Québec doit effectuer une révolution axée sur la mobilité durable

marie soleil gagne acces transports viablesMarie-Soleil Gagné, directrice générale d'Accès transports viables, au Forum international sur les mobilités périurbaines et rurales qui s'est tenu en septembre dernier. (Photo : Muriel Leclerc)

Selon Marie-Soleil Gagné, directrice générale de l’organisme Accès transports viables, la Ville de Québec pourrait en faire plus en termes de mobilité durable.

Par Mélissa Gaudreault

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de définir ce que fait l’organisme Accès transports viables.

L’organisme, qui existe officiellement depuis plus de 30 ans, dessert les régions administratives de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.

Il s’intéresse à la mobilité intégrée, et plus précisément sur deux volets : la défense des droits des utilisateurs des transports actifs et collectifs (incluant le transport adapté), et la sensibilisation et promotion de la mobilité durable.

Les droits des utilisateurs peuvent être traduit comme le droit à la mobilité et par le fait même le droit de pouvoir se déplacer, d’avoir accès au travail, aux études, aux services essentiels et autres.

Dans cette optique, on peut constater qu’il y a des inégalités sociales quand on parle de mobilité.

Par exemple, une personne en situation d’handicap ou  une personne à faible revenus qui n’a pas accès facilement au transport collectif ou actif, au fait que le transport adapté permet de se déplacer pour un rendez-vous médical mais pas pour des loisirs, un parent avec une poussette qui utilise l’autobus, certains quartiers comme Vanier qui ne sont pas bien desservis.

Accès transports viables agit sur plusieurs fronts, notamment en plaidoyant auprès des décideurs, en accompagnant les municipalités pour favoriser l’émergence d’environnements propices aux transports actifs et collectifs, en sensibilisant et en éduquant la population pour contribuer à  changer les comportements en matière de mobilité durable.

Et pourquoi est-ce que la Ville de Québec doit effectuer une révolution sur le plan de la mobilité?

Parce que « les infrastructures de mobilité doivent répondre aux besoins de la population et être compétitives avec l’automobile individuelle et ce n’est pas le cas à l’heure actuelle », déclare la directrice générale de l’organisme.

Enjeux principaux de mobilité et de transport à Québec

D’abord, selon Marie-Soleil Gagné, pour améliorer la mobilité à Québec, « il nous faut un réseau structurant de transport collectif à Québec qui répond à la demande, parce qu’à l’heure actuelle nos autobus dépassent leur capacité. Par exemple, sur Colline Parlementaire en pleine heure de pointe, les autobus sont pleins à craquer, il faut attendre, c’est bumper à bumper. »

De ce fait, elle considère que l’idée d’un tramway est un projet qui pourrait répondre aux besoins des citoyens, mais le projet tel qu’il est présenté peut seulement être vu  comme une première phase « pour venir développer une colonne vertébrale de transport collectif qui permettrait de venir dégager d’autres autobus, parce que les autobus sur la ligne du tramway vont être redistribués ailleurs dans le réseau, ce qui fait en sorte que la banlieue pourrait être desservie par le transport collectif. »

Aussi, « en termes de transports actifs, on sent une volonté de l’administration municipale par rapport à la mobilité active, surtout avec le vélo, mais tant et aussi longtemps qu’on aura pas de remontées mécaniques entre la haute-ville et la basse-ville des deux côtés de la rive on viendra pas favoriser les déplacements actifs. Monter des côtes à vélo c’est pas fait pour tout le monde. Dès qu’on a des vélos à assistance électrique ou des remontées mécaniques, on élargit à un public qui est peut-être un peu moins actif. »

Enfin, « quand on parle de mobilité intégrée, on pense aux déplacements entre Québec et Lévis et sur les neuf voies qui sont sur les deux ponts il y en a aucune qui soit réservée au transport collectif et pour nous c’est une grande aberration. Se déplacer de centre-ville à centre-ville ça prend tellement de temps, pourtant on n’est pas si éloignés que ça », déplore-t-elle.

Comment résoudre ces enjeux?

D’après Accès transports viables, il y a deux principales actions à entreprendre pour résoudre les enjeux mentionnés précédemment.

Premièrement, ce serait de se pencher sur la traverse Québec-Lévis, un service efficace mais dont le potentiel n’est pas exploité au maximum, surtout en matière de déplacements inter-rives en modes de transport actifs et collectifs, pour favoriser son utilisation.

Deuxièmement, de profiter des chantiers aux têtes des ponts pour en revoir la configuration pour diminuer  la congestion, qui a des coûts économiques et écologiques, afin de maximiser leur utilisation.

La mobilité en banlieue et dans les secteurs périurbains

Quand on pense à mobilité durable, on pense surtout au centre-ville et on oublie souvent la banlieue et les secteurs périurbains, même si c’est un enjeu qui touche tout le monde.

Cependant, les solutions vont être différentes de celles implantées au centre-ville parce que la réalité n’est pas la même.

Marie-Soleil Gagné nous parle de transport à la demande (Flexibus), de covoiturage solidaire, de mini autobus pour desservir les villages, d’un service Communauto, de stations àVélo, de mutualisation du parc automobile municipal et des services de transport scolaire comme alternatives en termes de transports collectifs et actifs pour la banlieue et les secteurs périurbains.

La mutualisation repose sur le même principe que Communauto mais à petite échelle.

Par exemple, une personne ayant une voiture peut la mettre à disposition pour ses voisins qui pourraient la réserver quand ils en ont besoin.

Effectuer une révolution axée sur la mobilité durable

Contrairement au maire Marchand qui semble faire une guerre à l’automobile pour favoriser la mobilité durable, Accès transports viables tente plutôt de sensibiliser les gens à l’importance d’effectuer un virage vert au niveau du transport, surtout dans le contexte actuel de changements climatiques.

« De mon point de vue, on n’ira pas chercher personne en les faisant se sentir coupable par rapport à leurs habitudes de déplacements (modes de transport). On n’ira jamais voir une petite famille de banlieue pour leur dire d’arrêter de prendre leur automobile. On a une posture de pédagogie, d’éducation. On va chercher à s’adapter aux publics que l’on va rencontrer. »

Mais pour que ce changement social se concrétise, on doit revoir la place que l’on accorde à l’automobile, parce que sinon les enjeux de cohabitation entre les différents usagers de la route ne se régleront jamais, affirme la directrice générale de l’organisme.

Ainsi, dans l’optique d’une révolution en termes de mobilité à Québec, Accès transports viables souhaiterait que toute la population ait accès à quatre moyens de transport durable à proximité (ex. : marche, vélo, transport en commun, covoiturage/autopartage, etc.)

Projets en cours et à venir

L’organisme travaille présentement sur plusieurs dossiers tels que la programmation du Mois du vélo 2024 (axée beaucoup sur les secteurs périurbains et Lévis), le projet femmes et mobilité et suit attentivement l’avancement du dossier du financement du transport collectif.

Si vous souhaitez en apprendre plus sur ce que fait l’organisme Accès transports viables, consultez leur site et leurs réseaux sociaux.

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