Il était une fois dans l’Ouest

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Il est difficile de trouver les mots. C’est mon idéalisme persistant qui s’est encore imaginé que ce n’était pas possible de manipuler des données pour faire semblant d’avoir raison.

Ouais.

Le ministre Bonnardel a néanmoins fait semblant que nous étions tous imbéciles, ayant visiblement plus à cœur son calcul électoral que la raison.

Non. Ici, la vérité, c’est pas une bonne raison.

La récente enquête de déplacements origine-destination n’a pourtant fait que confirmer les arguments de ceux qui s’opposent au troisième lien à l’est. On le savait. C’est encore et toujours à l’Ouest que ça se passe. Ça n’a pas changé.

La majorité des déplacements se font toujours à l’intérieur de l’agglomération de Québec (à plus de 70%). Entre la Rive-Nord et la Rive-Sud transitent un peu moins de 60 000 véhicules. À cela, on ajoute que quotidiennement, près de 230 000 voitures se dirigent vers Sainte-Foy contre seulement 81 000 vers Beauport. La majorité des déplacements à destination de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge proviennent du même arrondissement. Et les trois quarts des déplacements matinaux vers la rive nord se font de l’ouest de Lévis à l’ouest de Québec.

L’ouest. Toujours l’ouest.

En somme, un lien à l’est ne soulagera que temporairement et très légèrement le trafic à l’ouest, puis, en raison du trafic induit, on se retrouvera avec un important bouchon à l’est qu’on n’avait pas avant, sans oublier le bouchon à l’ouest qui aura repris sa taille d’origine.

Un loose-loose, pour dire les choses clairement.

Bref : prenez ça du bord que vous voulez, un troisième lien à l’est ne se justifie d’aucune façon. Pas avec des arguments logiques et rigoureux, s’entend.

Parce que le ministre, lui, persiste dans le délire. Il est prêt à faire «fitter» un carré dans un rond. Il le veut, son trou. Dans le sol, oui. Dans le budget? Ça viendra…

Alors il se permet de jouer avec les faits, d’étirer l’élastique du bon sens, allant jusqu’à agrandir ce qu’il considère comme étant l’est afin de justifier son calcul (Lebourgneuf, pour lui, vous êtes dans l’est).

Faut le faire.

Il tord les chiffres, maquille la carte, court-circuite les étapes d’analyse pour aller plus vite… alors que tous les projets routiers de plus de 100 millions $ sont assujettis à la directive qui prévoit une série d’étapes pour assurer une gestion «rigoureuse» des fonds publics.

Rien que ça.

On pourra ensuite avancer toutes sortes de raisons bidon, le fait est que ça n’a aucun sens et que c’est du gaspillage inacceptable, si tant est que l’on ose vraiment réaliser ce projet.

«Rigueur, rigueur, rigueur!», disait le présentateur Pierre Bruneau, jadis, dans un contexte différent, mais qui me revient à l’occasion à l’esprit.

La raison finira peut-être par revenir. Comme mon idéalisme, qui vient tout juste de se manifester.

Car, on peut bien jouer au cowboy avec les fonds publics, il reste que cette histoire, c’est encore et toujours dans l’ouest qu’elle se déroule.

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