Débat : un quiz, des jeux et des ballounes

Pour quelqu’un comme moi qui disait ne pas apprécier particulièrement les débats parce qu’ils sont surtout des exercices de communication et non pas une occasion d’aller au fond des choses en argumentant afin de convaincre… me voilà à commenter un autre débat. Il le faut bien : ils en font un tous les trois jours…

La bonne nouvelle : la forme plus classique a permis de mieux mettre en valeur les candidats. On les voit, on les entend, tout le monde est exposé de la même manière… ça fait du bien!

La mauvaise? L’approche a partiellement détruit ce que la forme avait donné. Un quiz? Des mises en situation? Une entrevue d’embauche? Et puis quoi? Prochaine étape, on leur demande de sculpter des caniches en balloune?

Ici, c’est donc le télédiffuseur qui avait envie de participer au débat. Il avait envie de nous amuser au lieu de nourrir notre réflexion. L’animateur Bruno Savard avait envie qu’on le voie. On l’a vu. Beaucoup.

Les candidats ont bien fait, dans le contexte. Ils ont fait face à la musique (y compris dans leurs oreilles) et tenté de se démarquer, notamment dans les prises de bec qui ont été parfois amusantes, parfois déconcertantes. Sans surprise, le moment le plus intense de la soirée a porté sur le tramway.

Quelques commentaires sur chacun, rapidement :

Jackie Smith (TQ) est souvent restée à l’écart. On dira que c’est à cause de la langue, mais ça lui a donné une position avantageuse, un peu au-dessus de la mêlée. Elle s’est permise, à l’occasion, d’appuyer son adversaire lorsqu’ils étaient sur la même longueur d’ondes. C’est un bel esprit sportif, dans le contexte. Elle a montré de la compassion (lorsqu’il était question d’itinérance), ce qui est plutôt rare en politique. En tout cas, de la compassion authentique, j’entends.

Il est difficile de savoir comment qualifier le style de Jean-François Gosselin (Qc21). Pourquoi ai-je l’impression d’écouter un vendeur des années 80? Des clichés et des classiques chez les conservateurs ou la CAQ (centralisation, taxes, déneigement, être sur le terrain…) qui mettent en même temps en évidence que ce style est justement dépassé. Il a profité d’un moment où c’était son projet de métro léger qui était en vedette. Pas certain qu’il a réussi sa vente. Mais il est toujours aussi rigolo.

Jean Rousseau (DQ) a essayé de stimuler le débat, à l’occasion. Il s’est particulièrement animé lors des questions portant sur le transport et le patrimoine. Surtout, il a pu, comme ses collègues, attaquer régulièrement Marie-Josée Savard pour lui faire porter le poids des années Labeaume. C’était, pour une fois, presque réussi. Rousseau n’a pas su bien défendre la nécessité de développer le transport avec la Rive-Sud. C’est dommage.

En revanche, il a raison : on peut sauver les arbres dans le projet de tramway. Il faut accepter de jouer sur l’espace sacrée de la voiture! Enfin, il manie l’humour avec un talent bien relatif. C’est pas facile d’improviser…

Bruno Marchand (QFF), de sa voix particulière, veut insuffler l’esprit du management qu’on lui souffle à l’oreille comme étant la tendance. Donc, il veut de la valeur ajoutée, être audacieux. C’est cute, mais toujours, ça sent le slogan à plein nez. Je ne sais pas ce qu’il pense de la ville, mais je sais ce que son équipe de com en pense, ça c’est certain. Lorsqu’il parle des transports, c’est là que tout s’écroule : pour lui, la ville ne doit pas régler les problèmes. Il faut laisser le choix aux gens. Bin, les gens ont décidé… et on a des bouchons de circulation.

Marie-Josée Savard (ÉMJS) a sans doute trouvé la soirée très longue. Souvent sur la défensive, à raison, puisqu’elle est la seule à avoir un bilan comme tel à défendre. Elle a tenté de se montrer calme, même souriante, mais le malaise était palpable. Labeaume aurait mordu, elle a plutôt été ébranlée. En bonne élève, elle lisait ses notes pour présenter clairement ses idées, en tablant sur l’envie des gens de prolonger les succès de la Ville. C’est un gros pari.

Bilan de tout ça? Évidemment, après l’ère Labeaume, tout ce beau monde a l’air bien beige. Ça manque de panache et de couleurs. Pour ma part, je m’étonne qu’un autre débat écarte encore des thèmes du type « Québec comme capitale, comme ville internationale et phare de la francophonie ». Rien, encore. Comme si c’était la campagne électorale de Rivière-du-Loup.

Alors, terminons par un jeu questionnaire, comme à la télé, un quiz qui s’intitule : pour qui vas-tu voter?

1 commentaire sur "Débat : un quiz, des jeux et des ballounes"

  1. Jean Rousseau je crois. Disons qu’il n’est pas éminemment charismatique mais c’est clair qu’il a de très bonnes idées: 3e lien métro (fin de l’étalement urbain, éviter de déverser des tonnes de chars dans le centre-ville de Québec, etc.) J’aimerais bien voir des députés provinciaux reprendre cette idée. Moi aussi je trouve dommage qu’il n’ait pas su répondre à la critique absolument ridicule de Jean-François Gosselin qui lui lançait plutôt de se présenter à la mairie de Lévis. Comme si les intérêts des deux villes devaient toujours être en opposition!!

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