Le boss et la démocratie

Bruno Marchand et des candidatsBruno Marchand et quelques candidats de Québec Forte et Fière, à l'occasion d'un point de presse le 28 septembre 2021.

Une fois que vous êtes élu, vous avez tout le contrôle. Si vous êtes élu maire, légalement, vous êtes au sommet de la pyramide politique au municipal. Vous avez le contrôle de presque tout, vous pouvez décider de presque tout. Nous sommes tellement habitués à cela d’ailleurs que, naturellement, les citoyens ont tendance à conclure que la personne qui a été élue est le « boss » de la ville. Faut dire que le « style Labeaume » renforçait lourdement cette impression.

Par David Lemelin

En réalité, en démocratie, ça devrait être plus subtil et représentatif que ça. 

Quelqu’un m’écrivait récemment, pour vanter ses mérites, que « les gens de Québec ont choisi de faire confiance à Bruno Marchand ». Euh, non. Pas tout à fait. 

Quand on regarde objectivement ce qui s’est passé, il n’a obtenu que 32,32 % d’un taux de participation anémique de 45,2 %. Ça veut donc dire, concrètement, qu’à peine 14,6 % des électeurs ont directement souhaité que Marchand devienne maire et que 68 % des électeurs qui ont voté ont choisi quelqu’un d’autre. De tous les électeurs de Québec, 85 % ne l’ont pas directement choisi. 

Si vous voulez connaitre la définition d’un mandat faible : c’est exactement ça. Au fond, Marchand n’a pas gagné : il s’est faufilé. Certes, sa légitimité est légalement forte, mais sa légitimité morale est extrêmement faible.

Pour comparer, dites-vous que Labeaume en 2017 avait eu l’appui direct de 28,1 % des gens (55,3 % des votes, participation de 50,9), ce qui est déjà le double de Marchand, qu’en 2013 il avait eu l’appui direct de 40,7 % des gens (74,07 % des votes, participation de 54,9 %) et qu’en 2009, il avait eu 39,4 % des appuis directs (79,9 % des votes, participation de 49,3). Bref, il a eu des pourcentages de près de 80 %, avec des appuis directs d’environ 40 %. 

Prenez ça du bord que vous voulez, c’est ce qu’on appelle des appuis solides. Et on était habitué à Québec à des appuis très solides à la mairie. Avec Marchand, c’est la dégringolade. Voilà pourquoi il est pour le moins pompeux de parler de « vent qui a tourné ». Le vent n’a pas tourné. Il y a eu une brise, timide, mais qui réchauffe le cœur. Ça fait du bien de changer d’air, c’est vrai. 

Remarquez, je pense sincèrement que Marchand est un démocrate. Mais, je suis persuadé qu’il n’a pas le choix d’être souple, compte tenu du résultat. Il ne peut jouer au « boss », bomber le torse et baver le monde, comme le faisait Labeaume. On n’est plus là du tout.

Mais, ce n’est pas une mauvaise nouvelle, au contraire! C’est le moment tout indiqué de redonner vie à la démocratie locale. C’est le moment de nourrir les élus de vos idées, vos projets, vos préoccupations, vos objections. C’est le bon moment! 

Et si jamais votre conseiller vous regarde de haut, rappelez-lui qu’avec 14,6 % d’appuis directs de la population, Marchand n’a pas eu un chèque en blanc. Tout au plus a-t-il eu la permission de gouverner.

Et le « boss » devra tenir compte de votre opinion…

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