Le problème de la Saint-Valentin

La boutique José Fleuriste, sur la 3e AvenueLa boutique José Fleuriste, sur la 3e Avenue. Photo : Gabriel Côté

Les heures d’ouvertures ne sont pourtant pas compliquées, je ne comprends pas pourquoi je me bute toujours à une porte close quand je vais chez José Fleuriste sur la 3e Avenue. 

Ça fait donc plusieurs années que ma blonde ne reçoit pas de fleurs à la Saint-Valentin. L’an passé, je ne me suis même pas essayé, je m’y suis pris autrement pour surprendre ma valentine. J’ai arraché des feuilles sur nos plantes et je les ai découpées en petits cœurs, puis j’ai tout garroché ça sur le lit et j’ai allumé des chandelles.

Ma blonde était en effet surprise, mais peut-être plus encore en tab****.

Les ciseaux sont cachés depuis quelques jours, mes plans bricolages sont donc tombés à l’eau, il va falloir que j’improvise, alors forcément ça me préoccupe. 

– À quoi tu penses, t’es dans la lune ?

– À toi, non à rien… à la Saint-Valentin.

Elle me dit de ne pas m’en faire, elle a pensé à tout, le film, la fondue au chocolat du chocolat favoris, tsé celle qu’on fait bouillir, non non pas celle à la barbe à papa, juste au chocolat au lait bien ordinaire, enfin elle a pensé à tout et je ne dois pas m’en faire.

Le film, c’est Orgueil et préjugés. On l’a déjà vu, c’est l’histoire d’un gars et d’une fille qui se comprennent mal et qui tombent amoureux quand ils finissent par se comprendre, et le gars ne prend jamais même le soin de découper quoique ce soit pour faire une surprise, on peut même dire qu’en ce qui concerne les surprises il est plutôt maladroit, c’est mon avis.  

Il reste que quand Mr Bennet verse une larme de joie à la fin, ça fait un petit quelque chose, c’est vrai. 

Je suis quand même sorti chercher des fleurs. À ma grande surprise, José Fleuriste était ouvert, en entrant je me suis souvenu d’un poème de Verlaine et j’ai pensé acheter un dahlia, un lys, une tulipe et une renoncule, mais j’avais oublié mon portefeuille, non, ce n’est pas possible de se « monter un bill », désolé, à la prochaine. Oui, c’est ça, « à la prochaine ».  

– Relaxe, je m’en fous des fleurs, me dit ma blonde pour me consoler à mon retour. 

Il s’agit évidemment d’un mensonge. Loud dit que toutes les femmes savent danser, ce qui est loin d’être certain, mais je sais que toutes les femmes aiment les fleurs.  

– Qu’est-ce que tu fais ? que je lui réponds en souhaitant dévier la conservation le plus loin possible de mon échec.

– C’est le lunch du Superbowl. Je prépare des petits trucs pour qu’on n’ait pas trop à se lever pendant la game

Ciboire. 

G.C.

Commentez sur "Le problème de la Saint-Valentin"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.