La plume et le crayon de Djief

Djief, Jean-François Bergeron, auteur de bande-dessinée de Québec. (Crédit photo : Courtoisie)Djief, Jean-François Bergeron, auteur de bande-dessinée de Québec. (Crédit photo : Courtoisie)

Entrevue avec l’auteur de bande-dessinée Djief, qui travaille présentement sur Les Chroniques de Louise Pembleton, dont le premier tome paraîtra en mai 2024, aux éditions des Sculpteurs de Bulles.

Par Estelle Lévêque

Djief, de son vrai nom Jean-François Bergeron, œuvre dans le milieu de la bande-dessinée québécoise depuis les années 2000. Que ce soit dans Le Crépuscule des dieux, en collaboration avec Nicolas Jarry, la série de science-fiction White Crows ou encore la bande-dessinée Broadway – Une rue en Amérique, l’auteur de Québec explore les nombreuses facettes de la bande-dessinée d’aventure.

En ce moment, Djief travaille sur deux projets. Tout d’abord, la série Créatures, qui se déroule dans un futur apocalyptique new-yorkais. Basés sur un scénario de Stéphane Betbeder, ses trois premiers tomes sont parus aux éditions Dupuis. 

Également, le dessinateur travaille aux côtés de Ben Prieur sur le premier tome des Chroniques de Louise Pembleton. Au fil de 64 pages, le duo invite les lecteurs à découvrir le portrait de cette femme au parcours exceptionnel, dans le New-York des années 1920.

Explorer le genre

Le Carrefour de Québec : Chacun de tes projets explore des univers de science-fiction, des époques historiques, des aventures fantastiques. Est-ce important, pour toi, cette tendance à s’éloigner du quotidien et de la réalité, dans ton travail ? 

Djief : J’ai vraiment une culture de bande-dessinée d’aventure et de divertissement. J’ai découvert la bande-dessinée à 7-8 ans, en lisant le Journal de Spirou, Gaston Lagaff, Spirou et Fantasia. C’est ce qui m’a mené à vouloir devenir auteur, et c’est ce que je répète aujourd’hui dans mon travail. J’aime vraiment faire de la bande-dessinée que l’on appelle de « genre ».

D’un autre côté, que ce soit pour Broadway – Une rue en Amérique, Les Liaisons Dangereuses – Préliminaires, (basé sur l’œuvre de Pierre Choderlos de Laclos) ou les Chroniques de Louise Pembleton, qu’est-ce qui te plaît et quelles sont les contraintes dans le fait de travailler sur une base d’histoires réelles, d’époques passées et de vies qui ont existé ?

C’est sur que c’est beaucoup de recherches en amont pour aller chercher sa documentation, avoir les bons costumes, les bons décors, adopter le bon style graphique. Je trouve que ça fait partie du plaisir et du travail de faire ces recherches.

Pour les Chroniques de Louise Pembleton, tu travailles sur des planches qui sont mises en couleur directe, qu’est-ce que ça veut dire ?

Certains auteurs vont dessiner leurs planches uniquement en noir et blanc. Ils font seulement l’encrage, puis la coloration se fait en numérique. Moi, pour ce projet-là, j’ai décidé de travailler en aquarelle, directement sur les planches originales. Donc il n’y pas de travail numérique par-dessus, outre les bulles et quelques légers ajustements de détails. 

Est-ce que ça t’a plu de travailler de cette manière ?

J’ai choisi de travailler en deux tons, donc avec mes tracés en noir et mes ombrages en couleur sépia. Ce n’est pas un travail avec toutes les gammes de couleur, mais ça fait quand même plus de boulot qu’en numérique. C’est plus lent, plus laborieux, et on a moins le droit à l’erreur. Mais, en rendu final, ça fait de belles planches originales.

Son parcours

Qu’est-ce qui t’a mené à Québec et qu’est-ce qui t’a poussé à y rester ?

Je suis né à Montréal mais j’habite à Québec depuis que j’ai 4 ans. Je me sens bien ici, la qualité de vie me plaît. Il y a quelque chose qui m’accroche, par son aspect historique, l’ambiance qu’on y retrouve. Je me sens ancré ici. 

Avant la bande-dessinée, tu as évolué dans le graphisme et le jeu vidéo, est-ce que tu as déjà regretté d’avoir quitté ces milieux ?

J’ai fait d’autres métiers avant d’être auteur avant tout parce que je n’avais pas de possibilités de vivre de mon art au Québec. Avant l’arrivée de La Pastèque ou de Pow-Pow, il n’y avait pas vraiment de maisons d’édition professionnelles dans les années 90. Ma seule option était de m’expatrier en France ou en Belgique et d’essayer de percer là bas. Donc j’ai décidé d’orienter ma carrière vers d’autres milieux, et de retourner à la bande-dessinée plus tard.

Dans les années 2000, avec l’arrivée d’internet, j’ai vu la possibilité de travailler à distance et faire une carrière d’auteur depuis le Québec. Ça m’a pris cinq ans avant d’être publié. Je présentais des projets à des maisons d’édition en France, en Belgique, … Finalement, j’ai été accepté aux Éditions Soleil en 2005. 

Dessiner et raconter

Dès le départ, tu avais cette envie d’écrire des histoires, d’être auteur en plus de dessinateur ?

Oui, j’aime mettre en scène et raconter des histoires ; mettre ma vision, représenter visuellement les histoires. On peut dire que je me sens comme un réalisateur de film.

Est-ce une des raisons pour lesquelles tu travailles parfois avec un scénariste ?

J’ai déjà raconté mes propres histoires avec White Crows ou Broadway – Une rue en Amérique. Mais, c’est vrai que j’ai beaucoup de plaisir à travailler avec un scénariste. Le fait de collaborer, rebondir sur des idées, être parfois surpris par ce que l’on nous propose, ça fait partie du plaisir de travailler avec quelqu’un. 

Est-ce que tu as en tête un projet que tu aimerais particulièrement réaliser dans le futur ?

J’en ai un ou deux que j’aimerais faire, mais que je ne sais pas encore comment l’aborder. Par exemple, j’ai l’idée de travailler sur le personnage d’Aliénor d’Aquitaine qui a été reine de France, puis reine d’Angleterre. C’est un personnage fascinant, qui a vécu 80 ans, qui a vraiment marqué son siècle. Mais, encore une fois, c’est énormément de recherches, donc je vais faire ça petit à petit. 

Est-ce que tu as un projet de rêve que tu ferais si tu avais un temps illimité devant toi ?

J’imagine qu’adapter le scénario de Tolkien en bande-dessinée serait incroyable. Mais bon, je ne pense pas avoir besoin de toucher à ça. Je suis très épanoui et passionné par ce que je fais actuellement. (Rires)

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