800 chambres et pensions pour des clientèles spécifiques

La conseillère Émilie Villeneuve et le maire Régis LabeaumeÉmilie Villeneuve, membre du comité exécutif responsable du développement social et de l’habitation et le maire Régis Labeaume, le 30 mars (capture d'écran, YouTube).

La Ville de Québec a présenté des pans de sa stratégie concertée sur le maintien et le développement du parc de maisons de chambres et de pensions, en conférence de presse, mardi. Celle-ci prévoit la réalisation de 800 nouveaux logements sociaux et communautaires de type chambres, studios et petits appartements.

Cette annonce découle de la Vision de l’habitation 2020-2030 dans laquelle la Ville s’engage à veiller aux besoins résidentiels de tous les types de ménages, notamment en réalisant un total de 2600 nouveaux logements sociaux et abordables. Près du tiers de ces logements seront destinés aux personnes itinérantes, à risque de le devenir et aux jeunes issus des services de la protection de la jeunesse.

«Les gens ont tendance à penser que les logements sociaux et même les logements sociaux avec volet 3 (pour les clientèles spécifiques), c’est n’est qu’au centre-ville. Non, ce n’est pas seulement au centre-ville. On a des projets dans tous les arrondissements », a dit le maire Régis Labeaume, en conférence de presse, le 30 mars.

Les 800 nouveaux logements de types chambres, studios et petits appartements seront destinés à des clientèles à risque d’itinérance ou ayant vécu l’itinérance, des anciens jeunes de la DPJ et des personnes handicapées physiques, a-t-on appris en point de presse. Leur mise en place doit officiellement s’étaler jusqu’en 2025. Celle-ci est toutefois déjà commencée, a précisé l’élu.

Même si plusieurs des pistes d’action peuvent être réalisées à partir de budgets et de programmes existants, certaines nécessitent du financement additionnel de la part du gouvernement du Québec, a indiqué la Ville.

Ces besoins financiers supplémentaires sont évalués à 11,6 millions $, selon la municipalité : 7,4 millions $ pour la réalisation de ces 800 nouvelles unités de logement et 4,2 millions $ pour l’accompagnement des personnes et le soutien au milieu de vie.

Sans les gouvernements et le programme AccèsLogis, la construction de logements sociaux est « infaisable », a affirmé M. Labeaume. « L’accès au programme AccèsLogis n’est pas simple pour les maisons de chambres, sinon quasiment inexistant. Ce qu’on dit au gouvernement, c’est que (ce programme) doit s’étendre jusqu’aux maisons de chambres », a soutenu le maire.

Rappelons qu’AccèsLogis Québec, programme subventionné par la Société d’habitation du Québec, favorise le regroupement des ressources publiques, communautaires et privées, afin de réaliser des logements communautaires et abordables pour des ménages à revenu faible ou modeste et pour des personnes ayant des besoins particuliers en habitation.

Régis Labeaume souhaite d’ailleurs que le programme AccèsLogis soit appliqué pour la construction de maisons de chambres.

Données

En 2015, on estimait à 3500 le nombre de chambreurs à Québec. Le nombre aurait bondi au cours des dernières années, a-t-on entendu en conférence de presse.

Il y avait 1300 chambres répertoriés il y a six ans. « Notre impression, aujourd’hui, c’est qu’il y en quand même pas mal moins », a dit Marie-Hélène Vallée, coordonnatrice du Comité Maison de chambres de Québec, lors du point de presse.

Des données pour la présente année n’étaient toutefois pas encore disponibles, en ce qui a trait aux nombres de chambreurs ou de chambres, à Québec.

La maison de chambres est souvent le dernier logis avant la rue ou encore, le premier logement après une période d’itinérance, ont d’ailleurs fait remarquer certaines intervenantes.

Groupe de travail

Afin d’élaborer sa stratégie, la Ville a mis sur pied un groupe de travail composé d’employés municipaux et de représentants des milieux communautaires et institutionnels unis pour le soutien, la stabilité résidentielle et l’inclusion des personnes marginalisées.

Ce groupe de travail propose un plan de 24 actions pour les années 2021-2025. Parmi ces actions, on retrouve la réalisation des 800 chambres, studios et petits appartements; l’accompagnement des locataires et le soutien au milieu de vie dans les nouveaux projets résidentiels et l’actualisation de l’étude Vivre en maison de chambres dans la ville de Québec : portrait, expériences et enjeux (2015) par une démarche de type recherche-action.

On y propose aussi un « soutien accru aux propriétaires de maisons de chambres pour la rénovation de leur immeuble grâce aux nouvelles mesures de financement de la Stratégie nationale du logement et à la révision des programmes existants ». Pour le moment, il n’a toutefois pas été possible de connaître les sommes qui seront consacrées à ce soutien.

« C’est en travail. On va regarder ce qu’on peut faire. Souvent, nous, notre outil pour aider à la rénovation, c’est le programme Rénovation Québec. On n’a pas des fonds illimités qui nous proviennent du gouvernement. On fonctionne avec ces fonds-là. Nous, on donne toujours 50 sous dans le dollar. Plus qu’on aura de sous pour faire des interventions en rénovation (de la part) du gouvernement, plus on va en donner et plus on va aider de citoyens », a répondu Émilie Villeneuve, membre du comité exécutif responsable du développement social et de l’habitation, à Monquartier.

« On va vous revenir lorsqu’on aura les détails là-dessus », a ajouté Mme Villeneuve.

Le BAIL réagit

Le Bureau d’animation et d’information logement du Québec métropolitain (BAIL) a réagi à l’annonce de la Ville.

«Ces dernières années, le BAIL a constaté, via son service d’information sur les droits des locataires, la fermeture ou le changement de vocation de plusieurs maisons de chambres situées dans les quartiers centraux de Québec», a indiqué l’organisme.

« C’est un enjeu central actuellement dans les quartiers en gentrification : il faut s’assurer que les maisons de chambres actuelles demeurent des maisons de chambres et il faut s’assurer qu’elles demeurent abordables », a affirmé Jonathan Carmichael, organisateur communautaire au BAIL, par voie de communiqué.

« La stratégie présentée ne s’attaque pas suffisamment à cette problématique. Le BAIL aurait souhaité qu’une mesure permanente de protection de l’usage de maisons de chambres soit déjà annoncée. De plus, il aurait été intéressant d’y voir des pistes d’action concernant les réno-évictions, un phénomène de plus en plus présent à Québec et qui a contribué à l’éviction de plusieurs dizaines de chambreurs en 2019 et 2020 », poursuit le BAIL.

L’organisme de défense des droits des locataires est également préoccupé par l’état des maisons de chambres. « La Ville a édicté des normes minimales quant à l’entretien et la salubrité des bâtiments, il faut qu’elle les applique. Et qu’elle utilise les outils à sa disposition. C’est inacceptable que des chambreurs de Québec vivent dans des conditions d’insalubrité », a ajouté M. Carmichael, après la conférence de presse, lors d’un échange avec Monquartier.

Mise en œuvre

La Ville de Québec assurera la coordination de la stratégie sur le maintien et le développement du parc de maisons de chambres et de pensions à Québec.

« Le groupe de travail aura la responsabilité de réaliser et collaborer à la mise en œuvre des actions 2021-2025. Afin d’en assurer l’impact et l’efficacité, des groupes composés de locataires et de propriétaires de maisons de chambres seront également formés », selon la municipalité.

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