Chronique : La vieille rockeuse et l’iceberg

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Par Martin Claveau

Un peu mal pris durant les vacances, nous sommes allés du côté de New-York. Nous avions prévu un voyage en Europe, mais notre incapacité à recevoir le passeport de notre fille nous a forcé à chercher une solution accessible.

C’était ma troisième visite dans la grosse pomme. Ça faisait longtemps que je n’avais pas croqué dans cette ville qui demeure le creuset de toutes les tendances.  L’urbain en moi salivais à l’idée de découvrir ce qui s’en vient chez nous dans les prochaines décennies.

Je dois me faire vieux car j’ai été un peu déçu. L’énergie de cette ville est contagieuse, c’est vrai, mais elle est aussi toxique. Moi qui croyais être inspiré par de nouvelles idées, j’ai été déçu en redécouvrant à quel point une vie urbaine si intense peut-être taxante quand on s’y incruste quelques jours.

Si la vie, comme elle se passe là, constitue le futur de l’humanité, eh bien je veux retourner vivre dans le passé!  Moi qui entretiens habituellement un préjugé favorable à la densification, le bout de l’arc en ciel urbain que constitue cette métropole ne m’apparait pas bien réjouissant et nous conduit tout droit vers un cloaque.

Pour un Limoulois comme moi, La qualité de vie des new-yorkais apparait bien mince et en plus, elle coûte une fortune que peu de gens ont les moyens d’assumer. Le prix d’un terrain au centre-ville est tel que la moindre parcelle fait l’objet d’une construction pharaonesque. Les promoteurs n’ont pas le choix d’empiler les étages pour rentabiliser leur investissement et la ville devient un chantier perpétuel.  

Ceci dit, j’avoue que ce qu’on y bâti est très beau, on ne peut le nier. Cette ville représente le nirvana pour les architectes. Cette beauté semble bien cosmétique et s’apparente à pratiquer une chirurgie esthétique sur une vieille rockeuse qui fume des « export A plain » alors qu’elle tousse comme une consomption.  

Ce qui m’a découragé en revisitant New-York, c’est de voir à quel point la présence d’un transport en commun efficace, de vélos électriques et tout l’espace consacré aux marcheurs ne désengorge aucunement les rues.  Des milliers de voiture s’y embourbent encore chaque seconde et klaxonnent leur frustration.

Bien sûr, tout ça est loin de ce qui se passe chez-nous, mais ça prouve que, malgré tout ce qu’on leur propose, bien des gens continueront à prendre leur voiture. Bref, on n’est pas sorti de notre iceberg, comme disait le capitaine du Titanic.  

L’exemple est extrême, mais il suffit de voir vers quoi, plus près de nous, Montréal se dirige pour se questionner sur cette belle croissance urbaine.

Le « tout à la ville », le tramway et les boulevards urbains ne sont peut-être pas la solution à tous nos problèmes comme on nous le vend.  Ceux-ci sont peut-être bien plus profond qu’on le pense et ce n’est peut-être pas la densification qui va régler tout ça.

Commentez sur "Chronique : La vieille rockeuse et l’iceberg"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.