Entre puissance et humilité 

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

C’est fait, c’est clair. Bruno Marchand ne se faufile pas comme la dernière fois: il a un mandat très fort.

Il y a des avantages à ça et des enjeux.

Une chronique de David Lemelin

D’abord, c’est idéal pour lui et pour le tramway. Oui, autant vous y faire: y’aura un tramway. Idéal, donc, surtout dans les 12 prochains mois avec un premier ministre qui a les deux genoux au sol, voire même une de ses mains. On a rarement vu un pm aussi faible avec un maire en position de force aussi évidente : ça va profiter à la Ville de Québec, c’est incontestable. Legault n’aura plus ce ton de baveux qu’il avait quand il a retiré le projet de tramway des mains de Marchand. C’est fini et le maire peut savourer une douce et puissante vengeance.

L’effet pervers, c’est l’écoute. Marchand a dit accueillir cet appui fort avec humilité… mais, comme disait Deschamps : « m’a le croire quand m’a le voir ». Il a eu tendance à user de cette inutile arrogance qu’on connaissait chez Labeaume et dont on voulait se débarrasser. Souhaitons qu’il puisse profiter de sa force avec humilité, ce serait bon pour tous et ça lui donnera un recul appaisant.

Cette humilité vient de ceci: c’est le système électoral qui donne à Marchand sa puissance, pas ses résultats en chiffres absolus. De fait, 104 000 personnes ont voté pour lui, 106 000 n’ont pas voté pour lui… avec un taux de participation à 51%. Ça veut dire qu’il a seulement le quart des électeurs avec lui. C’est peu. Ça commande donc, en effet, une dose d’humilité.

Pour l’opposition, ce sera difficile. Lachance fera face à un maire qui a 4 ans d’exercice dans le corps, alors que lui fera ses classes. Il essaiera d’être baveux, probablement, pour qu’on le remarque, mais ce sera inutile, car son mandat, lui, n’est pas très fort. 

Sam Hamad, pour sa part, avait promis de redonner un leadership fort à Québec : c’est fait. En s’écrasant ainsi, en divisant le vote et en poussant les électeurs dans les bras de Marchand, il a effectivement donné à Québec un leadership puissant dans les mains du maire sortant. Beau boulot! Reste qu’on a rarement vu quelqu’un s’écraser au ralenti avec autant d’efficacité…

Enfin, j’ai une pensée pour tous les candidats. Merci d’avoir eu le courage, oui le courage, de vous présenter, dans un contexte aussi difficile sur le plan personnel. Vous faites vivre la démocratie et ça, c’est magnifique. J’ai une pensée particulière pour Claude Villeneuve et Jackie Smith dont les formations politiques ont été balayées. C’est très cruel, la politique. C’est brutal.

Ça ne vous consolera pas, mais vous pouvez quitter la tête haute. Vous n’avez pas versé dans l’insulte et le salissage. Vous avez proposé des idées, voulu faire avancer notre ville. C’est noble, c’est beau, même dans ce contexte cruel. Il faut vous rendre hommage en cela.

Et quant aux nouveaux élus, je vous souhaite beaucoup de succès. Plus vous en aurez, mieux ce sera pour tous les citoyens.

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