Faire du vieux avec du neuf

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Quand j’écrivais qu’il serait difficile de démêler les partis qui s’affrontent à Québec, surtout pour Démocratie Québec (DQ) et Québec forte et fière (QFF)… on a un bel exemple avec le troisième lien.

Pour ceux qui se demandent pourquoi les deux partis n’ont pas condamné, clairement et simplement, le ridicule projet caquiste, la réponse tient à ceci : ils calculent leurs appuis.

Ainsi, les deux partis ont relativement bien accueilli le projet, mais en émettant des réserves et des questionnements en ce qui concerne le sort de Saint-Roch. Il y a de petites nuances entre les deux, par exemple, DQ favorise surtout un lien de transport collectif uniquement… mais ne rejette pas le projet présenté par la CAQ. Du moins, pas clairement.

Idem pour QFF qui écrit que le plan « apporte des éléments qui semblent répondre positivement » à deux conditions : présence de transport en commun efficace et rapide et un accès au tunnel sur la Rive-Nord respectueux des quartiers avoisinants.

Évidemment, ce n’est pas Marchand qui avance ça, il n’y connait rien. Ce sont donc ses experts politiques qui lui conseillent une position mitoyenne, histoire de ne pas trop se mouiller et de perdre des appuis nécessaires dans les districts de la couronne nord, notamment. Alors, il avance avec ça, en essayant de nous convaincre que ça a du bon sens, mais qu’ils se battront contre l’étalement urbain…

Ben non. Le troisième lien, C’EST un projet d’étalement urbain. Le transport, c’est de la poudre aux yeux.

Rousseau n’ose pas le condamner non plus, il fait le même calcul : il se passera quoi pour moi, au nord de l’autoroute de la Capitale, si je condamne le troisième lien?

Voilà pourquoi je suis toujours persuadé de la nécessité des partis (trois de ceux-ci, sinon même quatre) de se parler, parce que ça les empêche d’assumer des positions courageuses et lucides, plus aptes à servir le bien commun. En étant séparés et aussi faibles, ils font des calculs « petits » et dangereux. 

En réalité, c’est l’heure d’emprunter le chemin le plus responsable, le plus logique, le seul dont les retombées seront positives : développer le transport collectif structurant et dire non à un tunnel qui échouera sur tous les plans : congestion, environnement, aménagement du territoire. Ce sera pire après qu’avant. Et ce n’est pas comme si la science ne nous l’a pas répété 1000 fois. Leur tâche, c’est d’en convaincre les gens.

Conséquemment, faute de leadership compétent et inspirant, on doit se rabattre sur ces petits calculs, pour avoir le plus d’appuis possible.

Ce n’est pas de ça que Québec a besoin. Ça, c’est de la vieille politique, usée à la corde, qu’on nous sert encore, en prétendant incarner le changement et la nouveauté. Or, on peut porter des chaussures de course et tenir un vieux discours. C’est ce qui arrive quand on n’a pas les coudées franches. Et ça, c’est franchement décevant.

Quand je disais que tout n’était qu’une question d’image…

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