Fred Jourdain : de Limoilou à Montréal

Fred JourdainL'illustrateur Fred Jourdain à l'oeuvre. Photo : courtoisie, site web de l'artiste

L’illustrateur bien connu de Limoilou Fred Jourdain a récemment déménagé ses pénates à Montréal. L’artiste avait besoin de changement et d’aller à la rencontre de nouvelles sources d’inspiration, même s’il adore toujours son ancien quartier de Québec.

On doit notamment à Fred Jourdain la bande dessinée Le dragon bleu, adaptée de la pièce de Robert Lepage et basée sur les textes de ce dernier et de Marie Michaud. Il a aussi créé une murale pour le nouveau YMCA de Saint-Roch, entre autres œuvres.

On le connaît aussi pour la boutique limouloise Les Trafiquants d’art, spécialisée dans l’encadrement sur mesure, la numérisation et l’impression haut de gamme.

Milieu de vie

« J’ai toujours eu des projets et des événements de vie qui sont arrivés, qui m’ont gardé à Québec et à Limoilou. J’adore Limoilou. J’y suis né », raconte l’artiste par visioconférence, le 12 juillet.

Fred Jourdain a vu le jour dans le quartier avant de déménager en banlieue avec ses parents à l’âge de 7 ans. Il a fait ses études primaires et secondaires à Neufchâtel, avant de revenir s’installer à Limoilou vers « 18 ou 19 ans ». À 37 ans, il a donc passé près de 20 ans de sa vie d’adulte dans le voisinage.

L’illustrateur présente expose ses œuvres à Montréal depuis plus de 10 ans. Il compte également de nombreux amis là-bas. En y déménageant cet été, il n’était pas en terrain totalement inconnu.

Même s’il porte Limoilou dans son cœur, Montréal l’attirait. Plus jeune, il aurait rêvé vivre à New York, mais l’aventure s’avérait trop compliquée. Au printemps dernier, afin de « changer d’air », il a donc loué un appartement durant trois mois dans la métropole avant de s’y installer pour de bon. Il y a notamment revu plusieurs amis musiciens, qui avaient quitté Québec pour Montréal au cours des vingt dernières années.

Il vit désormais sur le Plateau Mont-Royal. Très connu dans Limoilou, il souhaite désormais tisser des liens sociaux dans son nouvel environnement.

« J’avais envie d’un peu de changement, ce n’est pas que je n’aimais plus Québec ou Limoilou. Tout simplement, je me disais que ce serait bénéfique pour moi d’aller chercher une nouvelle inspiration, rencontrer de nouveaux gens », explique-t-il.

D’un point de vue personnel, même avant la pandémie, à Québec, sa vie sociale s’était modifiée. Des amis avaient fondé des familles, d’autres avaient quitté le centre-ville pour la banlieue. Des choses avaient donc changé.

Cependant, lorsqu’il a annoncé qu’il quittait Québec, il a reçu plusieurs témoignages et messages d’amitié ou de soutien. Il est également très touché de la manière que les gens l’ont accueilli à Limoilou. « Je me suis toujours senti investi en tant que Limoulois. Les messages que j’ai reçus m’ont un peu confirmé ça. »

Rencontres fortuites

Fred Jourdain travaille de chez-lui et a besoin de beaucoup d’espace pour créer. À Limoilou, il occupait d’ailleurs un 8 ¹/² depuis une dizaine d’années. Il imprime lui-même ses œuvres avec des appareils de taille imposante et a par conséquent besoin d’un grand logement.

Après trois semaines à Montréal, en sa baladant près du parc Lafontaine, il a vu une pancarte pour un appartement à louer. Il a décidé d’appeler par curiosité. Par la suite, en allant visiter l’appartement, il rencontre l’occupante de l’époque, qui travaillait à l’Office national du film (ONF).

Pour l’artiste, c’était une rencontre fortuite et un signe du destin : « Un de mes rêves, un jour, ce serait de faire un court-métrage d’animation avec l’ONF », lance-t-il.

À Québec, même s’il avait déjà œuvré pour le Festival d’été de Québec ou avec Robert Lepage, « les opportunités, pour moi, de faire de grands projets, étaient plutôt minces , dit-il. J’avais comme le feeling que de venir ici, à Montréal, allait m’ouvrir des portes naturellement ».

« Ma vie est faite de rencontres fortuites», affirme-t-il.

Les Trafiquants d’art

Fondée par Fred Jourdain, la boutique Les Trafiquants d’art, située sur la 3e Avenue, a ouvert ses portes en 2015. L’artiste avait alors envie de se poser et de relever de nouveaux défis.

Avant, M. Jourdain faisait encadrer ses œuvres par d’autres. Même « s’il était complètement dans le jus », il a eu envie d’ouvrir sa propre boutique d’encadrement.

Son ami Virgile Patoine-Danylo se cherchait alors un projet d’entreprise. Fred Jourdain ne voulait pas consacrer tout son temps de création à la gestion d’un commerce. Les deux hommes ont donc allié leurs forces respectives.

« J’ai réussi mon pari avec Les Trafiquants d’arts », dit-il. Toutefois, des visions différentes au sein des partenaires a fait en sorte que M. Jourdain a quitté le navire en 2020, tout en conservant pendant un certain temps un espace d’exposition sur place. Les Trafiquants d’art est désormais la propriété de M. Patoine-Danylo.

Fred Jourdain a finalement décidé de quitter l’espace qu’il occupait dans la boutique pour « se réinventer » et concentrer davantage ses activités de vente sur le web. Il est présent sur internet depuis 2003 et possède un site transactionnel depuis 2006. Il a notamment ajouté des options d’encadrement sur son site, raconte-t-il.

« Dans le fond, j’ai décidé de faire le move graduellement pour que ça passe en ligne pour moi. Quand, je vais faire des expositions à Québec ou à Montréal, j’aimerais que ce soit du nouveau, des originaux. J’ai saisi cette opportunité un peu triste, un peu turbulente, pour me réinventer. Le move à Montréal… Tout s’est comme enchaîné », explique-t-il.

Intégrité

Fred Jourdain mène sa barque. Il souhaite avant tout que son métier soit plaisant. Que ferait-il si une importante société montréalaise lui faisait une offre alléchante financièrement?

« Je ne vais pas faire un projet juste parce que c’est payant et pour (la visibilité), c’est toujours un amalgame », affirme-t-il. Il dit d’ailleurs refuser des projets « à toutes les semaines ». Parfois c’est une question de personnalité, parfois c’est une question d’approche…

Il continue toutefois de collaborer avec la brasserie Le Trou du Diable, une compagnie avec qui il a des atomes crochus et du plaisir à travailler.

Pour lui, le métier d’illustrateur semble bien moins établi au Québec qu’aux États-Unis. « C’est un métier qui est compris là-bas. Ici, on a souvent droit à la même soupe qu’on se fait servir : ça va te donner de l’exposure, c’est bon pour toi, bla bla bla (…). Je n’ai jamais accepté de faire ça, de toute façon. Je n’encourage personne à faire ça. Les jeunes qui commencent, il faut se respecter », martèle-t-il.

On paie pour faire réparer sa machine à laver ou sa voiture, les services d’un illustrateur doivent aussi être dûment rétribués, dit l’artiste. Son métier doit être respecté du point de vue financier et de l’intégrité, lui qui cherche constamment à se perfectionner et à améliorer son art.

« C’est impossible de vivre d’un métier comme ça au Québec si on ne se fait pas respecter. »

Fred Jourdain tente donc « d’éduquer » les clients potentiels sur son travail et la valeur de celui-ci, tout en menant sa barque à sa façon.

On peut en savoir plus sur Fred Jourdain en consultant son site web.

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