Force de vivre : une exposition pour ouvrir les discussions

Thomas Jay Dionne, coordonateur de l’exposition Force de vivre. (Crédit photo : Kyana Di Lillo)Thomas Jay Dionne, coordonateur de l’exposition Force de vivre. (Crédit photo : Kyana Di Lillo)

L’exposition « Force de vivre » vise à souligner la résilience des personnes survivantes de l’industrie du sexe et ouvrir les discussions à ce sujet. 

Par Estelle Lévêque 

« Mon corps n’est pas un temple, mon corps est une forêt. Peu importe à quel point il est ravagé, dévasté, il va repousser et grandir », cite Thomas Jay Dionne. C’est à partir de ce mantra que Thomas, coordonnateur de l’exposition Force de vivre, a pensé son projet. Expérience, résilience et témoignages seront au cœur de l’événement qui se tiendra au centre Jacques-Cartier, du 5 au 26 avril, dans Saint-Roch.

Une exposition pour témoigner et se rassembler

Autour de la thématique du végétal et de la forêt, l’exposition vise à donner une voix aux personnes qui ont évolué ou évoluent toujours dans le milieu de la prostitution. « Quand on parle de l’industrie du sexe, il y a deux discours vraiment tranchés : les abolitionnistes et les pro-travailleuses du sexe », commente Thomas, lui-même survivant d’exploitation sexuelle. 

Pour autant, malgré une grande diversité d’expériences, les personnes concernées se cognent bien souvent à une discussion fermée. « Peu importe notre vécu, celui-ci est constamment attaqué et invalidé », résume Thomas.

De ce constat est né le projet Force de vivre. Dans le cadre d’une exposition, mais aussi d’activités de discussions et de lecture, il vise à créer un espace sécuritaire, où une grande diversité d’expériences peuvent être formulées et entendues. « Force de vivre c’est un safe place. Si tes expériences ont été bonnes, tant mieux, ta réalité est valide. Si ton expérience a été négative, on est là pour t’appuyer aussi. On ne veut invalider le vécu de personne », conclut-il.

Plusieurs volets

Trois espaces accueilleront un ensemble de témoignages de personnes ayant quitté ou évoluant toujours dans l’industrie du sexe. Le premier, consacré à la sortie de prostitution, abordera les questions de la « vie d’après », mais aussi des déclics qui ont poussé les personnes concernées à quitter le milieu. « En moyenne, les personnes qui souhaitent quitter la prostitution ont besoin de 5 à 8 essais avant de réussir à en sortir », rappelle Thomas.

Puis, un deuxième lieu recueillera des témoignages de personnes pour qui la prostitution est synonyme d’une expérience personnelle positive, dans laquelle iels se sentent valorisé.e.s. Enfin, un troisième espace sera consacré aux expériences négatives. « Ça ne sera pas trash, mais l’idée est de montrer le revers de la médaille. De montrer toutes les nuances du milieu à travers ça. »

Des événements viendront compléter le projet pendant tout le mois d’avril. Parmi eux, la projection du court-métrage Fragments, de Marilou Béland, portant sur les violences sexuelles. Aussi, des discussions animées par Les Nuanceuses, ainsi qu’un club de lecture autour du livre Faire corps, de Véronique Côté et Martine B. Côté.

Sensibiliser la population

Espace d’écoute et de soutien mais aussi de sensibilisation, Force de vivre se veut une exposition destinée au grand public. « Souvent, on va se dire que ça ne nous concerne pas, la prostitution », affirme Thomas. « Mais au final, ça peut toucher une sœur, une amie, des proches. Tout le monde peut être engagé dans cette discussion. »

Aussi, en plus des témoignages de personnes individuellement touchées, Force de vivre donnera la voix à des intervenantes sociales, des proches, des personnes que l’exploitation sexuelle a affectées.

Par le biais d’une campagne de sociofinancement, Thomas Jay Dionne a reçu du soutien pour mener à bien son projet. « Au début, j’avais l’impression d’être seul là-dedans. Puis, je me suis rendue compte que ça avait de l’importance pour les personnes à qui je parlais, que ça pouvait avoir un impact. »

L’exposition Force de vivre aura lieu du 5 au 26 avril, au centre Jacques-Cartier, situé au 20, boulevard Charest Est.

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