Faire des siestes

Jayman : Ces choses que j'aime beaucoup!

Cher journal,

Cette semaine, j’ai fait beaucoup de choses. Tu n’as pas idée à quel point j’ai fait “des affaires”. J’en ai fait ici, j’en ai fait là. J’ai pensé à des trucs, en plus de parler de mes affaires.

Et au travers de tout ça, j’ai trouvé le temps de ne pas avoir le temps de faire des siestes. Et ça, pour moi, une journée sans sieste, c’est aussi triste qu’une sandwich aux tomates sans mayonnaise.

La sieste, c’est la mayonnaise de ma journée. Et moi, je suis la tomate, couchée sur mon lit de pain multigrain légèrement grillé. Ah oui, la sieste transforme la meilleure des journées en une réussite sans non. Mais dans le sens positif de “sans nom”, là. Pas dans le sens négatif de la marque “sans nom”. Dans ce cas-ci, c’est une réussite “pas cheap”.

Bref.

J’aime tellement ça faire des siestes. Des fois, pendant ma sieste, je rêve que je fais une sieste. Et donc, je me réveille deux fois de ma sieste en me disant “youpi-de-lidou, j’ai siesté!”. Quel bonheur.

Y’a des matins, je me réveille plus tôt pour me faire des réserves de fatigue pour pouvoir faire une sieste plus longue dans la journée.

Ce que j’aime le plus de faire la sieste, c’est que je sais pertinemment qu’au moment où je me ferme les yeux, il y a le reste du monde qui continue à travailler comme des fous. Et moi, je suis là, à dire “Non! Pour les 15 à 150 prochaines minutes, je refuse d’être productif. Au diable le travail, je m’en vais méditer au rythme de mes ronflements”.

Faire la sieste, c’est mon acte quotidien de rébellion.

Parce que la société veut autant de gens qui font la sieste qu’un fonctionnaire veut de la job le vendredi après-midi. La société, elle veut des gens productifs, qui ne dorment jamais. Elle veut des machines. Au diable les humains, vive les robots.

Les robots, ils ne dorment jamais, eux. Et comme on ne veut pas être remplacés par des robots, parce qu’ils vont régler tous les problèmes de société et donc on va avoir l’air caves d’avoir passé notre temps à se chicaner plutôt que de collaborer à trouver des solutions aux problèmes qu’on a créés, et bien on travaille, encore et encore, jusqu’à ce qu’on dise de nous “hey, toué, t’es une machine!”.

C’est fou! On a adopté le vocabulaire des robots. Quand on est fatigué, on dit qu’on doit “recharger ses batteries”. L’autre jour, j’ai même entendu quelqu’un dire “microprocesseur”! Ça fait peur.

Et ça fait encore plus peur quand on voit tout ce que les gens font pour cacher tout signe de fatigue. Par exemple, s’injecter un mélange de café, de boissons énergisantes et d’autres substance illicites (comme des Gummy Bear fondus) directement dans les paupières. Tout ça, pour ne pas dormir.

Et après, on s’étonne que les gens finissent plus brûlés que les moines tibétains qui s’immolent par le feu.

Comme si la fatigue, c’était quelque chose de mal. Y’a rien de mal à être fatigué! La fatigue, c’est naturel. C’est un signal qui te dit que ton corps et ton esprit ont besoin de repos. Si t’étais un robot, t’aurais une alarme qui clignoterait, “batterie faible”. Mais malheureusement, le transhumanisme en est encore à ses premiers balbutiements, alors en attendant d’être transformé en robot, tu vas devoir te contenter du sentiment de fatigue pour t’indiquer quand t’arrêter.

Et quand ça arrive, pour l’instant, le mieux que tu peux faire, pour chasser la fatigue, c’est encore de faire une sieste.

Alors si toi aussi, tu en as assez de cette folie de la productivité au détriment de l’humain, joins-toi à ma rébellion des gens qui font la sieste. Mais dans ton lit à toi! On sieste dans des lits séparés!

Jayman

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