Les glaces : une pièce sincère et nécessaire

Les glaces, à La Bordée, du 10 janvier au 4 février. Crédit photo : Vincent ChampouxLes glaces, à La Bordée, du 10 janvier au 4 février. Crédit photo : Vincent Champoux

Les glaces est présentée au Théâtre La Bordée, dans le quartier Saint-Roch, du 10 janvier au 4 février.

Par Estelle Lévêque

Les glaces raconte l’histoire de Vincent. Dans sa jeunesse, se déroule une soirée particulière avec sa blonde et son meilleur ami de l’époque. Quelque chose se passe, puis s’installent vingt-cinq ans de silence. Alors bien installé dans sa vie, ce qui semblait appartenir au passé le rattrape. Il devra se replonger dans ses erreurs et avec elles, son lot de souvenirs, flous, à décortiquer.

Écrite par Rébecca Déraspe et mise en scène par Maryse Lapierre, cette pièce est d’une justesse remarquable. Tout en nuances, les personnages et ce qui les relie sont décrits avec réalisme et profondeur. Malgré un contexte dur, où l’on cherche un coupable, aucun n’est tout noir ou tout blanc.

L’humanité dans ses extrêmes

En un peu moins de deux heures, la pièce aborde des notions complexes, sans entrer dans les raccourcis. Dans un récit de drame et d’agression sexuelle, les questionnements, à la fois du côté des victimes que des agresseurs, est abordé avec réalisme.

On nous présente des personnages fragiles, blessés, parfois lâches et malhonnêtes, qui se démènent pour faire les meilleurs choix, dans les pires situations. Les glaces aborde l’application de principes moraux dans la complexité du quotidien : Jusqu’où peut-on soutenir les gens qu’on aime ? Peut-on vivre avec le mensonge sur le long terme ? Quand est-ce que la morale motive nos choix, et quand cède-t-elle sa place à l’égoïsme ?

Tout en gardant un fil conducteur fluide, qui nous tient en haleine, Les glaces fait travailler l’esprit. Après une standing ovation du public, on sort du théâtre, la tête foisonnante de questions.

Un jeu touchant et captivant

Christian Michaud, dans le rôle de Vincent, interprète ce personnage à la croisée des époques. Un homme, dans un travail de déconstruction, qui se retrouve face aux erreurs de l’adolescent qu’il était. Anna Beaupré Moulounda, Olivier Normand et Valérie Laroche donnent vie avec habileté aux scènes de conflit comme aux monologues introspectifs.

Daniel Gadouas, qui joue le père de Vincent, est extrêmement touchant de vérité. Le rôle de père fuyant ou maladroit, les non-dits, la difficulté à exprimer ses sentiments : il met en lumière, avec talent, ces mécanismes d’une société où l’on apprend aux hommes à se taire.

Daniel Gadouas et Christian Michaud dans Les glaces. Crédit photo : Vincent Champoux

Enfin, la sœur de Vincent, interprétée par Debbie Lynch-White, apporte une grande énergie, ponctuée tantôt d’humour, tantôt de douceur ou d’une immense honnêteté.

En conclusion, Les glaces est une pièce nécessaire, où l’on aborde des sujets importants en prenant le temps d’expliquer, de réfléchir et d’inciter le public à se questionner.

Éléonore Loiselle joue dans Les glaces, à la Bordée. Crédit photo : Vincent Champoux

Rebecca Déraspe, au sujet de l’écriture de son œuvre, déclare les mots suivants. « Le hasard m’a amenée à découvrir des prises de parole féministes, datant du début du siècle. […] C’est là que j’ai compris que les batailles menées par mes paires ont une perspective historique ; ce n’est ni un sujet à la mode, ni un sujet qui n’appartient qu’à une époque. Au sujet déjà central de mon texte s’est alors ajoutée la lumière de la sororité, de la sincère, de la réelle, de celle qui peut transformer, en profondeur, nos rapports à l’autre. »

Les billets pour Les Glaces sont disponibles à la billetterie de La Bordée, au 315, rue Saint-Joseph Est. Visitez également le site internet du théâtre.

Commentez sur "Les glaces : une pièce sincère et nécessaire"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.