Trois quartiers de Québec vus par Allison Van Rassel

L'escalier casse-cou, dans le Vieux-Québec. Crédit photo : Estelle LévêqueL'escalier casse-cou, dans le Vieux-Québec. Crédit photo : Estelle Lévêque

En entrevue, la chroniqueuse culinaire Allison Van Rassel nous parle des quartiers de Québec et de l’identité culinaire qui leur est propre.

Par Estelle Lévêque

En 2023, on recensait plus de 1200 restaurants en activité dans la ville de Québec. Petit-nouveau tout juste installé ou institution de plusieurs dizaines d’années, les restaurants de la Capitale-Nationale surprennent, rassemblent, se démarquent, parfois.

Allison Van Rassel, chroniqueuse culinaire depuis dix ans, rend régulièrement visite aux producteurs, cuisiniers, serveurs, fabricants, restaurateurs de la ville. En bref, elle aime échanger avec quiconque participe avec créativité et authenticité au paysage culinaire de Québec. En entrevue, elle nous parle de ces lieux qui créent l’âme gourmande de nos quartiers.

Saint-Sauveur tatoué sur le coeur

Pour commencer, la journaliste affirme avec conviction son attachement au quartier Saint-Sauveur. Elle décrit cette grande expérience chez ceux qu’elle appelle « électrons libres », qui fait toute la différence. De cette qualité résultent des lieux aux identités fortes.

« La majorité des gens de ce milieu comprennent l’éthique du service à la clientèle et ont vu ce que c’était de travailler avec finesse, attention, détermination et avec les plus beaux produits pour, par la suite, arriver avec des signatures. Le Diner Saint-Sauveur, Chez Tao, le Kraken Cru ; c’est exactement ça. »

Allison Van Rassel tient à souligner l’influence sur le quartier qu’ont eu Thania Goyette et Louis Bouchard Trudeau, propriétaires du bistro d’inspiration lyonnaise Le Pied Bleu.

« Ils se sont installés dans Saint-Sauveur quand personne ne voulait s’y installer. Ils ont pavé le chemin gastronomique du quartier. Faire un restaurant végétarien avec le Renard et la Chouette, faire de la charcuterie à ce moment-là, quand personne ne savait c’était quoi le mot charcuterie à Québec, c’était capoté. Louis et Thania ont eu une superbe vision. »

Selon la chroniqueuse, la ville de Québec pourrait bien former l’avenir de la gastronomie dans la province. « Pourquoi ? Parce qu’il y a énormément de fermes autour. C’est de plus en plus facile pour les chefs de s’approvisionner », explique-t-elle.

Le restaurant Alentours en est le parfait exemple. En 2021, le chef Tim Moroney et son équipe se donnaient pour défi de s’approvisionner uniquement dans un rayon de 150 kilomètres de leur point d’ancrage, dans le quartier Saint-Sauveur. Pour Allison, c’est la preuve que la région de la Capitale-Nationale se démarque.

« Si t’es capable de créer un restaurant comme celui-là à Québec, c’est qu’il s’y passe quelque chose. Un chef qui a travaillé dans les plus grands restaurants du monde et qui vient s’installer dans ce quartier ouvrier pour mettre de l’avant la restauration de l’avenir, c’est quelque chose qu’on voit à New-York, Vancouver ou Toronto d’habitude. C’est à Québec qu’il a fait le choix de le faire, c’est hot ! »

L’aura du Faubourg Saint-Jean

Il y a quelques mois, Allison Van Rassel et son collaborateur Pier-Paul Fortin lançaient l’entreprise deTerroir café. Installée face au parc Saint-Matthews, celle-ci apporte à la rue Saint-Jean un nouveau lieu de dégustation de café, qui valorise la traçabilité des produits. Le Faubourg Saint-Jean est, aux yeux de la chroniqueuse, un des plus beaux quartiers de Québec. À l’extérieur des portes du Vieux-Québec, les commerces mettent de l’avant les produits locaux.

« On ne cherchait pas sur la rue Saint-Jean, c’est l’opportunité qui s’est présentée au bon moment. On n’aurait pas pu trouver de meilleur endroit. » Cette rue au cœur de la ville se démarque, selon Allison, par son aura extraordinaire, semblable à celle de la rue Sainte-Catherine, à Montréal ou de Yonge Street, à Toronto.

Le quartier à son plein potentiel se nourrit de ses repères gastronomiques. Ainsi, la journaliste cite le Nina Pizza, les projets du restaurant le Hobbit ou encore le Jalisco Tacos comme autant de lieux qui témoignent d’un revival du Faubourg Saint-Jean.

Les bijoux du Vieux-Québec

Pour finir, qu’en est-il du Vieux-Québec, et de son offre gastronomique ? Avec son immense attrait touristique, ce quartier emblématique de la ville se trouve saturé en restaurants. « Mais il y a des bijoux », souligne Allison. « Le Bleu Marine, ça c’est une exception. C’est un restaurant qui ne joue pas d’un gros potentiel marketing, mais qui mérite d’être connu. »

On évoque également le restaurant Chez Rioux et Pettigrew, La Tanière, le Laurie et Raphaël, le Clan, ou encore le Champlain. « Ce que je souhaite, c’est de voir davantage de restaurateurs investir dans de l’approvisionnement en circuits courts et de mettre davantage de l’avant des ingrédients d’ici. Quand je dis qu’il y a trop de restaurants, c’est qu’il y en a peut-être trop qui n’ont pas à cœur de mettre de l’avant d’autres cultures identitaires dans l’assiette. »

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