Les annonceurs dans les pages du Courrier de Limoilou

courrier limoilou publicités(Photo : Capture écran)

*Cet article est publié dans le cadre d’une série de textes historiques portant sur Le Courrier de Limoilou. Écrits par Karim Chahine et Julien Renaud-Belleville, deux jeunes historiens résidents du Vieux-Limoilou, ces textes vous permettront de plonger dans l’histoire de ce journal de quartier publié de 1934 à 1975. Ce projet de recherche a été réalisé grâce au soutien de la mesure Première Ovation dans le cadre de l’Entente de développement culturel intervenue entre le gouvernement du Québec et la Ville de Québec.

Par Karim Chahine et Julien Renaud-Belleville

L’un des éléments qui sautent aux yeux du lecteur d’aujourd’hui en feuilletant un numéro du Courrier de Limoilou est sans contredit l’importante place qu’occupent les annonceurs et leurs publicités.

Au moins 50% des pages du bimensuel sont réservées aux publicités. Ceux-ci sont sans contredit le moteur financier du Courrier de Limoilou.

Dès le premier numéro du journal en 1934, la direction spécifie que la publication du journal a été rendue possible grâce aux annonceurs : « Donc à vos prochains achats, précise la direction, veuillez donc vous souvenir du nom des annonceurs, afin de favoriser ces vrais citoyens qui n’ont pas craint de débourser quelques piastres pour aider au développement de chez nous ».

De 1943 à 1955, on retrouve la devise « Le succès par l’annonce » en en-tête de chaque numéro, signifiant à la fois le succès du journal et celui des commerçants par le biais de l’annonce.

Ce qui distingue vraiment Le Courrier de Limoilou, c’est l’usage de stratégies permettant aux annonceurs de rayonner et de mousser leurs ventes.

Ainsi, le journal ne faisait pas que publier les annonces, il incitait activement ses lecteurs et lectrices à visiter ses annonceurs en misant sur le sentiment d’appartenance et la fierté des Limoulois.

La presse comme médium de progrès

Même si la presse existe depuis plus de cent cinquante ans au Québec lors de la parution du premier numéro du Courrier de Limoilou en 1934, ce n’est qu’au tournant du XXe siècle que ce médium de diffusion en deviendra un de masse où la publicité occupera une place importante répondant à la fois aux impératifs financiers des journaux mais aussi à l’activité industrielle grandissante.

Le Courrier de Limoilou n’y fait pas exception! On y publie des articles martelant l’importance de la publicité : « Songez que la publicité est le placement le plus extraordinaire de rendement qui existe, qu’elle n’a jamais été et ne sera jamais « un jeu de hasard » pour ceux qui s’en servent bien ».

Dans le numéro du 2 novembre 1951, on présente en première page une brève intitulée « La meilleure méthode d’obtenir des ventes : annoncer dans les journaux ». On y relaie la déclaration de St-Clair McCabe, président de l’Association des Gérants de Publicités des Journaux de l’Est du Canada voulant que les colonnes d’annonces soient la voie la plus directe et la plus rapide entre eux [les hommes d’affaires] et l’acheteur.

Quelques années plus tard, dans un court texte intitulé « Nécessité de la publicité », on partage les mots de M. Arthur A. Porter, vice-président d’une importante agence new-yorkaise de publicité : « sans publicité, les meilleurs produits et les marchandises les plus économiques trouvent difficilement des acheteurs » (15 mars 1957).

Et contrairement au nouveau médium de la télévision, « Le texte imprimé demeure et peut être consulté à loisir tandis que les images de la télévision s’évanouissent ». La concurrence de la télévision se fait rapidement sentir!

Mobiliser les citoyens du quartier

L’une des singularités du Courrier de Limoilou est sans contredit son engagement à mobiliser les citoyens à faire leurs achats dans le quartier Limoilou.

Ainsi, il n’est pas rare de lire des textes sur l’importance de l’achat local et sur le rôle joué par les commerçants dans le développement du quartier.

Sous un grand titre situé en première page et demandant « Pourquoi ne pas magasiner dans le quartier? », le chroniqueur vedette J. Voisclair énonce quelques arguments en faveur de l’achat « chez nous ». Si les clients choisissent de se rendre chez les marchands du quartier, ils réaliseront « qu’il est inutile de gaspiller du temps et de l’argent en allant acheter en dehors du quartier » (1er décembre 1951).

Au début de l’année 1951, J. Voisclair semble fier de voir, après avoir sondé quelques annonceurs du Courrier de Limoilou, que les habitants du quartier répondent à l’appel de l’achat local, ce qui le rend fier. Rien ne sert donc de se rendre à l’extérieur du quartier. « Il y a un marchand tout près de vous qui attend pour vous servir, ne l’oublie pas », rappelle-t-il aux lecteurs.

En achetant localement, on évite un transport trop long, on s’assure un service personnalisé et on remplit une part de son devoir civique. « Vous n’avez pas fini de lire votre journal si vous n’en avez pas parcouru les annonces » rappelle un encadré qu’on retrouve dans l’édition du 3 avril 1935.

Le but de tout ça? Participer au progrès du quartier.

L’achat local est une preuve de civisme, de fidélité et de progrès. L’argent dépensé chez les commerçants du quartier est ensuite réinvesti dans le quartier.

C’est donc une idée d’économie circulaire qui se chapeaute l’ardeur des rédacteurs du Courrier de Limoilou à valoriser l’achat local.

Si les lecteurs du journal dépensent leur argent chez les annonceurs, ces derniers achèteront plus de publicité, ce qui assurera la survie du journal et ce qui permettra d’assurer plus de publicité pour les commerçants.

Durant toute son existence, Le Courrier de Limoilou s’est servi des annonceurs comme moteur financier, mais force est de constater que les commerçants ont aussi pu faire usage des pages du journal de quartier pour mousser leurs ventes et attirer les clients, et ce, aux bénéfices du quartier Limoilou.

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