L’école à la maison

la main de dieuLes acteurs Toni Servillo et Filippo Scotti, dans le film La main de Dieu. Photo : capture d'écran

Jeudi, il doit être environ 18h15. Je ferme la radio et je vais faire couler le bain pour les enfants. « Oui, oui, ça va, je vais mettre des bulles. » 

Ma blonde a le visage tout blême. 

– Ne t’inquiète pas mon amour, on ne fera pas de dégât, je vais juste en mettre un peu moins qu’hier et ça ne va pas déborder, promis.  

– C’est pas ça, c’est ce qu’a dit le premier ministre… 

La COVID, c’est tel que tel, on est habitués, mais elle m’explique que les journées d’école à la maison vont lui pourrir l’existence. Elle s’occupe d’une bibliothèque dans une école secondaire, en tout cas c’est ce qu’elle me dit. « Ma chérie, s’il n’y a pas d’élèves à l’école, il n’y aura pas de livres à prêter. Tu vas être pas mal tranquille, tu peux relaxer. »

– Non, parce que je vais encore passer des jours à gérer des prêts de chromebooks

(Note au lecteur : ma blonde travaille dans une école publique, alors forcément ils n’ont pas de Ipads, ils ont des chromebooks, c’est comme ça.)

– Bah! Dis-toi que sans toi, les étudiants passeraient probablement leurs journées à niaiser devant un écran.  

Elle a souri, mais pas longtemps parce que le bain a un peu débordé.

La main de Dieu – Parlant de niaiser devant un écran, je vous recommande de vous abonner à Netflix, de regarder La main de Dieu, le dernier film de Paolo Sorrentino, de rester abonné quelques jours pour le regarder encore deux ou trois fois de plus, puis de vous désabonner pour toujours et de retourner jouer dehors. 

C’est un film autobiographique, vous diront les critiques de cinéma. Mais c’est surtout un film sur les affaires qu’on voudrait bien laisser aller mais qui nous collent dessus comme la misère sur le pauvre monde. Ça peut être des petites affaires, comme les chats qui viennent chier dans la cour et les maudites déneigeuses qui réveillent les enfants pendant la nuit, ou des trucs plus sérieux, comme la conscience qu’on va mourir et qu’il n’y a rien qu’on peut faire pour l’empêcher.

C’est aussi un film sur les affaires qu’on essaie tant bien que mal de retenir, mais qu’on perd malgré tous nos efforts, comme le souvenir d’un baiser furtif dans l’allée des bonbons de l’Intermarché par un jour de tempête.  

C’est là un thème quelque peu commun. Pourtant, il s’agit bien d’un bon film, peut-être parce qu’on sent que le réalisateur a lui-même vraiment essayé de fuir de différentes manières, qu’il a lui-même tenté d’empêcher l’inévitable perte de ce qui lui était cher. Enfin, c’est qu’on a l’impression qu’il a trouvé, à travers ses essais et ses échecs, le truc pour prendre en charge sa condition.

Aussi, il y a parmi les personnages un banquier communiste, une baronne veuve d’un célèbre gynécologue et un « petit moine ». Ça vaut le détour.  

À la librairie – Un peu plus tôt cette semaine, ma blonde m’a demandé d’aller chercher une commande à la librairie, je ne vous dirai pas laquelle. À la caisse, j’ai simplement déclaré que je venais chercher un livre pour ma conjointe, puis j’ai dit son nom et son numéro de téléphone.

Alors que j’agitais ma carte devant la petite machine en attendant anxieusement la sonnerie annonçant une transaction réussie, la caissière m’a invité à me promener dans les rayons, parce que la lecture, « ce n’est pas juste pour Madame, c’est pour Monsieur aussi, vous pourriez trouver quelque chose qui vous intéresse ».

Mais de quoi je me mêle ?  

G.C.

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