incinérateur
L’incinérateur en juillet 2021. Photo : Jean Cazes/Monquartier.quebec

Le même jour, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) affirmait que la Ville de Québec devrait surveiller de plus près les rejets toxiques de l’incinérateur à déchet.

C’était la troisième fois en dix ans qu’une campagne d’échantillonnage révélait des dépassements de la sorte. Rappelons que ces campagnes ont lieu deux fois seulement par année. 

La Ville s’est aussi réjouie que les émissions de monoxyde de carbone par l’incinérateur soient pour la première fois de l’histoire en-deçà des normes environnementales. Si l’on considère cette donnée sous un autre jour, elle peut aussi sembler inquiétante.

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