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Grand Marché : est-ce la dernière chance ?

Le maire de Québec Bruno Marchand et Mélissa Coulombe-Leduc, responsable d'Expo-Cité en point de presse ce lundi 21 novembre.Le maire de Québec Bruno Marchand et Mélissa Coulombe-Leduc, responsable d'Expo-Cité en point de presse ce lundi 21 novembre. Crédit photo : Sophie Williamson.

Malgré les défis actuels du Grand Marché, le maire Bruno Marchand assure que ce « lieu doit réussir » et « être intéressant », ce pourquoi la Ville offre un soutien financier supplémentaire et réitère sa confiance envers les gestionnaires.

« Il est beau ce Grand Marché là, déclare-t-il. Les gens y vont. Les gens vont continuer d’y aller davantage. » 

Rappelons que la Ville de Québec annonçait ce vendredi des allégements financiers visant à soutenir le Grand Marché, dont l’octroi d’une aide ponctuelle de 44 480 $ pour favoriser l’animation et la promotion du site.

Ce montant vise le développement d’un plan stratégique qui « mettra l’accent sur le marketing et les communications », notamment en misant sur les clientèles touristiques.

Dans le communiqué, la Ville indique que « malgré les efforts de rationalisation des dépenses et de croissance de ses revenus […], la situation financière de la Coopérative et les conclusions tirées des dernières années d’exploitation incitent la Ville à revoir certaines modalités ».

L’entente de gestion, exploitée par la Coopérative des Horticulteurs de Québec (CHQ), sera donc ouverte une troisième fois.  

Pour ajouter au poids du dossier, Radio Canada révélait les difficultés que vivent plusieurs marchands dû à un achalandage qui n’est pas au rendez-vous : départs anticipés, faibles revenus, etc. La Ville indique plutôt un « succès d’achalandage » avec en moyenne un million de visites par année.

Un gouffre financier ?

Il faut savoir que la Ville soutiendra financièrement la Coop pour venir en aide au Grand Marché en se privant de revenus. Notamment, elle révisera à la baisse le montant de la redevance que la Coop devra verser à la Ville quand elle fera des profits, en la faisant passer de 35% à 15%.

Mélissa Coulombe-Leduc, responsable d’Expo-Cité, précise que le 35% n’a jamais été atteint, donc que la clause n’a permis à la Ville de réaliser aucun profit depuis l’ouverture. La baisse de la redevance à 15% n’aura ainsi aucun impact financier réel.

Les revenus que la Ville pourrait faire dépend ainsi des revenus de la Coop. « Pour les trois prochaines années, ça se peut que ce soit zéro », laisse tomber Mélissa Coulombe-Leduc.

Or, elle rappelle que la Coop paie des taxes foncières d’environ 465 000 $ par an. 

« Aujourd’hui, c’est important de dire que le seul montant qu’on vient ajouter est une subvention à travers les programmes d’aide aux commerçants de 44 000$ », poursuit la responsable d’Expo-Cité.

Quant à lui, le maire de Québec affirme que le soutien de la Ville de Québec à la Coop gestionnaire du Grand Marché est « indéfectible ».

« Il ne s’agit pas de dire ça coûtera ce que ça coûtera, précise-t-il. Ce que je dis, c’est qu’on va chercher des solutions avec eux pour que ça fonctionne. On en a besoin pour l’économie locale, pour nos agriculteurs et pour les gens qui veulent acheter à proximité, venant de producteurs locaux. »

Des produits trop chers ?

Plus tôt lundi, la cheffe de Transition Québec demandait à l’administration de revoir l’offre du Grand Marché pour y rendre disponibles des aliments à prix raisonnable. 

Elle déplorait le prix de 12 piastres pour six pommes dans un quartier populaire qui est « un désert alimentaire ». Selon le maire de Québec, il s’agit d’un préjugé nuisible au Grand Marché, puisque « ce n’est pas vrai que tout est plus cher ». Par ailleurs, il note le coût que peut représenter l’achat de produits moins chers qui proviennent de l’étranger.

« Ce n’est pas vrai qu’on aide le Grand Marché quand on le critique, réagit-il. C’est pas vrai qu’il y a personne […] C’est pas vrai qu’on aide le Grand Marché quand on dit qu’il y a juste des produits de niche et que ça coûte 12 piastres s’acheter une pomme. C’est faux. C’est complètement faux. »

Bruno Marchand reconnait qu’il existe des produis nichés qui valent plus chers et qui font partie de la commercialisation du marché, mais « qui sont tout à fait dans l’ordre de prix de ce qu’on peut trouver ailleurs ».

Le maire insiste sur le fait que le lieu est intéressant et doit être soutenu, tout en admettant qu’il y a « place à s’améliorer ».

« Aujourd’hui, ce qui m’importe c’est de faire un succès de cet endroit », assure Bruno Marchand, notant que le secteur sera florissant dans les prochaines années.

Un héritage du maire Labeaume

Le chef de l’opposition officiel Claude Villeneuve rappelle qu’il s’était montré très sceptique du projet de Grand Marché et qu’il l’avait critiqué en tant que chroniqueur pour le Journal de Québec.

« Aujourd’hui, quand j’en parle, je le fais comme usager, soutient-il. Je l’ai adopté. J’y vais une fois par semaine […] Je discute avec eux [les commerçants] et je suis au courant que c’est difficile. Les loyers sont élevés et l’achalandage n’est peut-être pas toujours au rendez-vous. »

Le chef de Québec d’abord estime toutefois que la situation n’est pas catastrophique, mais que les bons choix doivent être faits. Par exemple, l’augmentation du coût des loyers représente un risque non seulement pour la survie des marchands, mais aussi pour le prix des aliments.

« La formule est manifestement encore à améliorer, note Claude Villeneuve. Il reste des choses à revoir. »

Selon lui, le modèle doit se pérenniser pour devenir rentable. « On ne peut pas saigner de l’argent dans cet endroit-là à jamais », laisse-t-il tomber.

Claude Villeneuve, chef de Québec d'abord, en point de presse ce lundi.Claude Villeneuve, chef de Québec d'abord, en point de presse ce lundi.
Claude Villeneuve, chef de Québec d’abord, en point de presse ce lundi. Crédit photo : Sophie Williamson.

Manque de transparence ?

Par ailleurs, il faut savoir que les états financiers de la Coopérative des horticulteurs ne sont pas publics. À ce sujet, Claude Villeneuve réclame davantage de transparence.

Il veut que la Coop soit « capable de dire quel est leur plan » et comment elle arrivera à relever la situation.

« Si on demande à la Ville d’investir et de s’engager pour offrir à la Coop des horticulteurs un coup de main qui leur convient, en échange ça serait le fun qu’elle nous fasse une reddition de compte, ajoute le chef de l’opposition. Je pense que les citoyens sont en droit de s’attendre à ça. »

Selon lui, la Ville devrait ainsi en faire plus pour exiger des rendements de compte du gestionnaire du Grand Marché.

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