Demain je serai personne au Premier Acte : une autofiction radicale sur l’identité

L'autrice et interprète Sarya Bazin dans la pièce Demain, je serai personne, au théâtre Premier Acte, du 30 septembre au 18 octobre 2025. Crédits photo: David Mendoza Helaine.

Premier Acte ouvre sa saison avec Demain je serai personne, un solo percutant signé et interprété par Sarya Bazin. Mise en scène par Philippe Soldevila, la pièce explore avec humour et lucidité les pièges de l’identité et le besoin viscéral d’appartenance.

Dans ce spectacle, on suit Arya, une jeune femme dont l’incapacité à « être, juste fucking être » l’a menée à commettre un geste inacceptable. Le récit, décliné en trois temporalités qui s’entrecroisent, dévoile ses pensées en cascade. Entre causticité et vulnérabilité, Arya entraîne le public dans une quête radicale : faire exploser les cadres de l’identité.

Déconstruire l’identité imposée

La pièce s’attaque aux préjugés et aux biais qui construisent « l’autre », surtout quand son apparence ne correspond pas au cliché du « Québécois pur laine ». Elle questionne l’obsession de demander « d’où viens-tu », reflet d’une volonté de classer les gens dans des cases. Arya répète qu’elle ne sait pas qui elle est. Pour elle, l’identité n’est qu’un mensonge collectif, un mécanisme de gaslighting social.

Le texte est traversé de références à l’actualité : George Floyd, Joyce Echaquan, Nooran Rezayi, abattu récemment par un policier. « On est même pas capable d’assumer qu’on est un projet colonial qui a fonctionné », lâche-t-elle en parlant du Canada. Le propos flirte parfois avec la diatribe anticapitaliste, mais l’objectif est moins de convaincre que de gratter le vernis des discours et d’en révéler la vacuité.

La mise en scène mise sur le rythme et l’humour. Les trois temporalités s’enchaînent avec fluidité, portées par des jeux de lumière et des arrêts brutaux. La scénographie de Jeanne Murdock frappe par son dépouillement : un sol cendreux, fait de cercles mal lavés, bordé de pages calcinées. Une image forte, qui évoque la combustion des récits identitaires.

Malgré la gravité du propos, le spectacle fait rire. Les attaques frontales contre les chroniqueurs haineux déclenchent des éclats de rire dans la salle. Les mimiques de l’actrice fissurent la tension. Le corps de Sarya Bazin, tour à tour tendu, épuisé ou relâché, porte la charge d’un texte dense et habité.

Avec Demain je serai personne, Premier Acte donne le ton à sa saison : un théâtre à la fois politique et intime, qui interroge sans relâche. La question résonne encore en sortant de la salle : Qui es-tu?

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