Le troisième lien n’est pas mort

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

En voyant la défaite des conservateurs, certains ont pensé et écrit que le troisième lien venait de mourir ou presque. Je ne partage pas cet optimisme. 

Je note de plus en plus la tendance des humains à penser et parler en fonction de leur « chambre d’écho », c’est-à-dire à se fier à ceux qui, autour, répètent les mêmes choses qu’eux et ont les mêmes valeurs et idées. On a tendance, surtout avec Facebook et ses algorithmes, à agréger les esprits communs. Si vous pensez à gauche, vous vous tiendrez avec des gens de gauche et lirez surtout des textes d’opinion de la gauche. Idem à droite. Dans La Presse, Patrick Lagacé écrit que « chacun voit le monde selon un prisme : le sien. Ça forme autant de miroirs déformants à travers lesquels chacun perçoit le monde. »

C’est exactement cela. Alors, j’essaie le moins possible de me laisser aveugler par ce biais de confirmation.

Oui, il sera plus difficile pour Legault d’obtenir du financement pour le troisième lien. Trudeau, avec raison, pourra lui dire qu’il a d’autres priorités. Ça vient probablement de retarder le projet de tunnel pour quelques années. De toute façon, ce n’est pas comme s’il était prévu pour demain matin. 

J’ai toujours cru et crois encore que le troisième lien n’est pas un projet, mais un levier politique. C’est tout. Il se fera, il ne se fera pas, mais il sera surtout un outil électoral. Exactement comme Labeaume qui a joué avec les sentiments des gens de Québec avec le retour des Nordiques. Parce qu’il ne faut pas oublier le plus important, plus important encore que le projet lui-même : l’objectif, c’est le pouvoir. 

C’est tout.

Dans la région de Québec, avec les conservateurs, l’appui d’une grande partie de la population au troisième lien est indéniable, sauf au centre-ville. Legault a donc une carte pour faire pression pendant les élections à venir. Il pourra, par exemple, réclamer au Fédéral le financement de 40% du projet… et déchirer sa chemise en campagne à Québec en disant qu’Ottawa méprise les gens de Québec, mais pas lui. 

Vous voyez?

Les libéraux fédéraux vont donc nourrir, malgré eux, le vote caquiste dans la région. Évidemment, si les conservateurs avaient gagné, ce serait plus facile et plus rapide. Il aurait alors pu jouer la carte du gars qui réalise ses promesses. Mais, le temps use les partis qui sont au pouvoir. Legault se dit que les conservateurs finiront bien par gagner, un jour. 

Mais, ne vous y trompez pas : même s’il lui fallait abandonner le troisième lien, il s’en servirait sur le plan électoral pour déplorer qu’on ne respecte pas le souhait des gens de Québec, mais pas lui. 

Bref, le troisième lien n’est pas mort. Pas du tout! Ce sera un outil puissant pour les élections, quoi qu’il advienne. Les opposants doivent donc serrer les rangs et ne pas abandonner.

Car, n’en doutez pas. Peu importe le chemin, l’objectif, c’est le pouvoir.

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