Sérieusement…

David Lemelin présente sa chronique Droit de citéDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Il n’y a que deux candidats qui ne se prononcent pas sur le troisième lien : Marie-Josée Savard et Bruno Marchand. De son côté, Jean-François Gosselin est en faveur (même pour DEUX liens… jusqu’à ce qu’il recule, finalement), alors que Jean Rousseau s’oppose à un lien autoroutier. Jackie Smith fait campagne contre le troisième lien.

C’est d’ailleurs une nouvelle qui a fait sourire (ou rire) cette idée d’un quatrième lien, au point où le chef de Québec 21 n’a eu d’autre choix que de corriger le tir en sortant la fameuse et peu convaincante phrase « je me suis mal exprimé… ». Ouais. Gosselin a eu la mauvaise idée d’improviser à micro ouvert, ce qui laisse entendre qu’il réfléchit en pleine campagne et pas avant. Or, en principe, on se présente avec des projets, des idées et une vision qui ont été réfléchis AVANT et structurés de manière à offrir aux électeurs un choix cohérent. Les gens s’attendent à ce que les candidats arrivent prêts, avec des solutions, pas des improvisations.

On n’est pas là du tout. 

Le troisième lien autoroutier qu’il défendait jusqu’ici… n’est peut-être pas l’idéal, a-t-il réalisé. C’est exactement ce qu’on lui dit depuis des mois. Alors, on pourrait se contenter d’un tunnel de transport collectif et en ajouter UN AUTRE plus à l’est, pour desservir la faible proportion d’automobilistes qui aimeraient sauver du temps?

L’ennui, c’est qu’on ne lance pas un projet de plusieurs centaines de millions (ou de quelques milliards, selon la solution retenue) comme ça, sans avoir une idée du comment et du pourquoi. Il se dit sensible à ce qu’on lui raconte, sur le terrain. Mais, que faisait-il alors avant la campagne sur le terrain? L’inconfort qui découle de tout ça explique le recul de Gosselin.

De fait, l’idée d’un lien plus à l’est a été rejetée et c’est pourquoi on s’est rabattu sur le centre-ville. Tout ça rime à la même chose : on essaie de trouver une recette pour quelque chose qui n’est pas approprié, pour réaliser une vision qui date du siècle précédent. 

La présente élection est une belle occasion de réaliser ce que c’est l’aménagement du territoire. C’est un art, une science, une pratique qui exige que la main droite sache ce que fait la main gauche. Tout est lié, tout doit être conséquemment cohérent. Il faut donc se saisir des connaissances les plus à jour et avoir le courage, oui le couragede dire aux gens ce qu’il en est vraiment et leur proposer ce qu’il y a de mieux, pour nous tous. Ça, c’est être un gestionnaire sérieux, rigoureux et responsable.

De dire que ceux qui prennent position dès maintenant « manquent de sérieux » comme l’a fait Bruno Marchand, par exemple, pour donner l’impression de rigueur (c’est le but de la ligne de com) est à la fois grotesque et parlant. 

Ne pas prendre position, c’est soit un pur calcul politique (ce qu’on peut soupçonner pour Savard), soit un manque de connaissance (ce qu’on peut soupçonner pour Marchand). Ça peut être les deux, mais puisque Savard gère l’aménagement du territoire depuis quelques années, on peut imaginer qu’elle se contente d’un choix stratégique.

Mais, sérieusement…

Si vous ne savez pas déjà qu’un tunnel autoroutier est un type d’infrastructure hyper documenté et connu dans la recherche, dont les impacts sont prévisibles (hausse de la congestion, de la pollution, des GES, étalement urbain, etc.), vous n’avez pas fait convenablement vos devoirs avant de vous lancer pour diriger une ville aussi importante que Québec, avec des défis d’aménagement et climatiques aussi colossaux.

Amusez-vous, simplement, à consulter quelques livres, revues spécialisées ou des experts : vous serez étonnés.

D’ailleurs, le récent débat des candidats dans St-Roch— St-Sauveur a été l’occasion de mettre en lumière de façon spectaculaire l’incohérence du discours de certains. Le candidat Pierre-Luc Lachance (QFF) est allé dire, sans rire, que « nous sommes contre l’étalement ». 

Alors, opposez-vous au troisième lien autoroutier! Car, c’est précisément l’effet connu qu’il y aura : de l’étalement urbain. C’est su, prouvé, documenté. 

Si, en dépit du bon sens, sachant que c’est mauvais pour Québec, vous persistez à vous mettre à l’abri du jugement électoral, c’est donc que le pouvoir est plus important que notre avenir collectif. Cela me semble à la fois irresponsable et faire preuve d’un manque de courage, celui qui, en principe, inspire et guide dans la bonne direction.

Un leader montre la voie. Il ne met pas son doigt en l’air pour savoir où souffle le vent. C’est pas un leader, ça. C’est un sondeur.

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