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Chronique : Où est la révolution?

Par David Lemelin

Le groupe Depeche Mode sortait, il y a quelques années, une chanson intitulée « Where’s the Revolution » (où est la révolution)?  Les trois Anglais se demandaient ainsi où se trouvaient celles et ceux, apparemment nombreux, qui souhaitaient refaire ce monde de plus en plus chaotique en cette ère trumpienne d’alors.

Au Québec, plusieurs partis ont promis une « révolution » : Québec solidaire avec le climat, le Parti Québécois avec la souveraineté, le Parti conservateur du Québec avec la « libarté ».

Y’a pas eu de révolution. Zéro.

Ainsi, plusieurs le réalisent à nouveau : une fois qu’on sort de sa chambre d’écho, le constat est frappant.

Y’a pas d’appétit pour la révolution. Zéro.

Bien des solidaires se voyaient dans l’opposition officielle, le couteau entre les dents, prêts à déstabiliser mononcle Legault.

QS n’a presque pas bougé.

Plusieurs péquistes se voyaient aussi dans l’opposition officielle, prêts à tirer profit des faiblesses nationalistes du même mononcle.

Le PQ a juste survécu.

Et bien des réactionnaires antivax se voyaient renverser l’Assemblée nationale en commençant par l’élection de plusieurs de leurs gourous.

Le PCQ n’a pas un seul élu.

On peut blâmer le système électoral (et je le fais dans un instant), mais un démocrate doit aussi accepter la réalité : plus nombreux sont les Québécois qui ont eu envie de « continuer ».

On a beau trouver le gouvernement caquiste médiocre (et j’estime que c’est le cas à bien des égards, à commencer par la protection du français et de l’environnement et l’aménagement du territoire), les gens ont probablement, dans une large mesure, remercié Legault pour sa gestion de la pandémie, quoi que vous en pensiez.

Ainsi, la modestie devrait être à l’honneur chez les opposants. En revanche, on s’attend (en tout cas, moi) à de l’arrogance, puissance 10, du côté de la CAQ. Comme me disait un ami : « C’était déjà laid alors qu’ils n’étaient que 76… »

Là, vous pourrez blâmer le système électoral tordu au possible. Car, plus que les Québécois eux-mêmes, le système électoral ne veut pas de révolution. Aucune. Il aime quand ça ronronne. Ça donne une situation burlesque où la CAQ ramasse 71% sièges avec 41% des suffrages. Mais, c’est stable. Très. Trop.

Alors, aussi bien vous y préparer : ce sera compliqué de défendre l’environnement. Vraiment. Car la CAQ et le PCQ totalisent 54% des voix. Les progressistes sont minoritaires. Ça va paraître dans le ton et dans le geste.

Et si vous souhaitez empêcher la réalisation du foutu troisième lien, achetez-vous un sac de couchage. On devra faire du piquetage et occuper des lieux stratégiques pour passer des messages. C’est pas les deux députés de QS qui suffiront, on le devine. Ils ne seront pas en situation de force.

En même temps, il faudra bien tenir compte des humeurs démocratiques. Il est possible que tous les efforts ne donnent aucun fruit. L’électeur semble encore préférer ne rien changer, surtout pas ses habitudes.

On pourra alors se demander à nouveau, comme le dit la chanson : où est la révolution?

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