Limoilou — Dans le cadre de la semaine d’actions contre le racisme, des élèves de 3e secondaire de l’école Jean-de-Brébeuf ont réalisé une murale sur laquelle ils ont voulu mettre en valeur leurs sourires, pour signifier que « nous sourions tous dans la même langue ».
L’œuvre consiste en un bien agréable assemblage de photographies d’élèves et de membres du personnel de l’école. Des broderies enjolivent tous les portraits de façon à marquer la singularité de chacun, alors que la composition tire sa force de la diversité de ces visages mis les uns à côté des autres.
Pour le dire tout simplement : c’est très beau.
Et ça fait du bien de voir les sourires de ces jeunes encore pleins de vie, qu’on ne peut malheureusement plus que deviner derrière le bleu des masques qui ternit notre quotidien.
« Il y a des gens dont je n’avais pas vu le bas du visage depuis si longtemps que ça m’a fait drôle de voir les photos, remarque GABRIELLE MASSÉ, enseignante en arts plastiques à l’école Jean-de-Brébeuf, et coresponsable du projet. Plusieurs ont changé depuis le temps. Ça donne un peu l’impression d’avoir manqué quelque chose. Alors le seul fait de sortir les sourires a eu pour effet de les glorifier. »
Le dévoilement de la murale n’a d’ailleurs pas laissé les étudiants dans l’indifférence.
« C’est spécial de se voir en grandeur nature », glisse discrètement l’un d’eux avant que les cours commencent. Au même moment, plusieurs de ses camarades sont à la recherche de leur portrait ou de celui d’un ami sur le mur.
Le projet
L’initiative vient de SOPHIE DUBREUIL, intervenante chez Motivaction jeunesse. Elle a approché Gabrielle Massé il y a quelques mois dans l’intention de faire quelque chose pour la semaine d’actions contre le racisme.
L’animateur à la vie spirituelle et communautaire de l’école, LUCIANO DESROSIERS, a donné une formation de photographie aux jeunes. Puis ce sont eux qui ont tiré tous les portraits et qui y ont ajouté des broderies de différentes couleurs.
« Nous nous sommes inspirés du travail de l’artiste mexicaine Victoria Villasana, qui fait entre autres de la broderie sur carton, précise Gabrielle Massé. Ça a permis aux jeunes d’ajouter des éléments à leur visage pour faire transparaître leur personnalité ou leurs aspirations. Il y a des gars qui se sont brodé une moustache ou une barbe, des filles qui se sont mis une couronne sur la tête, et même un enseignant qui s’est fait pousser des cheveux. »
Porter le regard sur soi
L’idée de réaliser un projet à partir de photos des élèves s’est imposée rapidement, mais elle n’allait pas de soi.
« D’habitude, on n’ose pas faire travailler les jeunes sur leur propre visage, explique l’enseignante en arts plastiques. À l’adolescence, on a des complexes. On n’a pas envie de se scruter jour après jour, car on voit uniquement nos défauts. Pour avoir participé moi aussi à la murale, je dois dire qu’on traine peut-être même cette attitude plus tard dans la vie », conclut-elle en riant.
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