Les élections fédérales au Cégep Limoilou : « un enjeu criant »

Les candidats de Beauport-LimoilouDe gauche à droite : le candidat conservateur Alupa Clarke, la candidate néo-démocrate Camille Esther Garon, la député bloquiste Julie Vignola, la candidate verte Dalila Elhak et la candidate libérale Ann Gingras. Crédit photo : Sophie Williamson.

Dans le cadre des élections fédérales, l’Association générale des étudiantes et étudiants du cégep Limoilou (AGEECL) a organisé ce mercredi midi un débat opposant quatre candidats fédéraux de la circonscription de Beauport-Limoilou, Alupa Clarke, Ann Gingras, Camille Esther Garon, Dalila Elhak et la député Julie Vignola.

Nous vous proposons un compte-rendu de la raison d’être de l’évènement et des propositions mises de l’avant par les candidats durant le débat.

Le désintérêt politique des jeunes et la crise climatique

Le débat visait comme l’explique Manue Moffet, coordonnatrice du comité exécutif de l’AGEECL, a « initier la curiosité et à amener un engouement pour la politique ». Le but est de s’attaquer au problème du désintérêt et du désengagement politique des jeunes de 18 à 24 ans.

« C’est un enjeu criant car les jeunes ne vont pas voter », affirme Manue Moffet. Aux élections de 2019, ils ont effectivement obtenus le plus faible taux de participation parmi toutes les tranches d’âge avec seulement 53,9%.

Les étudiants sont par ailleurs surtout interpellé par les actions environnementales concrètes que proposent les différents partis. L’enjeu de la crise environnementale jette une ombre sur leur avenir et les inquiètent. Il n’y a selon eux « plus de temps à perdre ».

« On fait des belles promesses, on parle de transfert de fonds, mais concrètement il y a des choses à faire pour qu’on ne meure pas d’ici 30 ans », ajoute Manue Moffet à demi-rieuse, demi-préoccupée.

C’est d’ailleurs ce sentiment d’urgence qui l’a poussé lors du débat à l’interrompre pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’adresser des attaques personnelles, car on s’éloigne de la réponse et on perd du temps. Manue Moffet s’avoue d’ailleurs « tannée du bla bla politique ».

« Je vous rappelle qu’on est là pour informer les jeunes », a-t-elle lancé aux candidats, démontrant à ce moment une sagesse et une maturité politique inspirante.

Crise du logement

À la question de savoir comment les candidats s’attaquerait à la crise du logement, le candidat conservateur Alupa Clarke répond que cela dépend d’une bonne relance économique. Il affirme que c’est une diminution de l’inflation qui fera diminuer le prix des logements, d’où le besoin selon lui d’avoir un plan concret pour « remettre les gens au travail ».

Julie Vignola du Bloc québécois demande de son côté au gouvernement fédéral de ne pas mettre de conditions dans les transferts aux provinces. Elle défend qu’il y a 12 ans de retard au niveau du financement et exige que « ça cesse ».

La candidate néo-démocrate Camille Esther Garon affirme que la solution est d’abord d’augmenter le salaire minimum à 15$. Elle affirme aussi que son parti promet la création de 500 000 logements sociaux et taxera davantage les ultrariches.

Par ailleurs, Ann Gingras du Parti libéral rappelle les annonces qui ont été faites par son parti quant aux rénovictions et aux logements de type coopératifs. Elle soutient qu’il est nécessaire de faire en sorte que Limoilou demeure un quartier accessible.

Dalila Elhak, la candidate du Parti vert, évoque la stratégie nationale de son parti qui permettra selon elle d’augmenter les transferts aux provinces pour s’attaquer au problème.

Pénurie de main-d’oeuvre et immigration

Julie Vignola en appelle aux étudiants comme faisant partie de la solution au problème de la pénurie de main-d’oeuvre. Elle affirme aussi que le 6 milliards de dollars pour les garderies doit être maintenu pour permettre aux femmes de travailler.

Quant à l’enjeu de l’immigration, la candidate bloquiste soutient que toute la compétence quant au processus devrait être transféré au gouvernement du Québec, ce qui « diminuerait la paperasse » et accélèrerait le processus.

La candidate néo-démocrate Camille Esther Garon soutient que la solution principale est l’immigration, plus précisément la reconnaissance des compétences et des diplômes. Elle ajoute qu’il faut aussi assurer aux immigrants une meilleure francisation pour lever les barrières culturelles.

Alupa Clarke dénonce la pénurie de main-d’oeuvre comme une « anomalie », le taux de chômage étant selon lui élevé au Canada. Le candidat conservateur propose de s’attaquer à la corruption, de favoriser l’économie locale et d’équilibrer le budget d’ici 10 ans.

Quant à la question de l’immigration, il affirme qu’il faut améliorer l’accessibilité à l’emploi. Par rapport au transfert du pouvoir en immigration au Québec, il assure que « le Bloc ne peut rien faire, les libéraux ne veulent pas le faire, mais nous on va le faire ».

Ann Gingras est en accord avec la candidate néo-démocrate. Il s’agit aussi selon elle de miser sur de bons services de garde. Par rapport à l’immigration, il ne s’agit pas seulement selon la candidate libérale de transférer toute la responsabilité aux provinces, mais de travailler avec le gouvernement du Québec.

Dalila Elhak dénonce les endettements qui seront le fardeau de la génération future. Il faut selon la candidate verte s’attaquer aux paradis fiscaux et donner plus d’autonomie aux provinces. Elle souhaite aussi que les étudiants étrangers qui attendent que leur dossier soit traité puissent rester au Canada pour travailler.

Communautés autochtones et autodétermination

Camille Esther Garon déplore que depuis la naissance de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, presque rien a été fait. Elle affirme que le NPD a un plan d’action qui permettra aux autochtones de s’autodéterminer.

Dalila Elhak affirme d’emblée qu’il ne doit plus y avoir de promesses, mais des actions concrètes envers les peuples autochtones pour leur redonner leur part.

Ann Gingras quant à elle admet que le problème de la discrimination est une priorité pour les libéraux et « qu’il faut aller plus loin ». Elle affirme que son parti travaille sur un abandon définitif de la loi sur les indiens.

La député Julie Vignola juge « inconcevable qu’en 2021, on ne dise pas aux premières nations qu’ils sont compétents pour décider eux-mêmes ». Elle affirme qu’il devrait déjà avoir un traducteur au parlement pour cesser l’exclusion des peuples autochtones des discussions et des décisions politiques.

Alupa Clarke affirme que tous les candidats sont d’accord sur la question des droits autochtones. Il défend que les torts posés à travers l’histoire sont graves et reconnait aussi la complexité de l’enjeu.

Droit des femmes : l’avortement

La question à propos de l’avortement était sans trop de subtilité dirigé vers le candidat conservateur, visant les membres du parti d’Erin O’Toole qui ne seraient pas pro-choix. Tous s’entendent pour dire que c’est un droit qu’ils ne remettent pas en question.

En effet, Camille Esther Garon juge incompréhensible que ce soit un enjeu en 2021. Elle propose donc une close pour qu’une personne contre l’avortement n’ait aucun recours judiciaire. Dalila Elhak affirme aussi qu’il ne faut pas ouvrir le débat.

Ann Gingras affirme que les libéraux sont pro-choix et que « ce n’est pas discutable ». Elle lance toutefois qu’il est « inacceptable que la moitié des candidats d’Erin O’Toole aient déjà voté contre le droit des femmes ». Julie Vingola a dans le même esprit, avec un regard de côté au candidat conservateur, lancé que « les projets de lois pour limiter l’avortement, c’est non ».

Quant à cette question épineuse qui lui était surtout dirigée, Alupa Clarke affirme que l’avortement est reconnu comme un droit fondamental depuis 1988 et que son parti ne reviendra jamais sur cette question. Il assure que son chef Erin O’Toole est pro-choix et pro-LGBT+. Il ne s’agira ainsi jamais pour un gouvernement conservateur de remettre en question le droit des femmes à l’avortement.

Il rappelle toutefois que le droit de discuter et la liberté d’expression sont aussi des droits fondamentaux, ; rappel ici essentiel.

Environnement : les subventions aux énergies fossiles

Dalila Elhak lance d’entrée de jeu qu’il faut cesser toute aide aux énergies fossiles. Son parti propose donc une diminution des GES de 60% et le transport en commun gratuit. Selon la candidate verte, tout le monde est prêt, mais le problème est que « la volonté n’est pas là ».

Alupa Clarke affirme de son côté que l’enjeu environnemental demande du sérieux et du pragmatisme. Il promet de s’occuper du Port de Québec, notamment en éliminant toutes les émanations. Son parti suggère aussi de mettre un prix sur le carbone et d’électrifier 30% des transports d’ici 2030.

Julie Vignola soutient que le Québec est un leader en compétence environnementale et peut donner l’exemple pour le Canada. Elle affirme qu’il faut réorienter les travailleurs des secteurs polluants dans des énergies vertes comme le solaire et le éolien.

Camille Esther Garon présente la Banque du climat du NPD comme la solution pour financer des projets verts et éco-responsables. L’objectif de son parti est de diminuer les GES de 50% d’ici 2030.

Ann Gingras insiste sur le concept de « transition » verte. Elle rappelle que plusieurs familles dépendent du pétrole pour vivre et qu’il faut les accompagner pour qu’ils se tournent vers des emplois plus écologiques.

Le troisième lien

Alupa Clarke débute en affirmant que seul son parti est clair sur la question du financement d’un troisième lien. Il défend le projet comme important pour le trafic, pour l’économie ainsi que pour la sécurité. C’est selon le candidat conservateur « une bonne nouvelle » puisqu’il permettra à l’autoroute laurentienne de se transformer en boulevard urbain.

La député Julie Vignola rappelle que le projet relève des compétences du gouvernement québécois. Elle ajoute que le tunnelier nécessaire à la construction du tunnel n’existe même pas, mais qu’en somme, ce n’est pas à Ottawa de décider.

Camille Esther Garon en appelle au « bon sens ». Le projet du troisième lien « signifie plus d’autoroutes, donc plus de GES ». Elle affirme donc que le NPD veut agir en tant que leader en ne promettant aucun financement. Il s’agit selon la candidate néo-démocrate d’avoir le « courage politique » de dire non à financer davantage d’autoroutes.

Dalila Elhak est d’accord : le projet n’est selon elle pas viable et nuisible pour Limoilou. Il faudrait plutôt selon la candidate verte investir dans les infrastructures déjà existantes.

Ann Gingras explique qu’il ne s’agit pas seulement pour les provinces de faire des retraits auprès du fédéral comme auprès d’une banque, jetant un coup d’oeil à la candidate bloquiste. Elle affirme que quant au projet du 3e lien, il est primordial de regarder l’acceptabilité sociale.

Citations « bonbons »

« C’est pas à papa Ottawa de décider. » Julie Vignola

« L’environnement, it’s my jam. » Camille Esther Garon.

« Le gouvernement fédéral n’est pas un guichet automatique. » Ann Gingras.

« Voter pour le Bloc, c’est un vote pour Justin Trudeau », Alupa Clarke.

« Vous avez une planète qui est foutue. », Dalila Elhak.

Commentez sur "Les élections fédérales au Cégep Limoilou : « un enjeu criant »"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.