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La pièce de théâtre Hurlevents revit sur les planches de LANTISS

Eve Méquignon, Laurence Jomphe et Athéna WhittonSur la photo: Eve Méquignon, Laurence Jomphe et Athéna Whitton. Photo: Mario Croteau,

La pièce de théâtre Hurlevents de Fanny Britt est présentée par la troupe les Treize de l’Université Laval jusqu’au 8 mai à LANTISS du pavillon Louis-Jacques Casault.

Par Marie-Ève Groleau

Librement inspirée du roman Les Hauts de Hurle-Vent d’Emily Brontë publié pour la première fois en 1847, Fanny Britt, dramaturge québécoise, écrit la pièce Hurlevents, en 2018.

Résolument en phase avec le milieu universitaire, avec le contexte dans lequel la pièce est présentée, Philippe Savard signe la mise en scène de cette œuvre stimulant l’intellect, le cœur et qui pose un regard affuté sur l’expérience tumultueuse de l’amour, de la vengeance et de questionnements éthiques.

Féminisme, engagement et dénonciations

Précisément, l’adaptation de Fanny Britt expose de manière centrale un conflit moral entre deux postures personnelles incarnées par les personnages de Marie-Hèlène (Athéna Whitton) et Isa ( Laurence Jomphe).

«  La pièce oppose deux visions féministes, l’une qui prône la liberté de choix, le droit d’être, d’agir selon son raisonnement personnel et son propre consentement. L’autre vision perçoit les problématiques d’abus de pouvoir ou d’harcèlement d’un œil plus collectif ou social », explique le metteur en scène, Philippe Savard.

Abordant l’éthique à l’égard de rapports de pouvoir amoureux et les questions féministes qui font penser à la lancée du récent mouvement #metoo, Hurlevents, au ton dramatique et réaliste présente au spectateur la rencontre avec les personnages de la génération des milléniaux, dans un contexte de souper de colocataires étudiants à l’université.  

« D’autres enjeux s’entrecroisent et peuvent être faire émerger différentes réactions, selon l’actualité du moment. Dans ce cas-ci, on peut penser à la question de l’avortement ou des références au colonialisme, aux sépultures trouvées dans les pensionnats autochtones, pour ne nommer que ceux-là », précise Philippe Savard.

Minimalisme poétique

Même si la pièce est empreinte de réalisme, les apartés poétiques qui ponctuent le rythme de jeu amènent une dose d’onirisme bienvenue. Le vent et la tempête, bien présents de manière sonore et évoquée, nous ramènent au cœur de la tension entre la violence et la tendresse, entre la passion et la vengeance. Vengeance reconnue pour laquelle les personnages éprouvés n’obtiennent pas la satisfaction espérée.

Accueilli à la luminosité totale ambiante du lieu de présentation, on comprend rapidement que nous sommes dans une salle de cours universitaire, choix assumé pouvant être agréablement surprenant. D’autant plus que d’entrée de jeu, Marie-Hélène (Athéna Whitton), professeure de littérature adopte une posture scrutatrice dès le départ, offrant au public son regard, ce qui attire l’attention dans l’espace dépouillé et multifonctionnel, permettant de mettre en haleine le spectateur et de le préparer à l’écoute et l’appréciation.

Ce fonctionnalisme du décor dans lequel cohabitent les comédiens d’une grande justesse permet quelques possibilités de lieux et d’ambiance dans le lequel se déroule l’action. Valorisant la souplesse de la langue par l’anglicisme, les personnages féminins forts d’Émilie (Eve Méquignon),d’Isa (Laurence Jomphe) et de Catherine ( Mathilde Pelletier-Côté) vivent différents états affectifs permettant d’aborder les enjeux féministes parfois divergents.

Jeux théâtraux et énergie singulière

D’énergies singulières et distinctes, les deux personnages masculins se partagent la scène en complétude ; Édouard ( William Savoie) nous fait voyager dans les réflexions amoureuses intellectualisées et dans ses questionnements intérieurs et de désirs profonds qui permettent d’apprécier l’équilibre du texte de Fanny Britt habilement ficelé. Sam Falaise (François Dubreuil-Morin), montre toute cette sensibilité masculine attachante et parfois dénuée de mots, son expression parfois inhibée reconnaissable lorsqu’il est face à des situations de couple douloureusement vécues.

Issus de parcours différents, les comédiens de Hurlevents offrant une performance de qualité sont pour la plupart étudiants en théâtre, dans un domaine des sciences sociales à l’Université Laval ou ont bénéficié d’une formation professionnelle en Europe ou en jeu au conservatoire d’art dramatique du Québec.

La troupe de théâtre les Treize qui a soufflé ses 70 bougies en 2020 encourage la création, les artistes et les artisans d’aujourd’hui et de demain en proposant plusieurs spectacles par année.

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