Les rayons sans le soleil (2) : Une tentative d’assassinat

campagne municipale à véloLa rue Bouvier en septembre 2017. Photo : Capture d'écran, google Maps.

Il ne m’arrive presque jamais de me remettre en question. Il y a quelques années, j’ai lu quelque part que toute chose étant incertaine, le plus sûr est de choisir une règle de conduite et de s’y tenir coûte que coûte.

Mardi, toutefois, je me suis trouvé en un lieu si étrange que tous mes doutes, toutes mes angoisses refoulées, ont resurgi au même moment. 

Bruno Marchand avait convoqué la presse au Club Avantage, sur la rue Bouvier. Après coup, j’ai demandé à un avocat si c’était là un crime, – et n’ayons pas peur des mots : une tentative d’assassinat – que d’inviter consciemment un cycliste sur la rue Bouvier. « Il faudrait prouver l’intention, alors c’est un dossier délicat. » J’ai décidé que je n’allais pas intenter de poursuite… pour l’heure. 

Bref, après bien des détours sur des rues fort laides dans Lebourgneuf, je me suis trouvé au coin de Pierre-Bertrand et de Bouvier. Deux cent mètres tout au plus devaient me séparer du Club Avantage, mais avec le trafic, j’avais plutôt l’impression de me trouver à des années lumières de ma destination.

Comment avais-je pu oublier mon casque ce matin-là ? Puis, avais-je pris la bonne décision de couvrir la campagne municipale à vélo ? Mon choix mettait ma vie en danger, et il m’empêchait aussi d’arriver à temps pour un autre événement qui se tenait au centre-ville quelques minutes seulement après celui auquel j’avais décidé de me rendre. D’ailleurs, pourquoi étais-je devenu journaliste ? Ne devrais-je pas fuir mes obligations, m’acheter un billet d’avion en destination de la Colombie-Britannique – tout le monde me dit qu’ils ne sont pas cher en ce moment – et aller passer là-bas quelques mois pour me recentrer ?

Assailli par les questions, je me rappelai ma règle d’or, et je pris finalement la décision d’aller au point de presse et de braver la rue Bouvier. 

Alors, comme on dit, pas le choix. Comme Marc-André Grondin sur sa zezette dans le film C.R.A.Z.Y, je me fermai les yeux et je me lançai au milieu des quatre voies de cette rue très achalandée. Je me suis senti glissé un peu, mais j’ai survécu. Je suis arrivé en retard.

Après le point de presse, j’ai choisi de prendre un autre chemin pour retourner au journal. Sur la piste cyclable qui se trouve au milieu du boulevard Pierre-Bertrand, j’ai croisé un seul cycliste. Il m’a bien fait rire en me disant que cette piste est bien déneigée en hiver. 

« Ce n’est pas une blague », me dit-il en voyant que je rigolais. « Le problème, c’est que quand il y a de la neige, c’est très difficile d’y accéder. Donc la piste est déneigée, mais il n’y a personne dessus, alors que bien d’autres voies cyclables ne le sont pas, même si des vélos y circulent à l’année longue. »

Le politicien-cycliste de la semaine – Le candidat d’Équipe Marie-Josée Savard dans le district de Lac-Saint-Charles – Saint-Émile, Steeve Verret, est un cycliste assez sérieux, qui ne s’enfarge pas dans l’opposition traditionnelle entre « les gars de route » et les « gars de montagne ». 

« L’an passé, j’ai fait 3600 km de route, et 800 km de montagne. Cette année, j’ai fait plus de montagne, et pas mal moins de route. J’aime les deux. » 

Steeve Verret en vélo de montagne.
Photo : Courtoisie

Steeve a découvert sa passion pour le vélo de montagne dans les années 90. « Aujourd’hui, c’est un sport bien encadré, qui se pratique sur des pistes dédiées à ça. Avant, on faisait dans le bois », se rappelle-t-il. 

Avec un peu d’imagination, on pourrait se figurer que l’évolution du vélo de montagne suit celle de la politique municipale. N’est-il pas rare aujourd’hui de voir un élu sortir des sentiers battus ? 

Après son élection en 2005, Steeve Verret a à peu près complètement cessé de faire du vélo, jusqu’en 2013. « Je travaillais beaucoup, et j’avais de jeunes enfants. Ils ont vieilli, et j’ai recommencé à rouler. C’est vers ce moment que je me suis vraiment mis au vélo de route, puisque c’est un peu dangereux d’aller faire de la montagne tout seul. »

Sur la rue des jardins, dans les dernières années, c’est Steeve Verret qui était en charge des dossiers concernant le vélo. Il espère pouvoir poursuivre son travail sur le plan directeur du vélo, après le 7 novembre.

Je voulais aller à la plage – Dans la journée de jeudi, j’ai eu l’idée de me rendre à la Baie de Beauport, – excusez-moi j’oubliais : à la Baie de Beauport Sunlife – malgré le temps assez gris et la pluie intermittente. Ce n’est pas loin de mon bureau à Limoilou, que je me suis dit. Eh bien, figurez-vous que c’est loin. Et disons-le franchement, le vent n’est pas trop commode dans la dernière ligne droite après le maudit viraillage à la sortie du petit tunnel. Une fois là-bas, j’ai barré mon vélo, et j’ai enlevé mes souliers et mes bas même s’il faisait froid. En levant la tête, il m’a semblé que le soleil chauffait quand même derrière les nuages, qu’il les poussait en quelque sorte. Derrière moi, des écoliers en sortie jouaient dans les modules, sous les regards fatigués des adultes en charge.

Il a recommencé à mouiller, j’ai remis mes bas et mes souliers, et je suis retourné content, mais couvert de sable, au journal. Dans ma boîte courriel, quelqu’un m’avait justement écrit pour me dire que c’est trop long de se rendre à la Baie de Beauport à partir de Limoilou. Je ne lui ai pas encore répondu, parce que je ne sais pas trop quoi penser de sa remarque.

G.C.

Lisez Les rayons sans le soleil (1) : Le Tour de Saint-Rodrigue

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