Noël à Québec : les commerçants du Grand Marché sont optimistes

Kiosque de l'illustrateur Félix Girard au Grand Marché de Québec. Crédit photo : Sophie Williamson.

Vendredi dernier, avec l’annonce du resserrement des mesures sanitaires, nous avons demandé aux commerçants du Grand Marché de Québec de commenter la saison des fêtes qui se déroulent une fois de plus sous le signe de la Covid-19.

Ils se disent contents de la popularité du Grand Marché et remarquent un intérêt grandissant pour l’achat local, bien qu’ils notent aussi un découragement chez la clientèle.

Engouement pour les produits locaux

Les commerçants remarquent à l’unanimité que l’achalandage est de plus en plus important à l’approche de Noël. Bien entendu, il y a aussi davantage de kiosques et d’artisans, ce qui contribue à la popularité du Grand Marché.

La plupart des commerçants ne croient pas que le resserrement des mesures sanitaires nuira grandement aux ventes. L’établissement étant très grand et étant aussi considéré comme une épicerie, les mesures n’affecteront vraisemblablement pas non plus l’achalandage.

« J’ai beaucoup de clients qui me disent qu’ils viennent juste au Grand Marché pour leurs cadeaux de Noël, note Émilie du Verger l’Argousière. Les clients se disent qu’ils veulent faire découvrir des produits locaux, ils achètent beaucoup plus québécois qu’avant. » 

Rosalie travaille pour Chickumi, entreprise créée par les propriétaires de La Mangue Verte situé temporairement au Grand Marché. Chickumi se spécialise dans la transformation de la protéine végétale, dont le pois chiche.

Elle note que le volume de vente est très bon, surtout durant les fins de semaine, auprès d’une clientèle majoritairement « épicurienne » qui fréquente le Grand Marché. « De plus en plus, il y a de l’intérêt pour les produits vegan et locaux, affirme Rosalie. Les gens recherchent des produits du Québec et aussi de l’originalité. » 

Claude, le propriétaire de la Cidrerie Verger Bilodeau, est situé au Marché depuis 30 ans de manière permanente. « Les gens sont au rendez-vous et on est très content de ça », explique-t-il.

Il a aussi noté que les clients étaient heureux de pouvoir se voir cette année pour le temps des fêtes. Les nouvelles annonces sont donc à cet égard « décevantes ». « Dans un sens, les mesures sanitaires, c’est notre santé d’abord, affirme Claude. Je pense qu’on va s’adapter à tout ça. » Malgré cette adaptation, l’achat local suscite selon lui un engouement qui ne s’essoufflera pas.

Le commis du Pied Bleu explique quant à lui qu’au début décembre, le Grand Marché était désert. « C’est maintenant que les gens commencent à acheter, poursuit-il. La première semaine, c’était juste des gens qui se promenaient. » 

L’illustrateur entre autre pour les bières de la microbrasserie La Souche, Félix Girard, exerce son métier à temps plein depuis maintenant 10 ans. Il explique que l’achalandage est environ le même que l’année dernière où il tenait aussi une boutique éphémère.

Les sablés de l’Osti d’Français est une entreprise lancée par Sébastien qui vient de Biarritz il y a plus de deux ans. Luc, qui le représente au kiosque, explique qu’ils ont maintenant plus de 120 points de vente au Québec. Tous leurs ingrédients sont locaux, sauf la poudre de cacao qui est transformé à Carleton-sur-mer en Gaspésie. « On est dans les grosses négociations pour ouvrir prochainement un commerce dans Limoilou », nous explique Luc en primeur.

Il se dit très satisfait des ventes et de l’intérêt des clients pour leur produits. « On est en train de conquérir le Québec avec nos sablés », lance-t-il.

Le kiosque des Sablés de l’Osti d’Français. Crédit photo : Sophie Williamson.

Le malheur des restaurants fait le bonheur des marchands

Avec les nouvelles mesures, les commerçants expliquent que les clients vont surtout acheter du prêt-à-manger, des bouchées ou des produits à déguster à la maison, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les ventes.

« Ça va être moins des restaurants, moins des buffets, affirme Rosalie. C’est sûr que ça va avoir un impact négatif pour ces commerces-là, mais on pense qu’en tant que marchand ça pourrait bien se passer. »

Pour le restaurant au Pied Bleu, le commis au comptoir explique que toutes les réservations ont été annulées. « Ici, ça augmente la production, parce qu’on fait des menus take out qu’on produit pour le restaurant », affirme-t-il.

Selon Luc des Sablés de l’Osti d’Français, ils devront produire davantage de sablés. « C’est une plus grosse abondance qui va s’en venir, parce que moins de restaurants, donc les gens vont faire plus souvent l’épicerie, affirme-t-il. Notre chiffre d’affaire va monter en flèche cette année. » 

Pour le commerce Desserts Restos Québec qui vend surtout des friandises et des paniers de Noël, ce n’est pas certain que les ventes resteront bonnes, selon la commis. « Les gens vont moins acheter s’ils voient moins de monde », lance-t-elle.

Elle explique que les responsables avaient prévu beaucoup de clients et avaient préparé des pots à tartiner et des confiseries en conséquence. Elle croit toutefois que les produits ne seront pas tous vendus et qu’ils devront décider de ce qu’ils feront avec le surplus, mentionnant comme hypothèse une vente au rabais.

Une déception somme toute résignée

Selon Émilie, il est clair que les citoyens sont découragés des mesures. « On est tous tannés et je trouve que c’est ridicule de faire des règlements au compte-goutte comme ça, soutient-elle. À la dernière minute comme ça, les gens ont fait leur organisation de party et ils ont hâte de recommencer à vivre. J’ai déjà commencé à sentir l‘écoeurantite aiguë des gens hier soir quand ils ont écoutés les nouvelles. Des soupirs, des yeux dans les airs : les gens n’en peuvent plus. » 

Rosalie est du même avis. Elle soutient que les citoyens sont déçus « qu’encore une fois, Noël sera plus petit cette année ». « On comprend, mais on trouve ça plate, lâche-t-elle. On s’attendait à avoir un vrai Noël. C’est vrai que les gens sont vraiment tannés. »

Le commis du Pied Bleu est sans équivoque quant au découragement des citoyens. « À chaque fois que je croise quelqu’un à l’intérieur qui ne porte pas son masque, je luis dis et je me fais envoyer promener solide, lance-t-il. Les gens peuvent même devenir agressifs. » 

« On sent que les gens ont une petite morosité et un peu de défaitisme », affirme plus modérément Félix. Selon lui, les gens s’attendaient déjà à ce resserrement des mesures et avaient déjà prévu le coup. « On est comme habitués, laisse-t-il tomber. On ne veut pas que ce soit la catastrophe dans les hôpitaux. C’est pour ça qu’ils font ça. » 

Malgré tout, c’est une ambiance positive qui règne chez les commerçants et les clients. Derrière tous ces masques et au-delà de la lassitude, les coeurs semblent à la fête. Comme l’a bien dit Émilie, « il faut aller chercher un petit peu de bonheur quelque part » et les citoyens semblent en trouver au Grand Marché de Québec.

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