Budget 2023 : les partis de l’opposition se questionnent

Le chef de Québec d'abord Claude VilleneuveLe chef de Québec d'abord Claude Villeneuve. Crédit photo : Sophie Williamson.

Québec d’abord, Transition Québec et Québec 21 accueillent le budget 2023 de l’administration Marchand avec réserve, notamment concernant la question de la hausse du coût des vignettes, de la réserve pour les changements climatiques et du Programme décennal.

Des comités pléniers auront lieu cette semaine pour que les conseillers puissent poser leurs questions et analyser le budget plus en détail.

Les chefs des partis d’opposition ont tout de même tenu ce lundi à donner leur avis à chaud suite à la présentation du budget. Notons que durant le huis clos, ce sont plus de 500 pages de documentation qui sont présentées aux journalistes et conseillers municipaux. Ceux-ci ont une heure pour les survoler.

« Pas d’orgie »

« On trouve qu’il y a du très bon et du moins bon ou du très mauvais, mais c’est souvent comme ça », commente le chef de Québec d’abord, Claude Villeneuve. Il explique que lui et son équipe prendront le temps de réfléchir.

« On est mitigé et ouvert », résume-t-il. Vu le contexte économique difficile, Claude Villeneuve estime que c’est une bonne nouvelle que l’équipe du maire ne se soit pas « lancer dans le bar ouvert des dépenses ».

« Au moins, il n’y a pas d’orgie qui a commencée aujourd’hui », lance-t-il.

Vignettes et parcomètres : la Ville va trop ou pas assez loin ?

Les élus expliquent d’emblée ne pas avoir été consultés concernant la hausse du prix des stationnements. Québec d’abord et Québec 21 s’opposent fermement à cette hausse qui comprend deux volets : les vignettes (augmentation de 82$ à 120$) et les parcomètres (augmentation de 0,5 $/heure).

D’après Claude Villeneuve, la raison que donne le maire pour justifier la hausse du prix de la vignette, soit le coût d’entretien du stationnement, n’est pas légitime.

« On la paye pour avoir le droit d’avoir un stationnement garanti au centre-ville par rapport à d’autres usagers, défend-t-il. C’est quelqu’un qui fait le choix de vivre au centre-ville, de ne pas participer à l’étalement urbain et de probablement faire une plus grande partie de ses déplacements à pied. »

Bref, il trouve « déplorable » que cette mesure s’attaque aux citoyens des quartiers centraux.

« Les automobilistes vont bien se tenir », lance Stevens Mélançon avec irritation face à ces hausses annoncées. Québec 21 déplore en général que le budget 2023 coupe dans les services aux citoyens.

Selon Jackie Smith, le prix des vignettes devrait être révisé à la hauteur du coût d’entretien, soit à 588$ par année. « Il faut une mesure qui va charger le prix juste », déclare-t-elle.

Malgré la hausse à 120$ du prix des vignettes, elle juge que la Ville « continue à subventionner les automobiles dans les quartiers centraux ».

La cheffe de Transition Québec appuie par ailleurs la hausse de 20% du prix des parcomètres, bien que l’augmentation aurait pu être plus importante.

La gestion des finances et les commerçants

« C’est un équilibre budgétaire atteint avec des sommes qu’on avait engendrées l’année passée », critique Claude Villeneuve.

Il ajoute que cela est « dangereux » et ne correspond pas à une saine gestion des finances, ne respectant pas une mesure de précaution qui est de conserver l’équivalent de 10% du budget en liquidité.

Par ailleurs, il trouve que le budget n’est pas « pour les commerçants », vue la hausse de taxes résidentielles à 2,5 %. À cela s’ajoute selon lui la fin des permis de terrasse à 50$, puisque le coût du permis qui sera déterminé en fonction de la superficie risque de faire augmenter davantage les prix.

De son côté, Québec 21 déplore qu’avec le budget 2023, du point de vue de la dette, « on revient en 2019 ». Quant à la question des taxes, Stevens Mélançon revient sur sa proposition de gel de taxes pour les commerçants qui aurait dû selon lui être adoptée.

Stevens Mélançon et le chef de Québec 21 Patrick Paquet
Stevens Mélançon et le chef de Québec 21 Patrick Paquet. Crédit photo : Sophie Williamson.

Un budget « conservateur » 

« C’est un budget extrêmement conservateur, ça c’est clair pour moi », affirme d’abord Patrick Paquet, le nouveau chef de Québec 21, affirmation avec laquelle Jackie Smith est en accord, bien que pour des raisons différentes.

Le chef de Québec 21 s’oppose notamment à la réserve pour les infrastructures climatiques qui devrait servir plutôt selon lui « pour l’argent qui sera payé par les contribuables », notamment due à la hausse attendue des coûts du projet de tramway.

De plus, Patrick Paquet estime que le budget se montre aussi moins conservateur puisqu’il « puise dans des réserves ». « C’est une preuve que nous taxons trop parce que nous accumulons des revenus supplémentaires à chaque année », soutient-il.

« Ce que je vois pour l’instant, c’est que les montants prévus pour l’acquisition de terrains pour les logements sociaux diminuent », critique Jackie Smith qui croit aussi que l’administration fait preuve de conservatisme.

Les bons coups selon Claude Villeneuve

Le chef de l’opposition officielle déclare se réjouir du respect de ses attentes principales. À ce titre, il cite le respect du cadre financier, le maintien des investissements d’infrastructures, le soutien pour les plus vulnérables, les organismes, le maintien des services et d’accès au loisir.

Par ailleurs, Claude Villeneuve voit d’un très bon oeil la réserve d’infrastructures pour les changements climatiques et souscrit aux objectifs du maire. Il se réjouit aussi de voir la gratuité pour les bases de plein air maintenu.

« Il y a un ajout dans le budget qui nous fait très plaisir, c’est celui d’effectifs pour les dossiers de violence conjugale et d’agression sexuelle », poursuit le chef de Québec d’abord en soulignant que l’initiative a été porté par son ancienne collègue Geneviève Hamelin.

Il se dit très fier que l’équipe du maire Marchand ait fait le choix de l’ajouter au budget et leur accorde tout le mérite.

Le développement durable « a le dos large »

Selon Jackie Smith, l’administration sortante émet le sceau « développement durable » à des mesures qui n’en sont pas réellement.

À titre d’exemple, la judiciarisation des personnes, le développement des technologies d’information et le développement du projet Innovitam sont comptabilisés comme des mesures de développement durable.

« Il me semble que nous ne nous donnons pas suffisamment de moyens pour relever les défis urgents qui se posent à nous, déclare la cheffe de Transition Québec. Nous devons créer plus de revenus par des mesures d’écofiscalité fortes. »

Au sujet de la réserve pour les changements climatiques, elle croit que cela « n’est pas une mauvaise idée ». Toutefois, elle précise que les moyens pour contrer la crise ne sont pas à la hauteur, ce qui devrait être selon elle une priorité.

La cheffe de Transition Québec, Jackie Smith
La cheffe de Transition Québec, Jackie Smith

Plan décennal : « pelleter en avant » ?

Le chef de l’opposition officielle craint que le Programme d’investissement sur 10 ans au lieu de cinq revienne simplement à « pelleter par en avant ».

« J’ai peur que ça devienne une façon de dire : c’est réalisé, c’est au PDI alors qu’on n’a pas de réalisations, ni d’échéancier et qu’on ne sait pas quand ça va se faire », commente-t-il.

« On a de la misère sur 5 ans, on va arrêter de pelleter des nuages », lance Stevens Mélançon en riant. Il croit que cela n’est pas sérieux et qu’un plan logique, restreint en nombre d’années, devrait être élaboré.

Québec 21 a d’ailleurs déjà donné un surnom humoristique au PDI : « le programme de développement indéterminé ».

Quant à elle, Jackie Smith ne saisit pas l’utilité du changement, puisqu’on « ne peut pas vraiment prévoir sur 10 ans ».

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