La religion du troisième lien

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)
Fascinante discussion avec un apôtre du troisième lien. Fascinant, dans le sens déprimant du terme.

D’abord, l’apôtre met la table : il clame haut et fort son soutien au troisième lien. «C’est ça que le monde veut.»

Puis, ma réplique : c’est une folie que ne supporte aucun expert, aucune recherche, qui est déjà condamnée d’avance à créer une situation pire après qu’avant par le trafic induit (phénomène reconnu et documenté). On le sait, on l’a vu ailleurs. Qui plus est, ça va créer une pression spéculative à la hausse sur les terres agricoles de la Rive-Sud et favoriser l’étalement urbain à l’est et à l’ouest, à contresens du développement durable et de la densification intelligente.

Bref, le troisième lien, c’est mauvais sur les plans urbanistique, économique, scientifique, environnemental et social.

Avec un aussi piètre bilan, le débat aurait dû en finir là… mais non! Vient alors l’argument massue : la liberté des individus, prétendant même que la tendance mondiale en est là.

Bon.

Quand la personne refuse les arguments dictés par la raison, c’est donc qu’on a affaire à la religion : croire au lieu de voir. Avaler au lieu de vérifier. Prétendre au lieu de comprendre.

C’est grave.

Du même Saint, sans doute, qui nous donne les climatosceptiques, les «scientificosceptiques» ou les «transport-collectivosceptiques» gardent le cap : droit dans le mur! Mais, où est le danger quand on nie l’existence du mur?

«Oui, mais c’est ça que le monde veut!»

Ah bon. Donc, un leader, c’est celui qui suit, pas celui qui inspire. On prend des notes.

Or, on s’attend plutôt des leaders qu’ils indiquent la meilleure marche à suivre, quitte à ce qu’elle secoue un peu les certitudes des religions « auto-nombrilo-centristes ». Surtout que le projet n’a jamais signifié la fin des libertés, mais plutôt l’atteinte des objectifs de la masse : un transport plus efficace, une qualité de vie rehaussée, une meilleure préservation de l’environnement (écologique et santé publique), une planification urbanistique responsable… et une saine utilisation des fonds publics!

C’est cette tendance, axée sur la réduction de la dépendance à l’auto, qui est plutôt dans l’air (plus sain, sans le t). Les villes du monde prises dans le trafic s’ouvrent de plus en plus à la mobilité durable.

Nier la science est franchement irresponsable et fou, pour tout dire. On est dans l’idéologie pure, la religion dure. On est dans les États-Désunis de Trump, en somme. Et ça, ce n’est pas un avenir prometteur pour une société. Dans les faits, quoi qu’on dise, qu’il y ait sept millions de personnes qui affirment que deux et deux font cinq n’y changera absolument rien : ça fera toujours quatre.

Toujours.

Comme on sait que mettre la main sur un poêle allumé brûle, même si on répète avec conviction qu’il n’en est rien, c’est toujours aussi faux.

Ça brûle.

Et une route à laquelle on ajoute des voies… ça se bouche.

Amen.

1 commentaire sur "La religion du troisième lien"

  1. La demande induite est une théorie. Les études précisent que ce n’est pas une règle reproductible et que d’ajouter des routes ou des ponts ailleurs ne va pas nécessairement avoir les mêmes effets observés ou même des effets tout court. C’est pourquoi ça parle toujours de la Californie ou Houston ces temps-ci. En dehors de ça, les études ne sont pas faites ou ne démontrent pas la demande induite. Un exemple contraire est par exemple Phoenix.

    Vous parlez donc clairement d’études que vous n’avez pas lues. Aussi, la théorie de la demande induite est contestée par des chercheurs, mais vous semblez aussi l’ignorer.

    Les experts locaux parlent aussi souvent de quelques années pour avoir de la congestion avec le 3e lien puisque c’est selon eux une règle qui se répète partout alors que l’expérience que nous avons vécu avec le Pont Laporte à partir de 1970 a démontré que ça s’appliquait difficilement à une région comme la nôtre dont la croissance est très modeste.

    Puisqu’on parle de science, trouvez moi une seule étude qui prétend que le transport en commun va freiner l’étalement urbain ou améliorer la congestion. Elles disent le contraire. Comme elles disent qu’un tramway aura une capacité BEAUCOUP trop grande pour une ville comme Québec pour encore un petit bout.

    Donc en terminant, vous ne croyez pas plus à la science qu’à la démocratie. Dans les deux cas, vous allez l’utiliser lorsqu’elle fera votre affaire.

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