La visite du pape François à Québec : Entrevue avec Ghislain Picard

Ghislain PicardGhislain Picard. Photo: AFN

Nous avons rencontré le chef de l’assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard afin de discuter de la visite du pape François à Québec, du 27 au 29 juillet. Monsieur Picard nous fait part de ses attentes et interrogations au sujet de la visite papale imminente au Sanctuaire de la Basilique de Saint-Anne-de-Beaupré.

Par Marie-Ève Groleau

Qu’attendent les 11 nations et l’assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador de la visite du pape à Québec et comment voyez-vous la suite du processus à la fin de cette visite ?

Les attentes perdurent, suite aux excuses prononcées en 2008. Nous attendons un développement significatif de considérations, d’excuses spécifiquement à l’égard des survivants des pensionnats autochtones. Nous souhaitons tourner la page sur ce triste chapitre de l’Histoire et réaliser une Réconciliation.

De manière conséquente, nous souhaitons faire reconnaitre que les territoires étaient déjà habités avant la venue des colons en 1492 et de l’objectif de conversion à la religion Catholique par un décret du pape Alexandre IV. Une conversion qui incluait les visées de faire disparaitre toute trace de la spiritualité et des cultures des Peuples Autochtones. Nous souhaitons, pour nous aujourd’hui et en regard aux autochtones de l’époque, de mettre fin à la doctrine de la découverte des territoires qui présentait le territoire comme soi-disant non habité. Pour nous, cela représente une fausse conception.

Quel type de mobilisation faites vous dans le cadre de cette visite?

Plusieurs milliers de survivants des pensionnats, du Québec, de l’Ontario et des Maritimes se mobiliseront et veulent être présents à Saint-Anne-de Beaupré. Nous souhaitons être les premières personnes à souhaiter la bienvenue au pape François. Nous sommes en période d’attente de confirmation pour exprimer et joindre nos revendications. Nous espérons d’abord pouvoir être sur place, puisque nous ne sommes pas encore certains que le pape, qui a la santé fragile, sera en mesure de faire le voyage.

Pensez-vous que la visite du pape François contribuera à sensibiliser davantage les gens à la cause autochtone?

 Si les gens prennent une minute pour se mettre à la place et dans l’esprit d’un survivant des pensionnats,  je pense que nous avançons vers une plus grande compréhension de plus d’un siècle d’atrocité. Ce que les enfants ont vécu a été mis sous le couvert, mais maintenant est exposé au grand jour. La découverte des tombes anonymes a renforcé l’idée que ce n’est pas une invention. La population générale a un devoir de mémoire.

Faites-vous une distinction dans le niveau d’importance entre le gouvernement canadien et la religion catholique dans la responsabilité de ces évènements historiques?

Le plan a été orchestré par l’Église qui avait un pouvoir politique et une très forte influence dans le contexte local. Cette planification politique a été réalisée de concert avec l’Église Catholique. Dans la colonisation, l’Église n’était jamais loin.

Voyez-vous une résolution finale à l’égard de la Réconciliation dans 10 ans, 20 ans, 50 ans ou plus ?

C’est un processus complexe. Par exemple, lors de la dernière visite à Rome de la délégation, personne ne pouvait s’imaginer que le Vatican est propriétaire d’une vaste collection d’artefacts de nos communautés, des objets sacrés qui ont été arrachés aux Nations. Cette découverte a brisé le cœur de nos représentants. C’est un grand processus de rapatriement de cette grande collection.

La priorité, pour le moment, réside dans le processus de guérison des survivants et dans la préparation à tourner la page.

Allez-vous rencontrer le pape François personnellement ?

Ce n’est pas prévu pour moi. Le programme de la visite représente un aspect protocolaire et la priorité est pour les survivants. La question leur appartient et ils sont sur le chemin de la guérison.

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