Temps de déplacement sur Grande-Allée en raison du tramway : aucun « manque de transparence », croit le maire

Le boulevard René-LévesqueEntrave à la circulation sur le boulevard René Lévesque. (Photo : Asclepias)

Les révélations du Journal de Québec à l’effet que le temps de déplacement sur Grande-Allée doublerait lors de la mise en service du tramway, advenant l’implantation d’une rue partagée sur René-Lévesque, ont suscité de l’agitation à l’Hôtel de Ville. 

Par Gabriel Côté

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Selon l’article du Journal de Québec, un document produit par la Ville en septembre dernier montre un accroissement significatif des débits de circulation et des temps de parcours sur la Grande-Allée, si le scénario de rue partagée sur René-Lévesque, préconisé par l’administration Marchand, en vient à se concrétiser. 

Toujours selon ce document, le nombre de véhicule à circuler quotidiennement sur René-Lévesque serait réduit de moitié, passant de 12 600 à 6400. Cela aurait pour conséquence que 79% des débits de circulation seraient réassignés vers la Grande-Allée, avec pour résultat de doubler le temps requis pour parcourir cette artère en voiture. 

Manque de transparence ?

Québec 21 a sauté sur l’occasion pour dénoncer un manque de transparence chez l’administration municipale en place, et pour déplorer que cette « controverse » vienne « s’ajouter à la crise d’acceptabilité sociale du projet ». 

« Récemment, le maire de Québec affirmait être le capitaine du tramway. Le capitaine a beau avoir changé, on navigue vers la même trajectoire d’opacité qu’avec l’administration précédente » a déclaré le chef du parti, Éric Ralph Mercier, par communiqué de presse.

« Nous avons posé des questions à ce sujet lors du dernier comité plénier et jamais cette étude n’a été abordée par les gens du bureau du projet. D’apprendre 48 heures plus tard qu’une telle étude existe, c’est une insulte au processus démocratique. Pensez-vous qu’agir de cette façon-là va augmenter l’adhésion au projet ? Poser la question, c’est y répondre ! » a ajouté le chef de Québec 21, avant de se demander si les consultations des dernières semaines n’étaient finalement que des « écrans de fumée ». 

Manque de leadership ?

Quant au chef de l’opposition officielle, il considère l’événement comme un faux-pas de la part de l’administration Marchand. Il a rappelé une déclaration faite par Bruno Marchand en campagne électorale, alors qu’il exigeait que Marie-Josée Savard dévoile les différents scénarios envisagés pour le boulevard René-Lévesque.

« Un véritable leader diffuse l’information même quand ce n’est pas facile, même quand c’est complexe (…). Un véritable leader monte au front et participe au débat, pour ouvrir le dialogue, pour rallier, pour rassembler, pour convaincre. Un vrai leader accepte son imputabilité, comprend son importance, et l’assume. Le manque de leadership de Mme Savard, ce n’est pas ce dont Québec a besoin. Québec mérite certainement mieux », avait alors lancé Bruno Marchand.

« On voit que le niveau de transparence pratiqué par le maire est moins élevé que celui qu’il exigeait de ses adversaires en campagne électorale », a commenté Claude Villeneuve en entrevue. 

Le chef de l’opposition officielle rappelle que son parti est pour le projet de tramway, et aussi qu’il trouve que l’option d’une rue partagée pour le boulevard René-Lévesque est intéressante. « Mais on a des questions et on les a posées au plénier, sans avoir de réponse », nuance-t-il.

« On se rend compte que le maire ne diffuse pas toutes les informations à propos du projet, et c’est dommage. D’autant plus qu’il a fait connaître sa position, et qu’une consultation est en cours. Ça révèle que l’administration ne donne pas toute l’information aux citoyens, alors même qu’elle leur demande de se positionner », a ajouté M. Villeneuve. 

« Ce sont des gros changements qui s’en viennent avec l’arrivée du tramway, et c’est important de préparer les citoyens à ces changements, en leur donnant toute l’information nécessaire », a-t-il renchéri. 

Mais les documents en question datent de septembre dernier, et on pourrait croire que le parti de M. Villeneuve disposait de ces informations sensibles. Le principal intéressé assure que ce n’est pas le cas.

« Il faut bien considérer que l’automne dernier, il était question de différents scénarios. Dans le contexte actuel, il semble que la ville a fait son nid », a-t-il glissé. 

« Personnellement, je n’étais pas au courant, et notre équipe de recherche non plus. On a d’ailleurs posé des questions à ce sujet au plénier, justement parce qu’on ne connaissait pas les réponses. Si j’avais eu ces informations, je ne les aurais pas gardées pour moi », a assuré Claude Villeneuve.  

Des « données préliminaires » 

Du côté du cabinet du maire, on maintient au contraire qu’il n’y a aucune faute de ce côté, et on rappelle le caractère préliminaire de ces données.

« Ce sont aujourd’hui des données préliminaires qui demeurent en changement. Il n’est aucunement question d’un manque de transparence. La preuve, nous avons livré des données du même rapport, mais qui étaient complètes, contrairement à celles du jour », a réagi Thomas Gaudreault, l’attaché de presse de Bruno Marchand, par échange de message.

« La consultation des dernières semaines pourra, elle aussi, sans aucun doute, modifier encore ces données. Le temps de déplacement fait partie des choses que nous souhaitons améliorer », a-t-il ajouté. 

Enfin, l’attaché de presse du maire rappelle que le scénario de la rue partagée sur René-Lévesque est le meilleur aux yeux de l’administration municipale, qui ne souhaite pas, par ailleurs, faire la guerre à l’auto. « En même temps, il faut faire des choix. Il restera une place pour l’automobile malgré tout, mais il y aura des conséquences pour les automobilistes, c’est certain. Décider, c’est renoncer. Le scénario de la rue partagée est le meilleur. On diminue la coupe d’arbres, on laisse la place à l’automobile et on fait une place aux transports en commun », a conclu Thomas Gaudreault. 

Réactions

« À mon sens, l’objectif principal du projet de tramway est de faciliter les déplacements du plus grand nombre de personnes dans une perspective de croissance démographique et de lutte aux changements climatiques en opérant un transfert modal vers les transports actifs et collectifs. Si c’est réellement ça l’objectif, on ne peut pas simplement revoir la configuration de René-Lévesque. On doit inévitablement avoir un souci de favoriser la mobilité durable sur l’ensemble des rues locales résidentielles et des artères parallèles. », a affirmé Etienne Grandmont,directeur général d’Accès transports viables.

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