Premier single de Sûrette : redéfinir la masculinité

SûretteSûrette. Crédit photo : Agrume Agrume.

Vincent Leboeuf Gadreau s’est entretenu avec nous pour discuter du premier single Viril Fragile de sa nouvelle formation musicale de Québec, Sûrette, et de son combat contre la masculinité « toxique ».

La pièce Viril Fragile est disponible sur toutes les plateformes depuis le 30 novembre et un vidéoclip mettant en vedette Philip Després est attendu le 7 décembre.

Power ballad aux influences progressives

« Viril Fragile est écrit avec légèreté et un peu de cynisme, explique Vincent Leboeuf Gadreau. La pièce raconte l’histoire d’un garçon qui s’intéresse à une fille parce qu’il pense qu’un gars ça aime les filles, mais ça ne marche pas. Pourtant il a l’air tof, il tripe sur les chars et il est sportif. Il n’a pas les outils pour ouvrir ses horizons. La réflexion n’est pas loin, mais on voit qu’il souffre. » 

Au niveau du style musical, Vincent décrit la formation Sûrette comme un band rock-pop à inspiration progressive. Leur musique s’inspire entre autres de Marie-Pierre Arthur, Karkwa, Beau Dommage et Harmonium. Le groupe tire aussi ses influences de « géants » de la prog-rock britannique comme Porcupine Tree et Steven Wilson.

« C’est très poly-harmonique comme band, poursuit-il. On est souvent quatre à chanter en même temps. Nos voix à Isabelle et moi sont toujours à l’unisson, un peu comme Of Monsters and Men. Je trouve que ça amène une neutralité et que ça laisse transparaître une union. » 

Pourquoi le thème de la masculinité ?

Le vécu de Vincent au sein du milieu de la musique, celui des maisons de production, lui a donné envie de parler de « masculinité toxique ». Certains évènements lui ont fait prendre conscience des comportements « sexistes » des hommes.

« Ça m’a mis sur la piste de certaines réflexions en lien avec le rôle et la place des hommes et des femmes dans le milieu, raconte-t-il. Il y a beaucoup de gars en position de pouvoir et il existe un genre de profil mégalomaniaque et parfois surreprésenté. »

C’est ce profil qui l’a amené à lire sur la question de la masculinité, dont le livre de Liz Plank, Pour l’amour des hommes : Dialogue pour une masculinité positive. « Le livre est sans jugement et s’attarde à la masculinité traditionnelle, toxique et à quel point elle peut être dommageable pour tout le monde, peu importe le genre », soutient-il.

Vincent explique qu’il avait envie d’une démarche plus « authentique » et qu’il était « mûr » pour le faire. « Il ne faut pas que ce soit un effort de parler de certaines choses, lance-t-il, j’avais besoin que ce soit des réflexions que j’ai pour vrai. »

Il précise par contre que son intention n’est pas de « créer un mouvement social ». « « Je fais plus parti d’un mouvement que j’essaie de changer les choses », affirme-t-il. Vincent résume sa démarche comme la volonté de formuler une « critique légère ».

Mais qu’est-ce que la « masculinité » ?

Mais qu’est-ce qu’on entend par masculinité ? Vincent explique qu’il en parle d’un point de vue psychologique et non sociologique.

« À la base, la masculinité et la féminité sont des construits sociaux et se basent aussi sur des enjeux biologiques, débute-t-il. On a tous une conception différente. La masculinité, c’est la représentation des traits qui fait en sorte qu’un gars va manifester son identité de genre. » 

C’est effectivement cette notion d’une sorte de « nature masculine » qui est intéressante, d’un fond qui ne serait pas construit comme les organes génitaux. D’une perspective plus traditionnelle, ce sont des traits distinctifs dits « naturels » qui permettent de délimiter le genre. N’est-ce pas cette manière de penser l’identité que critique Sûrette ?

« Si on parle de virilité traditionnelle, poursuit Vincent, de ce qui est prescrit par la société moderne, je pense qu’on encourage certaines valeurs comme la protection, l’agressivité, la force ou la prise de risque. Il y a certaines émotions qu’on va encourager comme la colère, mais si tu pleures, ça c’est un enjeu. »

Quand devient-elle « toxique » ?

Quand peut-on dire qu’une telle masculinité dite traditionnelle ou normative devient nocive ? Un tel « construit social » est-il intrinsèquement toxique ou le devient-il ?

« Quand les actions nuisent, débute Vincent. Si moi j’ai envie d’exprimer une masculinité alternative, je n’ai pas envie qu’on me rappelle constamment que pour être un homme faut être macho ou qu’il faut être fort. »

La masculinité toxique, c’est par exemple un homme qui traite avec respect, dans un rapport égalitaire, les autres hommes, mais qui sexualise les femmes, cite Vincent.

En somme, un homme toxique est un homme qui reproduit les stéréotypes selon le genre. « La masculinité toxique écrase le changement ou la différence, avance Vincent, c’est une simplification des enjeux. C’est dire qu’il y a des filles et des gars et qu’ils ont des responsabilités les uns par rapport aux autres et qu’il n’y a rien entre tout ça. Je trouve que ça n’a aucun bon sens. »

Donc, une masculinité toxique est un idéal de genre qui veut s’imposer aux autres manières d’être masculin. « C’est problématique lorsqu’on valorise un seul modèle », résume Vincent.

Membres de la formation musicale Sûrette : Vincent Leboeuf Gadreau : voix et guitare, Isabelle Cormier : voix, violons et percussions, Rachel Hardy-Berlinguet : basse et voix, Daniel Deschênes : batterie, percussions et voix et Pascal Larose : guitare, clavier et voix.

Pour écouter le single Viril Fragile.

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