Rosalie Cournoyer explore le regard et la définition de l’artiste

piece theatre oeil rosalie cournoyerRosalie Cournoyer, comédienne et autrice de la pièce L'oeil, qui sera disponible en version livre le 26 mars. (Photos : L'instant même)

Rosalie Cournoyer explore le regard que l’on a sur les autres et que les autres ont sur nous ainsi que la définition d’artiste dans la pièce L’Oeil, qui sera disponible en version livre le 26 mars prochain.

Par Mélissa Gaudreault

C’est quoi L’œil?

« Le livre, c’est un texte dramatique. C’est une pièce de théâtre qu’on a joué à Premier Acte à Québec en février 2023 et on l’a refait en novembre-décembre 2023 au Périscope. »

« C’est l’histoire du personnage de Camille qui est une doctorante en histoire de l’art qui retourne à l’atelier de son père qui est un peintre relativement célèbre québécois. Quand elle arrive dans l’atelier, elle trouve Sophia qui est une modèle, complètement nue et prête à commencer à travailler avec le père. Camille est surprise de la voir là, décontenancée, et elle ne lui explique pas tout de suite que le père a eu un incident, qu’il est à l’hôpital. Elle essaie de cacher cette information-là et essaie de la faire sortir pour pouvoir barrer les lieux, mais Sophia veut rester, elle veut continuer à faire sa création, elle veut attendre le peintre. C’est l’histoire de cette rencontre-là, ce huis clos, c’est-à-dire que la pièce est d’un seul souffle, il n’y a pas différentes scènes, il n’y a pas de passages du temps, il n’y a pas plusieurs lieux, c’est en temps réel. »

« L’œil, c’est parce que les deux femmes vont parler beaucoup du regard qu’on pose sur soi, que les autres posent sur nous, du point de vue du regard de l’artiste sur un modèle, de la modèle sur l’artiste. »

Peux-tu me parler des thèmes?

« Les thèmes principaux de la pièce sont l’art, la création, et le désir. »

« On a une femme qui fait du modèle vivant, donc il y a une expérience très physique et concrète de cette pratique-là. Elle pose nue pour le peintre (Sophia). Camille, elle, a une expérience beaucoup plus théorique de l’art, elle étudie d’anciens courants, elle étudie une artiste d’un autre siècle, donc elle n’est pas vraiment ancrée dans le temps et la réalité d’aujourd’hui. »

« On aborde jamais la relation de Sophia et du peintre. On aborde la relation de Camille avec son père. Il y a un certain mépris par rapport à son père, elle trouve que ce qu’il fait est dommageable auprès des représentations des corps des femmes. Elle trouve que ce serait pas à lui à représenter les corps des femmes, lui étant un homme. Elle trouve que les modèles sont instrumentalisées, tandis que Sophia, elle super bien dans son rôle de modèle et trouve que c’est une forme de pratique artistique. Le débat sur l’art est autour de ça : est-ce que les modèles sont elles aussi des artistes ou l’artistes c’est seulement la personne qui tient le pinceau? Est-ce quand tu choisis la pose, quand tu inspires le peintre, est-ce que tu fais pas aussi partie de la démarche artistique? »

Qu’est-ce qui t’as inspiré pour l’histoire?

« Moi, j’ai une formation de comédienne et pendant ma formation j’ai rencontré des collègues qui étudiaient avec moi et il y en avait une qui s’appel Maureen Roberge qui faisait du modèle vivant pour des ateliers de dessin. Elle a initié une autre de nos amies, Marie-Ève, au modèle vivant, qui m’a ensuite initié. J’ai fait du modèle vivant, donc il y a eu cette expérience-là, d’être un modèle, d’être nue, d’être regardée par une inconnue, ce que ça fait, comment c’est différent à chaque séance. Finalement, on en parlait beaucoup avec ces filles-là et j’ai décidé d’écrire là-dessus, et c’est ces filles-là qui jouent les personnages. On a construit les personnages sur notre expérience vécue collective. »

Que veux-tu que l’on retienne de ta pièce?

« J’écris pas dans une perspective pour que les gens retiennent ou apprennent quelque chose. J’avais plus envie d’exposer certaines réalités et de faire vivre un processus d’empathie aux gens. D’offrir un espace, un moment de réflexion où on se projette dans les souffrances des autres, on fait l’exercice d’empathie et de comprendre les différences entre ces deux femmes qui se rejoignent dans un vécu commun qui est la violence du regard masculin. »

Qu’est-ce que tu recherches dans une pièce, que ce soit en tant que comédienne ou en tant qu’autrice?

« Il faut que les représentations de femmes soient intéressantes. Il faut que ce soit complexe et pas dans les clichés. Je veux écrire, parce que je trouve qu’il n’y a pas assez de rôles intéressants pour les protagonistes femmes. Je veux donner de la nuance et de la complexité. Si tu me proposes quelque chose que je trouve pas valorisant, je mettrai pas mon énergie pour faire ça. »

En plus d’être comédienne et autrice de pièces de théâtre, Rosalie Cournoyer est aussi co-fondatrice de la compagnie Vénus à vélo.

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