Profilage racial : le faux pas de Jackie Smith

Des propos de la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, tenus mercredi lors du plénier sur le service de police, font quelque peu sourciller.

Par Gabriel Côté

À quelques minutes seulement de la fin de la séance, la conseillère de Limoilou essayait de cuisiner le chef du Service de police de la Ville de Québec à propos de la question du profilage racial. 

« Moi, j’ai été victime de profilage racial. Je me promenais. Je me suis fait arrêter puis là j’ai vécu une certaine violence de police que moi, je trouve injustifiée parce que je ne faisais rien. C’est quand même difficile de faire confiance, d’aller porter plainte. »

Visiblement, Mme Smith s’est laissée emporter en voulant pousser la note un peu plus haut sur une question qui lui tient à cœur. Mais à moins d’être aveugle, chacun voit aisément en quoi Jackie Smith ne peut pas avoir été victime de profilage racial.

En voulant ménager les dégâts, l’attaché de presse de Jackie Smith a expliqué que selon lui, « il n’y a pas d’histoire là ». « Tout le monde a compris ce que Mme Smith voulait dire quand elle s’est exprimée hier ». 

Puis, il a ajouté que la cheffe de Transition Québec évoquait une « situation fictive », et qu’elle ne prétend en aucun cas avoir vécu du profilage racial. 

« Elle voulait juste imager l’incohérence qu’une personne vivant du profilage racial policier doive dénoncer ce profilage à la police », a-t-il conclu.

« Amalgames »

En point de presse ce matin, le maire Bruno Marchand a exprimé qu’il craint que de tels « amalgames » risquent de « noyer la cause ». 

Le maire n’a pas précisé la nature de ces amalgames, nous le ferons donc pour lui. 

Les sociétés démocratiques tendent toujours vers plus d’égalité, disait un auteur. Par conséquent, la condamnation de la discrimination, à quelque niveau que ce soit, est une sorte de phénomène naturellement encouragé par les « sentiments démocratiques ».

Voulant être l’égal de tous les autres, il est normal que les membres des différentes minorités – elles peuvent varier selon les secteurs d’activité que l’on considère – fassent connaître leurs revendications.

Chacune de ces revendications s’inscrit donc dans la même volonté de parvenir à une société plus égalitaire, mais cela fait que ceux qui luttent pour accélérer le processus s’exposent à un risque : celui de confondre les différentes luttes (contre les discriminations sexuelles, raciales, ou de classe, etc.). 

C’est là, peut-être, que Jackie Smith a glissé. Peut-être même que la fatigue était en cause, comment savoir ?

Il s’agit en tout cas plutôt d’un faux pas que d’une faute grave, et personne en son bon sens ne dénoncera la conseillère de Limoilou pour avoir franchi les limites de l’acceptable.

Mais il se trouve sans doute des gens pour se demander ce que Jackie Smith aurait fait si la même remarque avait échappé à l’un de ses adversaires politiques.

Y aurait-elle vu une « situation fictive » ? Ou bien aurait-elle condamné de tels propos ?

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