Maria Goretti, vous connaissez?

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

C’est une Italienne née à Corinaldo en 1890 et morte toute jeune, en 1902, assassinée par un voisin qui voulait abuser d’elle. Son martyre reconnu, elle est vénérée comme sainte depuis 1950.

C’est aussi le nom d’un quartier de Charlesbourg, qu’on trouve juste au sud du Trait-Carré. C’est aussi vénéré par ses résidents qui apprécient son côté paisible, familial et typique de la banlieue.

J’en parle parce qu’il s’agit d’un bel exemple (mauvais) de densification qui cherche à répondre à des ambitions immobilières au lieu de celle qui souhaite développer dans l’harmonie, en respect des gens et du cadre bâti existant.

Depuis plus de 10 ans (car oui, l’histoire remonte au printemps 2011 apr. J.-C.), la Ville met du beurre autour du projet afin qu’il puisse, un jour, glisser au fond de la gorge des résidents. Oh, on ne veut rien imposer, non… même si les gens du quartier ont dit et répété qu’un projet de 158 unités dans un secteur essentiellement composé de maisons unifamiliales était pour le moins disproportionné, le seul effet concret est, pour l’instant, d’en retarder l’avènement. 

De fait, les résidents du quartier ne s’opposent pas à la densification. Ils s’opposent au gigantisme de la vision du promoteur, soutenu par la Ville. C’était d’abord 15 maisons de ville et 80 appartements qu’on projetait pour l’avenue Trudelle (automne 2020), puis 24 maisons de ville (surdimensionnées au goût des résidents) et une cinquantaine de logements (juin 2021).  Tout cela, on l’ajoutait à la phase déjà existante de 63 condominiums Le Maria Goretti, difficile à manquer quand vous passez dans le coin. 

On imagine l’impact sur la dynamique locale, sur la circulation, pour l’école locale, etc. Malgré ces inconvénients, rappelons-le : ce n’est pas un « pas dans ma cour » pour les résidents, mais un « est-ce que ça peut être plus raisonnable? »

Afin d’obtenir la bénédiction locale, le projet devait intégrer la façade de l’église Maria-Goretti dans un concept comprenant un volet communautaire. Le bonbon ne figure même plus dans les plans, la Ville a imposé le changement de zonage en se servant de l’article 74.4 de sa Charte, afin d’éviter une défaite référendaire.

Dans le quartier, on est donc pour le moins amer. Ceci explique la réception glaciale du nouveau vieux même projet à peine modifié re-représenté aux citoyens du quartier en juin dernier.

Évidemment, des condos, des maisons de plus, ce n’est pas l’Enfer sur Terre. Nul ne peut vraiment souhaiter ne voir jamais aucun développement d’aucune sorte. Une Ville, ça grandit, ça évolue, ça se densifie.

Mais, on devrait se servir de ce mauvais exemple pour changer cette culture qui donne l’impression aux résidents qu’on essaie de les contourner en y mettant beaucoup d’efforts. La densification n’est pas que l’affaire des élus et des promoteurs, mais surtout une démarche d’évolution commune.

Bien entendu, le projet sur la table n’est en rien comparable au sort de sainte Maria Goretti, mais les résidents ont néanmoins l’impression qu’on abuse d’eux. 

Et vous pouvez parier qu’ils n’ont pas envie de devenir des martyrs.

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