LE PRINCE ET LE TUNNEL

David Lemelin présente sa chronique Droit de citéDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Demander un troisième lien au plus sacrant en s’appuyant sur l’état des ponts, c’est comme espérer retrouver sa forme et sa ligne maintenant en se disant qu’on a prévu commander des matériaux pour se faire un potager plein de laitue, dans 10 ans. Ça va être long avant de voir le résultat devant le miroir. Serait plus efficace de planifier son menu de la semaine…

Par David Lemelin

Évidemment, le maire de Lévis, un pro-chars insatiable, profite de toutes ces petites occasions qui semblent pouvoir, espère-t-il, fournir un argument valable à ceux qui veulent flamber 10 milliards dans deux trous. Tout ce qui compte, c’est le calcul électoral. Le reste – les faits, la science, les bonnes pratiques, les finances publiques – on s’en moque.

En fait, pousser dans le dos d’un projet dont la coupe du ruban laissant passer le premier char sera, au mieux, en 2032… c’est pour le moins contreproductif. Bien sûr, on sait que Lehouillier sait que c’est pas pour demain. Mais, ici, on n’est pas dans le royaume de la logique et de la saine gestion : on est dans les com politiques. Tout ce qu’il veut, c’est faire de la pression en passant des lignes de com.

Mais, s’alarmer de l’état des ponts n’est pas exclusif aux politiciens en perpétuelle campagne. C’est aussi un jeu que joue le syndicat des ingénieurs qui tire la corde sensible, dans les moments qui lui semblent opportuns, pour faire des gains. En général, il se fait taper sur les doigts pour les excès de ses déclarations, mais c’est néanmoins une autre source qui alimente les craintes, voire la paranoïa concernant la sécurité des ponts.

En réalité, le laisser-aller évident de la CAQ au sujet de l’entretien des ponts est presque caricatural : on le sait que ça « aide » sa cause, celle du troisième lien. Or, la saine gestion et la sécurité des citoyens commanderaient qu’on s’occupe sans tarder de ce qui presse, en investissant dans les structures existantes.

Ahhhh… mais ça, c’est pas sexy.

Ça, ça se vend mal en campagne. On coupe pas de ruban quand la couche de peinture est terminée sur le pont de Québec. On fait rien de spécial et c’est pas payant, électoralement.

Or, on l’a vu, les structures existantes peuvent faire partie de la solution, notamment au moyen d’une gestion dynamique sur les ponts (faire varier judicieusement les sens et les accès des voies). Oui, mais non. Ça non plus, c’est pas sexy. En campagne, c’est trop beige comme réalisation.

En politique (à l’ancienne), on préfère annoncer du neuf. On préfère annoncer des maisons des aînés au lieu de soigner les résidences et CHSLD qu’on a déjà. On préfère ajouter des bouts de route, au lieu de réparer celles qui manquent d’amour.

Parce que, en politique, ce qui compte, c’est la victoire, quitte à obstruer la vue par des apparences, même loufoques.

C’est Nicolas Machiavel qui doit être fier…

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