Je m’en fous, je porte mon masque dehors quand même

Du sable et des pierres s'accumulent dans la rue chaque printemps.Comme chaque année au printemps, du sable et des pierres s'accumulent dans les rues.

En me croisant dans la rue, vous me prendrez peut-être pour un hypocondriaque ou pour un champion des mesures sanitaires. Depuis quelques jours en effet, je porte un masque, une visière et des lunettes protectrices en tout temps dès que par malheur je mets les pieds dehors. 

Mais vous vous tromperez sur mon compte. C’est vrai, le rhume m’embête terriblement, je n’aime pas trop la gastro, et la perspective d’attraper le coronavirus ne me réjouit pas outre-mesure. 

Pourtant, c’est pour une autre raison que je porte tout cet équipement de protection, et que je vous encourage avec un zèle évangélique à faire de même.

C’est que je vis à Limoilou. Je m’y promenais l’autre jour bien innocemment, sans masque ni rien, aux heures où cela est permis, quand soudainement le vent a soufflé juste assez fort pour me faire prendre conscience que l’hiver est fini. L’espace de quelques secondes, tout a été noir. Avais-je reçu un écureuil en plein visage ? Non, vous savez bien. C’était la maudite garnotte.

Ajoutez à cela le retour des émanations irrespirables de l’incinérateur et de la daishowa, et vous comprendrez pourquoi je suis si joliment vêtu ces jours-ci. 

Parlons sérieusement deux secondes.

Alors que je courais du pas lourd de celui qui se remet en forme après l’hibernation, j’ai aperçu un gars – le pauvre, il ne se doutait de rien – qui a baillé « au mauvais endroit au mauvais moment » (c’était sur la piste cyclable autour de la rivière Saint-Charles). Encore le vent : il en a mangé une telle qu’il n’a pas encore fini de tousser.

Plus loin, à quelques centaines de mètres du pont Scott, à l’endroit où c’est un peu plus beau que le reste de la piste cyclable, je me suis arrêté pour regarder un peu l’eau couler. Je songeais avec mélancolie à mes amours passées, à la joie qui vient toujours après la peine, et tout et tout. Au dessus de ma tête, des oies passaient bien lentement, pas pressées du tout, comme en se moquant de nous autres.

Un petit coup de vent, de la garnotte partout. J’ai été blessé au genou et à l’oreille, où une vilaine pierre est venue trouver refuge. Au loin, une oie s’est discrètement détachée de son convoi pour lui faire ses derniers adieux. Elle est tombée par terre, pas vivante du tout, pendant que les autres poursuivaient leur migration, indifférentes. 

J’en mets un peu, mais vous voyez ce que je veux dire. 

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