L’avenir au passé

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

C’est difficile de s’enthousiasmer en tournant le regard du côté de Québec 21. Moi qui habite Québec depuis toujours, j’ai l’impression d’y voir un vieux parti avec de vieilles idées, comme on le faisait alors que c’était « neuf », en 1985.

C’est pénible, quand on affectionne l’aménagement du territoire et qu’on se préoccupe de notre avenir social et environnemental, d’avoir à supporter une vision qui ne convient pas aux défis qui sont les nôtres. Oui, il y a des préoccupations légitimes, comme la transparence, mais elles sont davantage, à mon sens, utilisées pour faire de la com, pour trouver un moyen d’égratigner un pouvoir en place insensible à la voix de l’opposition.

Bien sûr, le chef manque de panache. Il est hésitant, son regard est incertain, ses phrases sont une enfilade de lieux communs masquant malhabilement une absence de maîtrise des concepts et des idées. Mais, il véhicule un discours qui rejoint une partie non négligeable des électeurs. Alors, il faut tenir compte de ce qu’il dit.

S’attaquer au tramway et promouvoir le troisième lien revient à ce que j’écrivais il y a peu. C’est faire fi des meilleures pratiques et de la science en adoptant un discours qui joue avec les émotions des gens. C’est plus facile de vendre le prolongement tranquille de nos habitudes que de faire face à la réalité qui nous pousse vers l’inévitable changement. Le conservatisme, comme idéologie politique, a toujours été cela : de l’immobilisme engourdi par un passé qui ne convient plus, nourri d’une nostalgie réconfortante. Cette idéologie est capable de proposer la même recette pour les mêmes maux en pensant, à tort comme le prouve la science, que ça donnera de meilleurs résultats que la fois précédente. C’est, en somme, conjuguer l’avenir au passé.

Bien sûr, ceux qui apprécient l’état des choses ne veulent pas que ça change et trouvent, depuis toujours, des mules pour porter leurs intérêts jusque dans les lieux de pouvoir. Dans le cas de Jean-François Gosselin, je ne pense pas que ce soit fait consciemment ni pour mal faire. Il dit les choses qu’on lui dit de dire et il essaie d’avoir l’air convaincant. Et puis, ce n’est pas le premier politicien à jouer dans cette pièce…

Néanmoins, les enjeux sont sérieux et appellent des solutions courageuses qui sont cohérentes, portées par des dirigeant(e)s lucides qui regardent les choses en face. La science dit qu’ajouter un tunnel et des voies vont empirer les choses? On ne le fait pas. La planète se réchauffe? On ne fait pas exprès de proposer du pétrole et du béton. La qualité de vie de plusieurs quartiers est en jeu? On veille à défendre l’intérêt des citoyens, pas des puissants.

Je ne vois pas tout cela chez Gosselin et son parti. Je perçois le décalage étourdissant entre leurs idées et nos défis. Néanmoins, à la faveur d’une division du vote créée par le tramway, il pourrait fort bien devenir maire de Québec.

Y’a rien de parfait en ce bas monde…

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