À l’occasion du 12 août, la journée J’achète un livre Québécois, le Carrefour vous fait découvrir des librairies indépendantes de la Ville de Québec. Au cœur du quartier Saint-Sacrement, le café-librairie Le Mot de Tasse invite les lecteurs à se poser dans une ambiance conviviale et chaleureuse.
Par Juliette Nadeau-Besse
Provenant du milieu scientifique, Chantal Savoye entretenait le rêve d’ouvrir un café-librairie depuis une vingtaine d’années déjà. Le Mot de Tasse a finalement vu le jour sur le chemin Sainte-Foy il y a 4 ans et demi. Ayant en poche une formation sur l’entreprenariat et sa passion pour la lecture, Chantal Savoye a mis au monde un repère de lecture cher aux résidents du quartier Saint-Sacrement.
Par ailleurs, la librairie est l’hôte de plusieurs activités : ateliers d’écriture, conférences, prestations musicales, etc. Si la clientèle du café est presque exclusivement résidente du quartier, les activités attirent généralement un public plus vaste et varié. Le Mot de Tasse accueille également des expositions d’art visuel, dont les réservations d’exposants sont déjà très nombreuses.
Pour la propriétaire du Mot de Tasse, le 12 août n’est rien de moins qu’une grande fête. Pour la propriétaire, il s’agit de l’occasion de faire découvrir aux acheteurs la littérature d’ici. La clientèle du Mot de Tasse est définitivement au rendez-vous pour encourager la littérature québécoise. Dans les années passées, la librairie a même fermé 1h30 plus tard que prévu tant l’achalandage était impressionnant.
Pour une seconde année, l’événement J’achète un livre québécois s’associe avec la Fondation pour l’Alphabétisation et son programme La lecture en cadeau. L’objectif est de recueillir des dons de livres jeunesse afin d’offrir un livre neuf à des enfants dans le besoin.
Ancrée dans son quartier
Le Mot de Tasse est sans équivoque ancré dans la communauté du quartier Saint-Sacrement. En temps de pandémie, Chantal Savoye a ressenti l’ampleur du soutien de sa clientèle : « Il y a eu un soutien vraiment pour se dire : si on ne fait rien pour la librairie, elle va tomber. Et c’était vrai ». La promotion de l’achat local dans les premiers mois de la crise a définitivement contribué au succès du Mot de Tasse.
Des concitoyens la saluaient par la fenêtre, certains lui ont offert d’aider à faire la livraison de livres. « C’est ça aussi, c’est le lien qu’on crée. Moi je connais le prénom de probablement 95% de mes clients. Ils connaissent aussi mon prénom d’ailleurs! » s’esclame Chantal Savoye, visiblement heureuse de ce lien de proximité.
Au-delà du succès de son entreprise, Chantal Savoye milite pour un quartier animé et une solidarité entre commerçants. « Pour que chaque commerce fonctionne, il faut aussi que l’ensemble du quartier fonctionne, » explique Savoye, saluant sa cohabitation avec le café Follia, un coin de rue plus loin. Le Mot de Tasse se procure notamment pâtisseries et collations auprès de la Boule-Miche, la boulangerie située tout près.
La qualité plutôt que la quantité
Il est important pour Chantal Savoye de ne pas étouffer l’espace de livres. Dans l’optique de permettre la circulation, de l’espace pour les enfants et l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, l’espace pour entreposer les livres est limité. Il est donc nécessaire de faire une sélection rigoureuse des bouquins tenus en inventaire. C’est ce qui confère au café son ambiance apaisante et aérée.
D’abord, le Mot de Tasse ne garde généralement qu’un exemplaire de chaque ouvrage. « Je pensais que ce serait un problème, mais les gens du quartier qui constituent 90% de ma clientèle préfèrent attendre une semaine et avoir une librairie dans leur quartier plutôt que d’avoir tout et d’aller ailleurs, » explique Chantal Savoye. Ensuite, la propriétaire favorise la diversité des genres et des provenances : « Une librairie indépendante c’est aussi ça : il faut essayer de maintenir une bibliodiversité ». La propriétaire garde également une place pour les découvertes.
Choisir ses combats
Bien qu’ils soient définitivement une forme de concurrence à son commerce, Chantal Savoye ne fait pas la guerre aux géants du web et aux chaînes commerciales : « Je ne me bats pas là où ils sont bons. Là où ils sont bons, c’est qu’ils sont capables de livrer en deux jours. C’est pas si souvent que ça qu’on a besoin d’un livre en deux jours! »
Lorsqu’un client est rapidement à la recherche d’un livre qu’elle n’a pas, la femme d’affaires n’hésite pas à le rediriger vers une autre librairie indépendante de la ville qui pourrait lui vendre. Pour Chantal Savoye, la satisfaction du client et le bien-être de sa communauté est vraisemblablement la priorité.
Avant la pandémie, environ 60% du chiffre d’affaires provenait de la portion librairie, contre 40% pour la portion café. Actuellement, le ration se situe plutôt autour de 75% pour la librairie et 25% pour la section café. Ces changements sont explicables par l’engouement pour la lecture et la chute de l’achalandage du café qui se sont produits pendant la pandémie.
La propriétaire du Mot de Tasse comprend clairement l’attrait de la lecture pour les Québécois : « Il y a eu un certain nombre de personnes qui avaient plus de temps, puis les activités de loisirs étaient plus réduites. Le livre est devenu une sorte de refuge qui permet de s’évader ».
Chantal Savoye ne cultive pas des idées de grandeur pour son espace boutique, elle aime garder un lieu chaleureux et la proximité avec ses clients. Ses projets pour l’avenir du commerce sont plutôt de développer l’offre d’activités sur place ainsi que la vie de quartier dans Saint-Sacrement. Fraîchement librairie agréée, elle pourra également vendre des livres aux écoles et bibliothèques.
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