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Le Port de Québec : un atout stratégique en temps de guerre commerciale 

Photo : Philippe Moussette

Le Port de Québec joue un rôle clé dans l’économie de la grande région de Québec et constitue un pilier essentiel de la chaîne d’approvisionnement.

Dans le contexte d’un conflit commercial avec notre voisin du Sud, Leandro C. Coelho, professeur titulaire au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval, a accepté de nous accorder une entrevue au Carrefour pour expliquer l’importance du port et le potentiel du fleuve Saint-Laurent.

Par Alexandre Morin 

Au-delà de son rôle dans la chaîne logistique du nickel, avec Glencore comme l’un de ses opérateurs, le Port de Québec est avant tout un port de transbordement axé sur le commerce de commodités.

« C’est avant tout un port de transbordement de commodités, notamment pour l’alimentation, avec des produits comme les grains, le sucre, les céréales et le chocolat. […] Il s’agit de transbordement, donc ce n’est pas uniquement destiné à notre consommation », explique le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en logistique intégrée.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en plus de ses activités d’exportation et d’importation, le port de Québec facilite l’acheminement des marchandises vers les Grands Lacs grâce au transfert de cargaisons entre navires. 

« À Québec, nous sommes le dernier port en eau profonde du Saint-Laurent […] c’est une grande force que le port de Québec a. »

Leandro C. Coelho, professeur titulaire au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval

Dernier port en eau profonde sur le Saint-Laurent, sa position stratégique permet à de nombreux navires d’y faire escale pour assurer la liaison entre le marché des Grands Lacs, le Midwest américain et le reste du monde.

« Il y a beaucoup de gros navires qui viennent jusqu’à Québec, parce qu’ici, nous avons de l’eau profonde, donc on peut accueillir des navires de 100 000 tonnes. Ces navires ne peuvent pas continuer sur le Saint-Laurent, mais la marchandise doit se rendre jusqu’aux Grands Lacs. Il y a donc 100 000 tonnes qui arrivent à Québec, qui débarquent et qui embarquent dans trois autres navires qui continuent [sur le Saint-Laurent] », explique le professeur.

« Dans ces cas-là, il n’y a pas de marchandise qui reste à Québec, mais l’activité économique se fait ici […] ça crée de l’emploi, ça crée de la richesse », ajoute-t-il.

Guerre commerciale 

Si le port de Québec est un atout économique face à la menace des tarifs américains, la concurrence des autres ports de la côte Est reste un défi. Malgré ces risques, il représente une opportunité clé pour diversifier les marchés.

« Si les navires et les opérateurs décident de venir ici, c’est que c’est avantageux pour eux », tempère M. Coelho, expliquant que le Port de Québec bénéficie d’atouts qui le protègent en partie de la concurrence, notamment celle des autres ports de la côte Est américaine.

Selon lui, le Port possède le leadership nécessaire pour contribuer à la diversification des marchés, notamment en renforçant les échanges de marchandises avec l’Europe.

« Il [Port de Québec] doit continuer à jouer le rôle de rassembleur, de rassembler les entreprises pour trouver de nouveaux marchés », explique-t-il.

« Il peut utiliser ce leadership-là pour ouvrir les portes de l’Europe ou d’autres marchés ». 

« Le Port peut jouer un rôle de leadership, être présent auprès des chambres de commerce, des chambres d’industrie, des grandes industries et des parcs industriels […] il participe au dynamisme de notre ville et de notre région ».

Leandro C. Coelho, professeur titulaire au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval

L’organisation jouera nécessairement un rôle clé pour soutenir les entreprises dans le développement de liens entrepreneuriaux en Europe.

Terminal de conteneurs 

Pour cet expert en opérations, l’implantation d’un terminal de conteneurs dans le port comme proposé par QSL offrirait des avantages majeurs pour la chaîne d’approvisionnement et l’économie de la région. 

« Nous avons la possibilité d’accueillir des navires plus grands que Montréal […] l’avantage pour la chaîne d’approvisionnement est là nécessairement, mais il y a d’autres enjeux bien sûr », explique-t-il, soulignant que la capacité d’accueillir de plus gros navires permet de réduire les coûts grâce aux économies d’échelle.

La présence d’un terminal de conteneurs entraînerait inévitablement la création d’une grappe d’entreprises autour, générant un effet d’attraction économique.

« Il va y avoir énormément de centres de distribution, d’entrepôts […] un terminal de conteneurs, c’est un échelon important d’une chaîne d’approvisionnement. Là où il s’installe, il amène du développement économique », explique le professeur.

« Le transport maritime, c’est le moteur du commerce international ».

Leandro C. Coelho, professeur titulaire au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval
Vue aérienne du port de Québec.

Enjeux environnementaux

La protection de l’environnement et l’importance de ces enjeux représentent une contrainte pour le développement du Port, tout en étant essentielles, selon l’expert.

« Les contraintes environnementales sont là pour une raison, il faut les respecter. Ça ne sert à rien d’avoir un boom économique mais de ne plus avoir une ville dans 50 ans », exprime-t-il.

« Parfois, puis c’est ça qui s’est passé avec Laurentia, on a laissé passer quelque chose qui aurait été très bien économiquement », ajoute-t-il, illustrant que, bien qu’indispensables, les considérations environnementales peuvent freiner le développement des activités portuaires à Québec.

« Le Port est très présent avec la société et la population ». 

Leandro C. Coelho, professeur titulaire au Département d’opérations et systèmes de décision de l’Université Laval

Le fleuve Saint-Laurent, une carte dans la poche arrière du Canada

Le professeur rappelle que lorsqu’un navire arrive de l’Atlantique, un pilote canadien, membre d’une des corporations du fleuve Saint-Laurent, en prend le contrôle afin d’assurer sa navigation en toute sécurité sur le fleuve.

Si les conflits commerciaux avec les États-Unis devaient s’étirer et s’aggraver, l’expert souligne que le Canada dispose toujours, en cas de force majeure, de mesures de pression pouvant être appliquées aux navires à destination des Grands Lacs.

Il laisse entendre qu’il pourrait, par exemple, y avoir des délais plus longs avant qu’un pilote prenne le contrôle d’un navire américain, ce qui ralentirait la navigation en attendant aux Escoumins.

L’imposition de frais d’accès pour les navires à destination du Michigan, entre autres, pourrait également être envisagée.

« Si tu veux jeter les gants, on peut le faire », explique-t-il, tout en soulignant que de telles mesures pourraient entraîner de fortes répliques des États-Unis et ne devraient être utilisées qu’en dernier recours.

Face aux tensions commerciales et aux défis économiques, le Port de Québec représente un atout clé pour ajuster la stratégie économique du Canada. En misant sur son rôle de transbordement, son positionnement stratégique et son potentiel de diversification des marchés, il peut jouer un rôle crucial dans la réponse économique à ces nouvelles réalités.

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1 commentaire sur "Le Port de Québec : un atout stratégique en temps de guerre commerciale "

  1. Encore faut-il que l’employeur respecte ses employés.
    Les débardeurs de Québec ont été mis en lock out il y a maintenant 2 ans et demi.
    81 familles dont la principale source de revenu reste dans les poches d’une entreprise sans scrupule, totalement irrespectueuse qui se permet l’utilisation de « Scabs » au lieu de s’assoir à une table de négociation pour soigner les êtres humains ainsi que leur famille qui se dévouent pour eux via des conditions de travail descentes. Laissons les milliards dans les poches des milliardaires et essayons encore de diminuer les coûts d’opérations sur le dos des travailleurs.

  2. L’entreprise Chinoise derrière le Projet Laurentia est la même qui se fait actuellement expulser de ses propriétés portuaires du canal de Panama par le président des États-Unis Donald Trump. On peut imaginer la fureur de ce dernier envers le Québec si la porte d’entrée de la très stratégique route de transport maritime de l’Océan Atlantique au Midwest Américain fut aujourd’hui contrôlée par des intérêts Chinois. Info: http://www.gensdebaignade.org/documents/Laurentia_revue_presse_edition_finale_mars_2022.pdf

  3. Le port de Québec est complètement enclavé dans le tissu urbain de ville. Le développement de nouvelles activités ne peut s’y faire qu’au détriment de la qualité de vie des quartiers environnants, un milieu déjà saturé de pollution et de circulation routière.
    Aussi, des firmes reconnues comme Tecsult, Secor, KPMG et autres ont mesuré le poids économique du Port; leur calcul indique que l’ensemble des activités de transbordement portuaire ne représente qu’entre 0,52 et 0,64 % du PIB de la grande région métropolitaine de Québec, alors que les administrations publiques représenteraient autour de 17 % à elles seules. L’implantation d’un terminal de conteneurs ne peut avoir qu’un impact très marginal sur notre économie, malgré ce que ses promoteurs comme M. Coelho veulent nous faire croire. Non, le port de Québec n’est pas un moteur économique de notre région.

  4. J’invite cordialement M. le professeur Coelho à un déjeuner d’affaires dans un bon bistro de Limoilou. Je suis persuadé que nous allons nous entendre fort bien. De retour devant sa classe à l’Université Laval, ce brave homme en aura long à raconter à ses étudiants dont il deviendrait bien sûr le héros, étant revenu sain et sauf d’une courageuse expédition en terre lointaine encore peu explorée.
    Hors-d’œuvre : https://drive.google.com/file/d/1ZjIXbhKlLz3Ipnx2Oh_lwDu0it73m-sD/view

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