Ce que la crise doit nous apprendre

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Le projet de loi 61 sur la relance de l’économie est-il le bon remède? Voyant à quel point la pandémie fait mal, on serait porté à penser que oui. Et c’est ce qui motive le gouvernement Legault : bouger vite pour rattraper, un tant soit peu, le retard. On sait qu’une partie des emplois ne reviendra jamais. Alors, on veut faire le maximum pour que ce soit le moins mauvais possible.

Donc, on se lâche lousse : on veut faire sauter temporairement les garde-fous et mesures dont on dispose pour réfléchir (un peu) avant d’agir.

Quand on parle de faire sauter la réflexion, c’est automatique : je grimace. C’est pas juste un réflexe, il y a un historique derrière nous qui démontre les risques sérieux en économie de la règle du « on fonce tête baissée ». 

Couper court aux consultations, ne pas demander de permission pour exproprier, pour construire, passer outre les règles environnementales… tout ceci donne l’impression d’être dynamique et d’aller vite, or il y a un lourd prix à payer. Une réponse du type 1950 (construire des routes) ne répondra pas parfaitement aux besoins et aux attentes de 2020 et suivantes.

Notamment pour nos villes qui sont nos milieux de vie. 

C’est dans les villes qu’on ressent directement les méfaits du « on est allé un peu vite » : des expropriations inutiles, un secteur naturel perdu à jamais, un potentiel de développement durable gaspillé, une occasion de créer un milieu de vie exceptionnelle sacrifiée… (et là, on parle de gruger nos parcs nationaux…) 

On connaît. Bien sûr, certaines villes l’ont elles-mêmes provoqué. Raison de plus pour réfléchir avant d’agir pour mieux bâtir dans le futur.

Pour cela, il n’est pas nécessaire ni souhaitable d’aller trop vite. Au conseil des ministres, on trouve que les réunions et les critères nous ralentissent? Rendez les discussions et les consultations plus efficaces. On ne manque pas de moyens technologiques pour échanger rapidement…

Vous serez surpris de voir qu’il y en a des gens qui connaissent leurs dossiers, les règles et qui sont bourrés d’idées novatrices et pertinentes.

Et puis, ce n’est pas en passant par-dessus les villes qu’on rendra la politique municipale plus attrayante. Si vous donnez l’impression que les élus ne sont que des pions, il ne faudra pas s’étonner de voir les candidatures (contexte déjà difficile) se raréfier davantage aux élections. 

Aussi, le contexte ne doit pas conduire à plus de concentration du pouvoir. Pas plus, mais mieux. Des mesures exceptionnelles devraient toujours contenir des limites claires et exiger d’être renouvelées par courtes périodes, pour éviter la création de gouvernements tout puissants.

Car, les risques de « surchauffe » sont sérieux. Quand les projets s’entassent, on contrôle moins facilement, les prix montent en flèche, les villes perdent le contrôle et dépendent des entrepreneurs. Ça peut coûter très cher…

Surtout qu’avec les projets sur la table, les circonscriptions qui ont voté « du bon bord » ont plus de projets dans leurs cartons. Ce n’est pas un hasard.

Juste ça, ça justifie de ne pas se lancer tête baissée…

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