Chronique : Limoilou, pour toujours

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Le Cégep se défend de vouloir changer son nom pour en retirer le mot « Limoilou »… mais admet en même temps qu’il y a un problème d’image lié au quartier dont le nom est affiché en façade du fameux collège de Québec. Et ça fait jaser…

C’est Radio-Canada qui nous a appris la nouvelle.

Oui, OK. Alors, on va y aller rapidement : oubliez ça, le changement de nom. Vraiment. Control+alt+delete ou encore pomme+supprimer, pour les habitués des Mac.

Étant natif de Québec, je me souviens que l’image de Limoilou a déjà été, il est vrai, plus négative. On s’en moquait, à Québec. C’était, disait-on, un quartier plus dur, plus pauvre. Et fréquenter le Cégep de Limoilou, pendant longtemps, n’était pas synonyme de « quête des hauts sommets ».

Je suis moi-même un ancien de ce collège. J’y étais à une époque où c’est à peine si on se rendait compte que ce Cégep existait, tant il manquait de panache et d’ambition. On enseignait encore les communications pour faire de la radio en enseignant aux étudiants comment faire du montage audio en coupant le ruban à la lame de rasoir.

C’est vous dire…

Oui, je suis vieux ou jeune depuis longtemps. Mais, ce n’est pas parce que tout le monde fonctionnait ainsi. Au contraire, le Cégep était vraiment en retard sur le plan technologique. C’était… comique et triste, à la fois.

Aujourd’hui, c’est pourtant complètement différent.

Limoilou est un nom qui plait, qui fait rêver, un nom qui fait sourire, pour les bonnes raisons. C’est un quartier synonyme de dynamisme, de diversité, de communauté engagée.

Oui, il y a des problèmes qui existent toujours. C’est un quartier en vie, qui bouge, qui évolue. Il y a des enjeux : la pollution, la pauvreté, la criminalité. Mais, c’est pas le centre-ville de Caracas. Faut pas capoter.

Y’a même la gentrification qui s’est invitée dans le quartier. Ça pose des défis pour la mixité et le respect des uns et des autres, mais j’y vois un défi, pas une condamnation à mort.

Et puis, je n’aime pas cette idée de renier notre passé et notre héritage. Limoilou existe, c’est un nom chargé d’histoire, c’est un quartier presque aussi vieux que notre ville. Biffer le mot ne fait que faire semblant que le passé ne nous habite pas. Or, il est là.

Limoilou a du vécu, de belles rides et beaucoup de choses à partager. Vantez-vous du nom Limoilou au lieu de songer à le masquer. Ça s’appelle de la fierté. Et vous savez quoi? C’est bin vendeur, la fierté, quand elle est sincère, positive et assumée.

La direction du Cégep a embauché des consultants externes pour l’aider à réfléchir. Étant payé pour pondre du neuf, il serait étonnant qu’ils concluent qu’il ne faut rien changer.

Mais, j’ai un grand cœur : je vais vous faire épargner temps, argent et acceptabilité sociale : ne touchez à rien.

Limoilou, on aime.

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