Une initiative communautaire et éducative à l’école Saint-Jean-Baptiste

Depuis trois semaines, des élèves de l’école Saint-Jean-Baptiste prennent part, chaque mercredi après-midi, à des ateliers de cuisine pour développer leurs habiletés tout en contribuant à une bonne cause.

Par Alexandre Morin 

Qui a dit que l’école, c’était seulement pour le français, les mathématiques et l’histoire?
À l’école primaire Saint-Jean-Baptiste, on troque les matières traditionnelles le mercredi après-midi pour permettre aux élèves de développer d’autres habiletés que celles enseignées en classe, comme le vélo, les arts plastiques, la natation ou encore la cuisine.

Parmi les activités proposées, on retrouve notamment des ateliers culinaires réalisés en collaboration avec Mobilisation Haute-Ville, les AmiEs de la Terre de Québec et l’école, dans le cadre du projet « Sauve ta bouffe ». Les 18 élèves ayant choisi cette activité y préparent divers plats destinés à garnir le Frigo-partage installé sur le parvis de l’église voisine.

Des jeunes de 5e et 6e année, en équipe, se voient assigner une recette qu’ils réalisent avec l’aide de bénévoles et du personnel du service de garde, tout en étant sensibilisés aux enjeux sociaux liés à la lutte contre le gaspillage et à l’insécurité alimentaire.

« Dans le fond, c’est un autre enseignement aussi important que l’enseignement traditionnel », explique Marie-Pier, qui travaille à l’école depuis 13 ans.

« C’est d’apprendre les manières de fonctionner dans la société », ajoute-t-elle, soulignant qu’au-delà de la cuisine, les jeunes apprennent à travailler en équipe, à être autonomes et à se responsabiliser, notamment en faisant la vaisselle et en entretenant la cuisine.

C’est l’aspect social et de sensibilisation qui la touche particulièrement dans cette initiative.

« C’est ça qui est beau, on met les repas dans le [Frigo-partage], puis les élèves sont fiers de ce qu’ils ont fait […] Une heure, une heure trente après, tous les plats sont partis. Les élèves prennent vraiment conscience de l’impact du geste », exprime-t-elle.

Les denrées utilisées pour cuisiner proviennent de Raton Provisions et de la Société de Saint-Vincent de Paul, deux organismes engagés dans la lutte contre le gaspillage alimentaire — un enjeu auquel les jeunes sont également sensibilisés. Les ateliers de cuisine, mis en œuvre par les AmiEs de la Terre, mettent à profit des aliments rejetés par l’industrie. 

« [Raton Provisions], eux autres, ils récupèrent dans l’industrie des aliments déclassés, qui ne peuvent pas être vendus parce qu’ils sont trop petits, trop gros, ou tout simplement moches. Donc nous, on les récupère et on cuisine ça avec les enfants aujourd’hui pour aller les porter dans le Frigo-partage », explique la coordonnatrice du projet, Gabrielle Dessureault.

Pour bien comprendre, les aliments ont été déclassés, mais non jetés : ils ne proviennent donc pas des ordures.

D’autres volets enrichissent ce projet collaboratif. Dans le cadre de l’initiative, les élèves ont visité une soupe populaire afin de mieux comprendre le fonctionnement de ce type de cuisine. Ce mercredi, des personnes âgées ont également pris part aux activités à titre de bénévoles, ajoutant ainsi une dimension intergénérationnelle.

« C’est de sensibiliser les jeunes au gaspillage alimentaire, lutter contre le gaspillage alimentaire, lutter contre l’insécurité alimentaire aussi en remplissant le frigo, travailler sur les compétences et les connaissances des jeunes en matière de cuisine, puis de s’impliquer dans sa communauté », résume Alex Janelle, chargé de projet chez Mobilisation Haute-Ville, en exposant les principaux objectifs du projet.

Cette initiative, qui se poursuivra jusqu’au 18 juin, illustre bien comment l’école peut devenir un lieu d’apprentissage différent, ancré dans la réalité sociale. En intégrant des enjeux comme la solidarité, la lutte au gaspillage et le développement de compétences concrètes, le projet dépasse les cadres traditionnels de l’enseignement. À travers ces ateliers, les élèves découvrent qu’apprendre peut aussi vouloir dire cuisiner, partager et s’engager dans leur communauté. Une éducation à échelle humaine, tournée vers l’autre.

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