Relations avec le gouvernement : Marchand et Villeneuve croisent le fer

Bruno MarchandLe maire de Québec, Bruno Marchand, en point de presse le 21 février 2022. Photo : capture d'écran

La tension monte à l’Hôtel de Ville. L’opposition accuse le maire de ne pas en faire assez pour avoir un bon rapport de force à l’endroit des autres paliers de gouvernement d’un côté ; de l’autre, le maire maintient qu’il obtient de meilleurs résultats en cette matière que la précédente administration.

Par Gabriel Côté

C’est ce matin, lors de la présentation de la nouvelle identité de l’opposition officielle, que le tout a commencé. En expliquant pourquoi son parti s’appelle désormais Québec d’abord, Claude Villeneuve a souligné que l’une des priorités historiques de sa formation politique consiste dans la culture d’un rapport de force solide dans les relations entre la ville et autres gouvernements.

« Dans la tradition, la priorité d’Équipe Marie-Josée Savard, ça a toujours été de cultiver le rapport de force par rapports aux gouvernements supérieurs, puis de bâtir sur la relation forte qu’on a avec les gens de Québec pour faire des gains pour la Ville. On verra comment ça va s’articuler, mais je pense que c’est quelque chose qui pourrait nous différencier assez vite de l’administration », a dit le chef de l’opposition officielle Claude Villeneuve.

Quelques heures plus tard, dans une point de presse en marge de la réunion du conseil de ville, le maire s’est défendu de ne pas en faire suffisamment pour le rapport de force de la Ville, en évoquant les résultats qu’il a déjà obtenu, là où il y avait des blocages sous la précédente administration.

« On peut regarder les résultats sur le tramway. Il y avait comme un nœud qui ne se réglait pas avant l’élection, qui s’est réglé après. Ça ne s’est pas fait par enchantement. Ça s’est fait par une approche qui est différente, à un moment qui nécessitait une autre approche et qui a donné ses fruits. Ne serait-ce que là-dessus, on peut voir des différences significatives avec le passé », a dit Bruno Marchand.

Par-delà les résultats, le maire considère que son approche générale est la bonne, et il ne croit pas « ménager le gouvernement ».

« On va travailler en collaboration avec les gouvernements. Lorsque ce sera nécessaire, comme on le fait sur le dossier du nickel, on n’hésitera pas à défendre la position des citoyens et des citoyennes de Québec. On trouve ce juste équilibre. Mais non, on n’est pas obligé d’aller en confrontation, on n’est pas obligé d’avoir un nom de parti qui dit ‘’Québec d’abord, et le gouvernement du Québec ensuite’’, nous on préfère le faire différemment et on a les résultats qui vont avec l’approche », a-t-il ajouté.

Puis ce fut le tour de Claude Villeneuve de répliquer à Bruno Marchand. Selon le chef de l’opposition officielle, les gains évoqués par le maire ne sont au plus qu’illusoires, et il assure qu’il ne voit pas bien à quels résultats M. Marchand fait référence.

Québec d'abord
Le chef de l’opposition, Claude Villeneuve.
Photo : Gabriel Côté

« Dans le dossier du nickel, je cherche le gain. Je n’ai pas vu de gain, moi. Je m’attends à ce que le ministre recule, puis si ça ne se passe pas je vais me retourner vers le maire de Québec pour lui demander comment ça se fait qu’il n’a pas réussi à faire valoir le rapport de force de la ville », a lancé Claude Villeneuve.

Rappelons que le ministre de l’Environnement a annoncé que le gouvernement ira de l’avant avec son projet de hausser la norme de nickel, mais que le ministère installera une nouvelle station d’échantillonnage de la qualité de l’air et que la fréquence des prélèvements augmentera.

Claude Villeneuve se dit « convaincu » que la Ville aurait obtenu de meilleurs résultats si le maire avait pris position au jour un, plutôt que de tenir un plénier et de se positionner ensuite.

Interrogé sur ce qu’il aurait fait s’il avait été dans les chaussures de Bruno Marchand, au moment de négocier avec le gouvernement provincial, Claude Villeneuve a dit qu’il ne « serait pas allé prendre une marche avec Geneviève Guilbault ». Puis, il a exprimé que le maire devrait selon lui marquer plus directement ses désaccords avec le gouvernement quand ceux-ci surviennent.

« Selon moi, si le maire n’est pas d’accord avec le gouvernement du Québec des fois, il faudrait qu’il le dise. Ça n’arrive pas souvent. Je trouve que le maire ménage le gouvernement sur plusieurs dossiers. Il dit qu’il a des résultats, notamment sur le nickel. Ah oui ? Moi ce que j’entends c’est que le ministre maintient encore sa proposition de modifier le règlement. Il dit qu’il y a des résultats sur le tramway. Ah ? Moi j’ai vu que le gouvernement se disait ouvert, mais il n’y a aucune annonce, aucune confirmation des sommes qui vont être mises. Je trouve que dans le sentiment que le maire a d’obtenir des résultats, je trouve qu’il y a là une occasion de constater que le maire se contente de peu », a conclu Claude Villeneuve.

Palier de gouvernement

Les deux hommes ont échangé des pointes aussi à propos du nouveau nom de l’opposition officielle, Québec d’abord. Avec le sourire en coin, Bruno Marchand a suggéré que M. Villeneuve devrait peut-être faire de la politique provinciale, en disant que pour l’opposition, c’est « Québec d’abord, et le gouvernement du Québec ensuite ».

« Après ça, si M. Villeneuve veut faire de la politique provinciale, il y a des élections qui s’en viennent, il a le droit. Si M. Villeneuve est intéressé par la politique à ce niveau-là, ça lui appartient. Nous on va défendre Québec, comme on le fait depuis le début », a-t-il dit.

Pour répondre, le chef de Québec d’abord s’est contenté de rappeler qu’il a déjà fait de la politique provinciale, et qu’il en ferait encore si telle était son ambition.

« J’étais déjà en politique ailleurs, si j’avais voulu en faire là, je serais resté là », a déclaré Claude Villeneuve, assurant du même souffle qu’il terminera bel et bien son mandat comme conseiller municipal.

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