Journée des droits des femmes : « Comment rendre l’avenir féministe ? » 

Le panel de « L'avenir est féministe x.Panel « L'avenir est féministe x.

Ce lundi soir, le panel « L’avenir est féministe » organisé par le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale a permis de donner la parole à plusieurs intervenantes concernant les enjeux du féminisme.

L’agente de développement Judy Coulombe dans son discours d’introduction a tenu à souligner les dommages de la guerre sur la condition féminine.

« La guerre fait des ravages sur les femmes qui sont considérées comme des butins de guerre, affirme-t-elle. Elle fragilise leur situation et occasionne beaucoup de recul politique. » 

Judy Coulombe soutient que des femmes ont témoigné de « l’arrivée de la violence dans leur vie » au moment où des membres de leur famille joignaient l’armée.

Il faut selon elle refuser entre autres le capitalisme et le patriarcat « qui se nourrissent de l’exploitation économique des femmes ».

« Un avenir féministe passe par une éducation à la sexualité basée sur l’égalité entre les hommes et les femmes, par une révision de nos normes d’immigration et par une relance économique verte », affirme Judy Coulombe.

La vulnérabilité accrue des femmes

Parmi les causes abordées qui contribuent à la vulnérabilité des femmes, on compte notamment le manque de places en garderie, enjeu soulevé par Mélanie Pelletier, présidente du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des CPE.

Katia Jean Louis, intervenante sociale à la Maison des femmes de Québec, aborde quant à elle le statut particulier des femmes immigrantes. « Elles connaissent plusieurs oppressions du système patriarcale et vivent encore plus des situations vulnérables », affirme-t-elle.

Les femmes assistées socialement vivent aussi selon Monique Toutant des oppressions du système. « Elles se sentent brimées dans leur liberté par le contrôle excessif de l’État sur leur vie », soutient-elle.

Ces femmes se retrouvent selon elle en diminution d’autonomie, en dépendance financière et en situation de vulnérabilité face à la violence et aux abus.

« Par exemple, lorsqu’une femme assistée sociale est en couple, on tient compte du revenu de l’autre, allant jusqu’à couper complètement sa prestation, explique Monique Toutant. Un chèque pour une seule personne, c’est le minimum pour vivre dans la dignité. » 

Véronique Major, membre du Comité femmes et handicaps de la Capitale-Nationale du Carrefour, témoigne de son côté des difficultés que vivent les femmes handicapées. Elle explique qu’elles sont deux fois plus à risque de subir de la violence conjugale.

Le conjoint peut par exemple déplacer le fauteuil roulant d’une femme qui ne peut pas se déplacer autrement dans une autre pièce, ce qui constitue « un rapport de force supplémentaire ».

« L’agresseur est perçu comme un héros ou un sauveur de s’occuper de sa pauvre femme handicapée, ajoute Véronique Major. Mais ce n’est pas une enfant. Elle ne manque pas de jugement. »

L’ennemi commun : le capitalisme

Phillie, co-présidente administrative de Divergenres, aborde les fondements de l’oppression sexiste. Iel identifie à la base des systèmes de domination le colonialisme, soit le suprémacisme blanc, et le patriarcat, soit le suprémacisme masculin.

« Le sexisme comme système d’oppression basé sur la croyance qu’il existe deux sexes et deux genres et que le sexe et genre masculin est supérieur est l’outil du patriarcat », affirme Phillie.

Le sexisme ne réfère pas uniquement selon iel à l’oppression du sexe féminin (misogynie), mais aussi à la punition faite aux personnes qui transgressent les normes de genre, soit le cissexisme (homophobie) et l’hétérosexisme (transphobie).

Iel ajoute que dans plusieurs cultures, plusieurs identités de genre sont reconnus, notamment en Inde où il en existe trois ou à l’Île de la tortue où les autochtones reconnaissent cinq identités de genre.

La solution passe selon Phillie par « la convergence des luttes » puisque l’ennemi est le même pour tous et toutes, soit le système capitaliste qui est à la base des multiples dominations. L’inclusion de la pluralité des genres et des identités plurielles est qualifiée de « féminisme intersectionnel ».

Image de la présentation de Phillie, co-présidence administrative de Divergenres.
Image de la présentation de Phillie, co-présidence administrative de Divergenres.

En quoi l’avenir est féministe ou comment peut-il l’être ? 

Mélanie Pelletier affirme d’abord que les CPE devront encore lutter pour leurs travailleuses qui « doivent être solidaires et avoir confiance en ce qu’elles apportent à la société ».

« Mais toutes les luttes doivent nous concerner, ajoute-t-elle. On doit s’intéresser à l’éducation des enfants et aux rôles des femmes dans les métiers qui façonnent l’avenir. Il faut aussi identifier les luttes syndicales qui touchent les secteurs féminins, car elles ont des impacts sur les conditions de toutes les femmes. »

Katia Jean Louis reconnait que « nos actions ont changé pas mal de choses » et nous invite à « prendre le temps de célébrer les victoires acquises ». Elle affirme donc avec optimisme que « l’avenir est féministe ».

Elle nous invite tout de même à « réclamer une analyse diversifiée dans les prises de décision ».

Quant à Monique Toutant, elle a trois propositions pour que l’avenir soit réellement féministe :

  1. Offrir un revenu de base qui permettrait de recevoir la même prestation peu importe si la personne est apte ou inapte au travail ;
  2. En cas de vie maritale, offrir un chèque en aide sociale par personne et
  3. Offrir un revenu social universel pour garantir la liberté de tous.

Véronique Major soutient de son côté que l’avenir sera féministe si on obtient « plus d’équité, par exemple en santé sexuelle, en prévention médicale et en accessibilité des services » pour les personnes handicapées.

Pour Phillie, l’avenir est féministe, mais un féminisme « intersectionnel ». « La convergence des luttes ce n’est pas juste une belle notion, c’est une gang de personnes qui se tiennent la main et se battent pour tout le monde, affirme-t-iel. On ne sera pas libre tant que tous ne seront pas libres. »

Ce mardi soir, dans le cadre de la Journée internationale des droits de la femme, aura lieu une manifestation à partir de 18h30 au Patro Roc-Amadour à Limoilou.

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