Réplique à la chronique de Martin Claveau : « La fausse bonne idée du boulevard urbain »

Boulevard urbain

Je me suis installé dans Limoilou en 1991 sur la rue Cadillac à quelques enjambées de l’autoroute Laurentienne. J’ai passé depuis la plupart des 30 dernières années dans différents coins de Limoilou, à part quelques années passées à Beauport dans le secteur de Giffard.

J’ai été un témoin privilégié des débats concernant la place de l’automobile en milieu urbain, la qualité de vie au centre-ville et les impacts sur la santé de l’environnement social et géographique de la Basse-Ville. Aussi ai-je été passablement dérouté de la chronique du 8 mars de M. Claveau sur le projet de transformation de l’autoroute Laurentienne en boulevard urbain.

Il est certain que cette transformation représente un investissement important. C’était le cas dans les années 60 quand des sommes colossales ont été englouties dans ces autoroutes urbaines qui ont écrasé des milieux de vie et érigé des barrières physiques entre des quartiers ainsi qu’entre la population et le fleuve. Les milliards dépensés le seront pour améliorer le voisinage et la qualité de vie des résidents de Vanier et de Limoilou, comme l’ont été les millions investis dans la naturalisation coûteuse de la Saint-Charles. Quelqu’un veut pleurer sur les dollars enfouis dans les buissons et les sentiers de poussière de pierre?

En fait, l’argent est un outil puissant de progrès pour les populations, comme en font foi les montagnes de dollars dépensées tout au long du 20e siècle pour l’éducation et les services de santé accessibles à tous. Et les gens du centre-ville ont souvent été déshabillés au profit des clientèles électorales qui envahissaient les terres agricoles des anciennes villes de banlieue. Peut-on inverser le courant du flux monétaire vers le centre pour une fois?

Le désert urbain de l’échangeur Laurentienne-Hamel, je l’ai emprunté d’innombrables fois avec pour compagnons les vents violents, le grondement assourdissant des véhicules qui y roulent à fond de train et le décor post-apocalyptique de l’ancien concessionnaire automobile. Investir des milliards du public et du privé pour restreindre l’ardeur automobile des banlieusards, bâtir des logements neufs à dimension humaine et m’offrir de marcher dans un milieu convivial qui me permettra d’entendre battre mon cœur pour cette ville que j’aime? Je mets la main dans ma poche!

Actuellement, je travaille dans le secteur Lebourgneuf, un endroit hostile à tout ce qui se déplace autrement que sur 4 roues. Il s’agit d’un de ces endroits qui entretient la dépendance à l’automobile. Le piéton et cycliste que je suis est un étranger souvent menacé d’écrasement. Cet endroit désolant gaspille l’espace et ne favorise pas l’existence d’un esprit communautaire que je vis depuis 30 ans maintenant. Investir dans la conversion de l’autoroute Laurentienne sera aussi un exemple de ce qu’il faut faire en milieu urbain dans les prochaines années afin de freiner le réchauffement planétaire et d’offrir un milieu sécuritaire à nos enfants et à nos petits-enfants.

Raymond Côté
Résident sur l’Avenue Jeanne-Mance (encore plus près de l’autoroute Laurentienne)

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