Catherine Girard-Audet: La confidente des ados

Catherine Girard-AudetPhoto: Courtoisie

Québec — Originaire de Québec, l’auteure Catherine Girard-Audet comprend bien la jeunesse et elle le lui rend bien avec sa série La Vie compliquée de Léa Olivier. Portrait d’une écrivaine, blogueuse et traductrice encore «ado dans sa tête» qui a vendu plus de 700 000 exemplaires dans le monde.

Par Katia Lavoie

D’où vient cette passion pour la littérature?

Quand j’étais jeune, j’étais exposée aux livres tout le temps. J’avais dix ans lorsque j’ai lu le Journal d’Anne Frank. Je m’évadais dans la lecture. J’aimais aussi beaucoup écrire. Ma vie m’a menée vers l’écriture par un heureux hasard. À l’université, ne sachant pas encore que je voulais devenir auteure même si c’était un rêve, je me suis inscrite en littérature française parce que je savais que ça me tenterait de me rendre à mes cours.

Que voulez-vous dire par heureux hasard?

À 22 ou 23 ans, je n’avais pas encore terminé ma réflexion sur ma carrière et je n’étais pas très bonne en anglais même si j’étudiais à McGill. Après six mois à Vancouver pour le parfaire, mon frère qui travaillait pour Presse Aventure m’a informée qu’ils avaient besoin d’une traductrice pour une nouvelle série jeunesse super populaire aux États-Unis. C’était Bob l’Éponge. J’ai accepté. J’ai eu la piqûre de la traduction littéraire et de la littérature jeunesse. J’ai traduit du Garfield, Dora L’exploratrice et des livres de Walt Disney pendant trois ou quatre ans. En 2007-2008, mon frère a lancé Les Éditions les Malins. Il voyait que j’avais une bonne plume alors il m’a confié le gros projet de L’ABC des filles.

Qu’aimez-vous chez les jeunes auxquels vous consacrez votre carrière?

Leur intensité. C’est une période cruciale dans notre évolution personnelle. J’y repense quand j’écris Léa Olivier. Ces souvenirs sont très proches. C’est tellement beau et d’un autre côté, tellement pénible lors des moments difficiles. Tout est une première fois. On apprend à se connaitre et à s’accepter comme on est. On touche donc à l’essentiel. J’essaie d’ailleurs d’orienter mes lecteurs vers ça. C’est tout à leur honneur de s’assumer comme ils sont dans leurs différences. De mon côté, mon apprentissage a été long et pénible parce que je manquais peut-être un peu de confiance en moi. Je m’identifie beaucoup à eux.

Qui est la Léa Olivier de votre série?

Je l’ai créé en me basant sur ce que j’avais vécu. Maladroite et sensible, elle vit des hauts et des bas, de grandes peines d’amour, des remises en question… Cette série est un peu une quête d’identité. La trame de base est le déracinement de Léa qui doit quitter son village natal et s’installer dans la métropole. Elle sera confrontée à des «nunuches», ces filles populaires qui nous font sentir tout croche. Cependant, elle sera agréablement surprise, car elle réalisera qu’elle est capable de se faire des amis rapidement, de s’adapter et de se reconstruire des points de repère dans une nouvelle ville. Le premier tome est sorti en janvier 2012. Je rédige le 9e qui paraitra en novembre. J’ai écrit un hors série sur l’histoire de sa meilleure amie Marilou qui sortira demain (5 mai).

Parlez-moi de ce nouveau livre?

J’ai demandé à mes fans quel personnage ils aimeraient voir au centre d’un tome et Marilou a gagné. Très différente de Léa, elle a plus confiance en elle et n’a pas la langue dans sa poche. Elle est aussi un peu plus tomboy et caractérielle. Il s’agira d’un tome 0, car le récit se déroule six mois avant le départ de Léa. Ce sera le journal intime de Marilou en fait. L’histoire débute au moment où Léa commence à sortir avec Thomas son premier amour. Lorsque notre meilleure amie a un chum pour la première fois et pas nous, on sent que notre amie nous délaisse un peu. Alors, Marilou commencera à écrire dans son journal intime. On suivra les hauts et les bas de sa vie et donc aussi, les histoires de Léa.

Pourquoi avoir choisi d’écrire la série de Léa dans une forme très actuelle?

Tous les tomes sont écrits sous forme de courriel, de texto ou de «chatte». Dans le tome 1, on suit ses aventures dans ses confidences surtout entre Marilou et elle. Puis, je travaille de la maison et je fonctionne de cette façon. Je réalise généralement mes entrevues par Skype et je fais tout par texto. D’ailleurs, c’est répandu chez les ados. Je ne voulais pas tant les rejoindre, mais ça m’a finalement servi. Les jeunes se sont beaucoup reconnus. Pour celles qui ont un peu plus de difficultés de lecture, je suis allée les chercher parce que c’est très facile à lire, très accessible et aéré comme écriture. Ça m’apparaissait aussi réaliste.

Êtes-vous surprise de votre succès?

Au début, je me suis dit que si j’atteignais 3000 exemplaires, un succès littéraire jeunesse au Québec, je serais contente. J’ai confiance en ma série, mais de là à obtenir ce succès, j’ai été surprise. J’ai plus tendance à le constater au Québec. Mais quand je vois que la file pour mes signatures à la foire de Bruxelles est aussi longue qu’au Salon du livre de Québec, je me pince. Je réalise que Léa a réussi à transcender les continents. Je sais que c’est rare et très éphémère. Il faut en savourer chaque minute. Lorsque Léa sera terminée, je ne m’attendrai pas à avoir ce même succès. Je le dois à mes lectrices. Je pense que ça sera un des plus grands bonheurs dans ma vie avec la naissance de ma fille.

Outre le magazine Cool! et à Vrak TV, avez-vous d’autres projets parallèles?

Léa Olivier a été adaptée en bande dessinée. Le tome 3 sortira bientôt. Je travaille à l’écriture du texte, mais j’ai aussi un scénariste qui adapte mes romans en scénario BD et un illustrateur. Ce sont deux Belges.

En rafale

  • Combien avez-vous écrit de romans jusqu’à maintenant? Je dois être rendue entre 20 et 25 ouvrages de fiction. Je suis en train d’écrire un roman pour adulte. Je ne compte pas l’ABC des filles.
  • Catherine est écrivaine, blogueuse et traductrice. Quoi d’autre? Je suis une nouvelle maman depuis 14 mois. Je suis une passionnée de bonne bouffe, une amoureuse et la plus jeune de quatre enfants.  Je dévore aussi les séries télés.
  • Que représente le Salon du livre de Québec pour vous? J’ai vraiment l’impression que Léa rentre dans son village natal pour signer des livres. C’est la petite Catherine qui rentre au bercail. Dans mon cœur, je souhaiterai toujours le retour des Nordiques. J’avais un poster de Peter Stastny dans ma chambre. Je viens de L’Ancienne-Lorette. D’être en plus invitée d’honneur, quand l’ai su, je me suis un peu pincée. C’est un honneur. Ce n’est pas n’importe quel salon.
  • Quel est le meilleur coup pour Québec au cours des dernières années? Je suis vraiment impressionnée par le Festival d’été de Québec. Depuis que je suis partie il y a 20 ans, il a vraiment pris de l’ampleur tout comme le Salon du livre. En fait, je trouve que tous les évènements culturels ont beaucoup grandi. Ça permet de mettre Québec sur la map et c’est important parce qu’on gagne à la connaitre.
  • Que diriez-vous à la vous, adolescente? Tu apprendras à être mieux dans ta peau et à t’aimer comme tu es. Tout ce que tu crois tes faiblesses deviendront des forces. Toutes tes épreuves se transformeront en expérience qui t’aidera à surmonter celles à venir et devenir de plus en plus forte.
  • Vous écrivez un courrier du cœur. Avez-vous un conseil pour les parents des adolescents? De les écouter. Parfois, on ne sait pas comment exprimer nos émotions. À 12 ans, j’étais un peu physique dans mes émotions. Je claquais la porte. Mais derrière ce claquement, il y a avait un mal d’être. Juste de savoir qu’on est là pour nos jeunes, ça peut tellement donner un coup de pouce. Aimer et être là inconditionnellement les aideront à traverser des épreuves.

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